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    AVEC LE COEUR (34)

     

                                                    © L'oeil du Krop

    * d'anges

     

    Je ne me souviens plus dans quel film on voit Fernandel, bossu, chantonner à quelqu'un qui critique son défaut physique : Les petite bossus/ Sont des petits anges/ Qui cachent leurs ailes/ Sous leur pardessus. 
    Je ne sais plus pourquoi je m'en souviens.

    Sans croire en rien de religieux dans ce domaine, je me suis longtemps intéressée aux anges, ou plutôt ils m'intriguaient. C'est passé, un peu, mais je trouve toujours ça beau et émouvant, un ange. Et puis cette façon d'être mi-humain, mi-oiseau, il y a de quoi faire voler l'imaginaire.

    D'ailleurs, l'ange est à la mode, ailes pailletées dans le dos sur le t-shirt des filles. Et même, sur écran, partageant la table avec des diablotins pour faire la pub de la viande de boeuf ...
    À un moment donné, j'étais suivie par une doctoresse étrange qui me parlait des anges et distribuait à qui voulait des prières où on les invoquait. Un jour, un seul jour, j'ai fait chez elle une séance de luminothérapie : il y avait une musique céleste, une lumière blanche et douce, et j'étais censée me détendre quelques moments. J'ai flippé : pendant un instant, je me suis sentie partir dans un état d'esprit, comment dire, évanescent, flottant...je n'ai jamais recommencé...

    Il y a de cela quelques années, après la mort du père, trois ans après celle de ma mère, nous roulions l'un derrière l'autre, mon frère et moi, pour emmener donner la voiture familiale à quelqu'un ... J'étais émue, remuée par la semaine d'avant où nous avions dû nous immerger dans les souvenirs de toute une vie. J'ai soudain senti quelque chose, comment dire autrement que "des ondes de protection". Au risque de paraître folle, de perdre toute crédibilité auprès de vous qui me lisez, et même si j'ai moi-même du mal à croire ce que je raconte, et à l'écrire, je jure que j'ai, sans l'avoir décidé,  brusquement rentré mon épaule gauche, pour éviter qu'une aile ne me heurte. Et j'ai su que c'était ma mère. Un ange passait.
    Jamais je ne saurai ce qui s'est passé dans mon coeur, dans ma tête, dans mes neurones à ce moment-là. Peut-être est-ce, comme la lumière blanche que voient les gens qui côtoient la mort, une réaction chimique auto-programmée du cerveau, que sais-je ? Sans doute. Mais ça m'est arrivé. Réellement. Et ça m'a fait, sur le moment, un bien fou. Je me suis mise à pleurer. Et je me suis sentie envahie d'un apaisement étale.
    Je pense à ça aujourd'hui, parce que c'est l'anniversaire de ma mère absente.

     


    Léontine Superfly, Tous des anges
    (reprise-murmure d'une chanson de Zazie)

     


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