• Profession de foi

     

    Sans repères

     

    C'est le dix-huit juin. Il fut un temps où cela se rappelait à l'esprit des hommes : ce jour en dix-neuf-cent-quarante, De Gaulle, de Londres, enjoint à continuer la lutte contre les nazis. Il pense aussi, et le dit, que la guerre sera mondiale. Déjà en quatorze, c'aurait dû être la der des der, de guerre.  De la suivante, on di(sai)t deuxième ou seconde, selon, peut-être, que dans ce cas, on est/était optimiste, à moins qu'on ait voulu utiliser la méthode Coué, puisque là aussi, ç'aurait dû être la dernière. La guerre suivante est toujours la dernière. Avant la suivante. Aujourd'hui le monde est en guerre, partout, à cause de la barbarie, du pouvoir et de l'argent. L'être humain n'est plus qu'un outil à tuer ou à mourir, potentiellement. Auparavant, la guerre était propre, entendez par là, délimitée, circonscrite ; sur le terrain. Aujourd'hui la guerre est partout, larvée, invisible. La mort est tellement au coin de la rue que ce fléau-là nous devient banal : des nouveaux coups de faux mortifère on parle comme si c'était quelque chose qui s'ajoute aux précédents sans qu'on n'y puisse rien faire. Je suis restée deux trois jours hors de toute info politique et en ouvrant ensuite par hasard la télé je tombe sur deux hommages. Deux de plus. On vit comme à Beyrouth ou toute autre ville où tout le monde est obligé de faire avec, comme si c'était la vraie vie, normale, quotidienne. Et c'est ce que je vais faire : je vais continuer à vivre en ne sachant rien ou le moins possible ; en ignorant le danger parce que c'est ça qu'ils veulent, tous ces bâtons merdeux, nous assujettir à la peur et nous empêcher de vivre même quand ils ne sont pas à proximité. Basta ! Je parlerai de tout ça le moins possible, ou pas -pardon pour aujourd'hui, l'exception- ; ça aussi (comme devraient l'être les religions) restera dans la sphère du privé, ma compassion et ma lutte resteront en dehors d'ici -j'espère pouvoir le faire, mais je n'en suis pas sûre- et en tout cas tant qu'une goutte de sang restera en moi, je serai à jamais tournée vers ceux que j'aime ; et vers ce que j'aime et qui est au-delà de la vie même : les éléments de la nature et l'art, l'ART, la beauté simple ou qu'on sent comme telle, ou celle, plus complexe, qui fait réfléchir et se sentir autre chose qu'une boule de haine et de désespoir ; l'art, au sens très large, qui donne l'impression d'être intelligent, et qui fait qu'on se sent EXISTER.

     

    Sans repères

                                                   ©hanger les ©ouleurs  par L'oeil du Krop


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