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           Regarder filer la liberté

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    AVEC LES YEUX (145)

                                                                               © L'oeil du Krop

     

    Cette phrase que j'ai utilisée, décalée,  pour le titre, me donne envie de dire deux mots sur ce terme : liberté, dont je n'ai jamais compris le sens tant il est assujetti au contexte, à l'époque, aux autres, surtout aux autres. Sujet épineux en ces temps où on parle de liberté d'expression, dont les limites sont fixées par la loi mais pas comprises ou reconnues, voire contestées. Dans un cadre privé, même si on a coutume de dire que notre liberté s'arrête où commence celle des autres, comment la mesurer abstraitement et objectivement ?
    J'ai toujours gardé en tête une citation inscrite à un tableau noir (dans un film des années soixante-dix dont on parla beaucoup et qui relatait le suicide -d'après une histoire réelle- d'une enseignante -Gabrielle Russier- à la suite de ses amours contrariées et désespérées avec un de ses élèves : Mourir d'aimer). Cette phrase : "La liberté est un état d'esprit" (c'est de Paul Valéry)  me mettait en rage. Je me disais : allez donc dire ça à un mec qu'on enferme et bien plus, que ce qui compte c'est le mental, expliquez-lui, je me disais ; facile de philosopher sur la liberté quand ce sont des mots ... "Diego, libre dans sa tête ..." comme chantait Michel Berger ?

    En parallèle à cette phrase-là, j'ai toujours présents en moi, depuis longtemps -je les utilise sur un ton moqueur, provocateur et décalé- les mots écrits par Rimbaud dans Une saison en enfer, "je suis de la race de ceux qui chantaient dans les supplices" ... je me dis que ces âmes fortes-là, oui, qui chantent quoi qu'on leur fasse, dépassent l'emprisonnement, et doivent sans doute donner aux bourreaux d'en face le sentiment, dans leur dépassement, dans leur formidable pied-de-nez digne et hors de situation, qu'ils sont libres.

    Vous vous en souvenez, vous, du film de Cayatte
    (c'était avec Annie Girardot et Bruno Pradal) ? Il y avait une scène où on posait un 33t sur un électrophone (j'ai l'impression de parler d'un truc qui a des siècles), et une chanson qui tournait, en espagnol, dont j'aimais beaucoup la mélodie. Je l'ai retrouvée avec un peu de mal, et dans mon souvenir c'était plus lent, mais peut-être cela vous dira-t'il quelque chose (en tout cas aux ancêtres de mon acabit) ... Le lien (pas réussi à emprunter cette chanson) est ici.

    (Je terminais ce billet quand j'appris qu'un attentat* avait eu lieu à Copenhague. Un mort, trois blessés, les mêmes intentions de l'assassin -enfui- dans un centre culturel, le même contexte de liberté d'expression, avec un dessinateur visé, Lars Vilks. Je finirai par être désemparée, je le suis déjà, et haineuse. Les enragés veulent gouverner le monde. Je voudrais tant être loin de tout ça, mais où ? Une fois de plus, je pense avec tristesse à tou-te-s celles/ceux qu'on tue par fanatisme soi-disant religieux. Aux autres aussi. Et à la fragilité du souffle de la vie).
    (* en fait, deux attentats, deux morts et cinq blessés, apprend-on quelques heures plus tard)

    Bonne journée à vous, malgré tout.

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    AVEC LES YEUX (145), AVEC LA TÊTE(22)

                                                                                  © L'oeil du Krop

     


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