AVEC LE TEMPS (49), AVEC LE COEUR (48)

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   (Alan Parsons, Beginnings)

Il était sept heures. Matin blême, froid, mais sans neige. C'était un 1er janvier et c'est ce tiraillement au ventre qui m'a réveillée. J'ai mis ma robe rouge, celle qui a un col claudine, je me suis dit que peut-être ce pouvait être ça, mais je n'en étais pas sûre. Nous y sommes allés quand même et ils m'ont gardée. J'étais venue en badaude, les mains dans les poches, encore loin de la réalité. Et tu es née quelques heures plus tard. Gasp ! Trente ans déjà : Bon anniversaire, Léonie !

Bonne année à toi, c'est important 30 ans, la fin de certains brouillons de soi-même, et le début de la vraie vie, en tout cas ce le fut pour moi, l'âge où la peur commence à s'effacer, où la parole s'ouvre, où l'on se sent une personne à part entière et non plus le prolongement d'autres. Je le sais bien que chaque expérience est particulière, mais je dis ça parce que si on souffre de vieillir, très tôt parfois, c'est parce qu'on n'imagine jamais à quel point la vie est imprévisible et belle, même si des malheurs nous attendent en même temps que des bonheurs.

Et bonne année à vous qui passerez par là, avec cette photo importante pour moi : c'était il y a douze ans maintenant. Je marchais dans les couloirs du métro, station Place des fêtes, et je suis tombée sur cette affiche lacérée. Avant ce jour, je crois bien que je ne les regardais pas. Là, j'ai été saisie par la beauté de l'image, par l'espoir qu'elle suscitait en moi, à cause de ce sourire des personnes, peut-être à cause de cette tache de rose lumineux aussi. J'ai été, comment dire, transportée, je ne vois pas d'autre mot. Je suis sortie du métro et suis allée acheter un appareil photo jetable. Redescendue j'ai pris et gardé cette image, première d'une longue série, déclic, c'est le cas de le dire, d'un regard ultérieur.

Que cette année qui commence soit pour vous, et pour tous les êtres de bonne volonté, une année porteuse de sourire, de bien-être, de force et d'espoir !