• Au sud (4)

     

    Terminer mon récit imagé par quelques vues encore, de ci de là, intérieur, extérieur, Fréjus, Saint-Raph, maisons, quartier, mer, montagne, brouillard, soleil, vent, rires, sourires, balades, repos, jardin, animaux et tutti quanti, le tout en vrac, comme un kaléidoscope de pépites vacancières.

     

    Au bout de la côte

    Ces chaises, cette table, restent pour moi une image symbolique de chez eux, puisque dans ma tête elles sont la jonction de leurs deux maisons, la passée, et celle d'aujourd'hui. Endroit clair, ensoleillé, propre ... J'ai pensé au film L'effrontée, quand Charlotte G. dit, à un moment, quelque chose du style : Comme ça doit être facile de vivre dans un endroit comme ça. Entendez net, bien rangé. Plane. J'adore ce mot, plane, je l'emploie souvent je crois. Un mot qui inspire la quiétude intérieure.

     

    Au bout de la côte

    J'aurais voulu pouvoir rester longtemps sur la si grande terrasse silencieuse, à l'abri de tout -j'aime le sentiment de protection- mais malheureusement encore trop fraîche le matin et le soir, et vite brûlante, déjà, une partie de la journée. Les différences de température m'ont beaucoup étonnée, là-bas. Il paraît que dans le désert les nuits sont glacées ! Alors une nuit j'ai pensé au désert, tandis que j'ajoutais une couverture sur le lit, grelottant et riant à la fois. Avant de descendre, je pensais qu'on n'avait jamais froid, en bas ; on se fait des idées sur tout ; ma tête est pleine de clichés...

     

    Au bout de la côte

    L'île d'or. Je crois bien que tu m'as dit, Sudiste, qu'Hergé s'était servi de cet endroit comme modèle dans une de ses bédés : est-ce que je me trompe dans mes souvenirs ? J'ai bien aimé qu'au milieu des galets -porphyre bleu-gris- une figurante involontaire se soit glissée dans ma photo avec les mêmes couleurs.

     

    Au bout de la côte

    Un soir de balade, nous nous sommes retrouvés, évènement exceptionnel paraît-il, dans un brouillard épais, qui magnifiait les contours, ou les faisait disparaître, ou les deux. Je n'ai retenu que cette vue aujourd'hui, avec ce symbole d'un endroit lui-même opaque, à mon sens, que ce temple du jeu et de l'argent comme s'il s'éloignait du regard ... on s'invente des symboles. Vous savez comme j'aime le brouillard, la brume et les belles histoires qu'ils génèrent. J'ai aimé ces instants flottés, le silence mystérieux, les gouttes épaisses comme des larmes qui tombaient des arbres sur nos visages qui se mettaient à pleurer, du coup, sans le vouloir ; j'ai aimé la brillance humide des lumières.

     

    Au bout de la côte

    Dans un billet récent, j'ai évoqué le changement végétal qui préfigure le changement géographique : ce n'est pas quelque chose de flagrant que la différence, en France, des paysages qui se succèdent, mais là, si. En promenade dans leur joli quartier de ville calme -et quel joli nom que cette adresse : avenue du Serpolet, même s'il y a plus d'écureuils que de lapins- la végétation était non pas luxuriante, mais, comment dire, exotique, spécifique, et les maisons itou, du coup, au milieu des grandes plantes méditerranéennes, des arbres qui les entouraient.

     

     

    Au bout de la côte

    Parfois, les photos ratées, on peut les aimer : c'est le cas, pour moi, de cette image floue, croppée, d'un crépuscule du port du Fréjus moderne : j'aime l'atmosphère rêveuse que donne cet à-peu-près, j'aime son approximation, son lieu intemporel, et j'aime, plus que tout, ce crépuscule aux doigts de rose qui m'enchante.

     

    Au bout de la côte

    Fascinants bois échoués qui semblent souffrir comme des animaux blessés. Des animaux échoués sur le sable, entre tortue et lézard géants, avec une part d'ombre qui ressemble à un visage, à un humain ?

     

    Au bout de la côte

    Et cet autre, assimilé par mon imagination au monstre du Loch Ness échoué, là encore, après épuisement, le corps abîmé, attaqué peut-être, comme si la mer l'avait usé jusqu'au sang.

     

    Au bout de la côte

    Pourquoi les oiseaux préfèrent-ils les lampadaires aux arbres ? Plus je vieillis, plus me fascinent les oiseaux. Encore un monde que je ne comprends pas. Dont j'admire la force (la force du vol, la force du corps d'un oiseau me ... pétrifient !). Que je voudrais bien comprendre. Entrer dans la cervelle d'un oiseau ! Comprendre le chant d'un oiseau, communiquer avec eux (appelez-moi saint François d'Assise, warf !!) !

     

    Au bout de la côte

    Les bois déjà évoqués, flottés, arrachés, transbahutés, charriés dessinent des sculptures éphémères, mouvantes, changeantes. Là encore je vais parler de blessure, de pont, de mystère. De beauté aussi. J'ai pensé, différentes, aux images des reliefs de plage photographiés par Clergue en Camargue. Même s'il ne s'agissait pas du même endroit, il s'agissait bien de la majesté, transfigurée, de matériaux abandonnés qui ont une si forte  présence, une si grande charge symbolique.

     

    Au bout de la côte

    Je vous présente deux habitants du jardin de nos hôtes, nourriciers desdits, et d'autres : hormis cette mésange bleue, des mésanges charbonnières, et surtout, le couple d'écureuils, Tic et Tac, ainsi que l'amant de l'écureuille. C'est chacun son tour de venir manger dans le réceptacle prévu à cet effet. Un à la fois, on se surveille, on s'évite. Spectacle étonnant que la vitesse et la quantité de graines parfaitement décortiquées et engrangées dans de si petits corps : où mettent-ils tout ça ? Non alourdis dans leurs mouvements pour autant, ils déguerpissent à toute vitesse pour remonter dans leur arbre.

     

    Au bout de la côte

     L'armée des ombres

     

    Au bout de la côte

     Kite sur une plage (n'oubliez pas de cliquer sur les photos : une telle image en petit, c'est un peu ridicule...)

     

    Au bout de la côte

    Une vue d'un petit bout du chemin des douaniers, qui longe la côte très très longtemps ... Bord de mer, tout près, admiration des rochers, enclaves, eau très bleue ; quelques interruptions parce que certains "passages" sont inaccessibles. Allez, j'avoue en avoir profité, une fois remontée, pour ne pas redescendre plus loin. Une belle découverte, que ce longe-mer, encore.

     

    Au bout de la côte

    Les vacances ont pris fin. Un bateau s'éloigne et file. La mer est belle et infinie et l'autre vie va filer à nouveau, elle aussi. Mais cette vue-là console, me console toujours. J'ai encore plein d'autres images, dans mes tiroirs et dans ma tête. Plus que tout, permanente, c'est celle-là, maritime, qui reste toujours imprimée et au-dessus de la pile. Le bleu est ma couleur.

     

      Brigitte Bardot, La Madrague ; difficile d'échapper à cette chanson-là, géographiquement et affectivement : ... sur la plage abandonnée ...
    (Et merci encore, Nicole"Kik" et Martial. Je vous embrasse).

     


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