• Le parti pris des choses

     

       J'emprunte l'expression à Ponge, et tant pis si c'était dans un autre sens, c'est ce qui me vient en tête, que la vie, c'est prendre son parti des choses qui arrivent, qui passent. La vie, c'est s'adapter au malheur, au bonheur. Toujours un peu de noir dans le blanc, toujours un peu de blanc dans le noir. La vie est double, on peut toujours y voir un peu de positif ou de négatif. Et on doit sans cesse s'attendre au hasard, inattendu par définition, in-entendu (inouï), in-vu, imprévisible ; on doit toujours s'attendre au pire et au meilleur. Selon les jours, on ne verra que cette fissure en écaille, noire, là, qui défigurera le visage d'un instant pourtant serein ; à d'autres moments, la faible lueur d'or éclairant à peine la rue qui nous enferme semblera un instant de grâce.

     

     

     Feu rouge
                                                                                                      

     

    La vie est un flux de lueurs qui passent et d'ombres qui filent ; épaisses, fulgurantes, irrémédiables ou légères. On aurait envie de s'extraire, de ne plus regarder que le bleu, de ne plus parler dans le vide. Mais il y a une force qui entraine et nous fait avancer. Irréversible. Sinon ce n'est vraiment pas la peine. L'âge avance, le temps nous courbe un peu, l'accumulation des souvenirs et des projets nous fait pencher la tête. On voudrait que nous gouvernent la légèreté, l'apesanteur. On voudrait voler. Ne plus penser à rien. Comme si on était libre. Et ne plus voir que les reflets d'or, rien d'autre que les reflets d'or.

     

    Feu rouge

     

     

     

     Yves Simon, Qu'est-ce que sera demain ?

     

    Photos © L'oeil du Krop ; cliquez si vous voulez que s'ouvrent les lueurs ...

     


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