•  

        Balcons royaux

                                                                                                                clic pour toucher

    Couronne de fleurs

                                                                                         le bal©on du Krop

     

    Ma petite mère avait la main verte, et les rares fois où j'ai vu des plantes mourir alors qu'elle s'en occupait, elle en était triste plus que de raison, c'est en tout cas ainsi que je le vivais, et je me moquais gentiment :
    - Ce n'est qu'une plante !
    - Mais j'y tiens, à mes plantes ! me répondait-elle.
    Elle leur parlait, aussi.
    Sur la loggia, les géraniums abondaient. Je n'ai pas le souvenir du fer forgé noir qui la bordait autrement que croulant sous ces plantes-là ! Je critiquais, même, trouvant qu'il y avait mieux, esthétiquement, comme plantes à fleurs.
    - Ce ne sont pas des géraniums, ce sont des rois des balcons.
    Je n'ai jamais fait de recherche, à l'époque, sans quoi je lui aurais fait remarquer que tout ça c'était pareil, mais tu avais raison petite mère, ils étaient royaux, tes géraniums, sur ton balcon ...

    J'ai toujours eu, moi, la main noire, et fait mourir toutes les plantes, que je les achète, qu'on me les offre, qu'elles soient dites fragiles ou solides ... sans doute n'ai-je, n'avais-je jamais fait assez attention ... la délicatesse ne m'est pas forcément naturelle ...

    Il y a peu je me suis trouvée nez à nez avec des géraniums dans un magasin de plantes, et, forcément en pensant à elle, je suis rentrée avec. Est-ce parce que je les regarde avec un air particulier qu'ils perdurent ! ?

    Quelques jours de cela, alors que la pluie s'abattait sur la ville, la vision de mes fleurs rouges me foudroya les souvenirs, et je me rappelai un vieux bout de film familial fait du temps où on habitait encore dans la maison de la grand-mère ... déjà, il y avait ces plantes, d'un puissant écarlate, en arrière-plan, et je sens encore mon nez frissonner à l'odeur mélangée, puissante, terrestre et céleste, des fleurs et de la pluie.

    Dix-sept ans, déjà, aujourd'hui, que tu es partie, et que tu me manques ... je pense à toi en regardant mes géraniums briller dans le soleil ... il est des liens qui jamais ne se défont.

     


    30 commentaires