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       Angelus

     

    Décalages  De ce qu'on voit d'une fenêtre, si on ne connaissait les points  cardinaux, on pourrait se demander quelle est cette lumière, du matin ou de la nuit proche ... de l'angelus de l'aube à l'angelus du soir ... est-ce parce que mon billet précédent parlait d'ange, ou parce qu'hier j'entendis sonner des cloches et qu'aussitôt, le sourire me venait aux lèvres, que je pensais à ça, l'angelus, l'angélus, avec ou sans accent, en latin ou en français.
    Images ancrées depuis l'enfance : dans le sous-sol de ma grand-mère, sur un vieux cadre-losange au mur, un angelus, celui de Millet, sombre, porte proche ouverte sur la cave, dans le peu de clarté, où seulement un brin de lumière traverse une infime fenêtre, au bout là-bas, rehaussant d'or quelque toile d'araignée dans le levant ou le couchant ; et une seconde qui se mélange à la première, d'un corps statufié, debout, le mien, au milieu du jardin, un soir, le cœur battant fort aux premières mesures de la frappe mélodieuse des cloches, là-bas, au loin, à l'église ... sans doute est-ce depuis cette musique de l'enfance, aussi, que j'aime ce son, qui sans doute, me donne une sensation de protection, de monde qui mesure les heures à l'empan des travaux de chacun, alors plutôt dans les champs, de monde avec ses repères, son calme du soir, son ordre tranquille au fil des jours. Cela n'a rien de religieux, c'est juste, c'était juste alors, une sensation que tout est à sa place et qu'un certain chemin des choses a à voir avec la douceur et le destin, alors, de nos vies.

     

     

    ©iels du Krop

     Décalages
     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Les villages brillent au soleil dans les plaines ... avec des sons d'angélus ... des chants de vêpres ou de noires croisées ... avec des sentiers où, quand c'est le mois d'octobre, le vent fait voler les feuilles de châtaigniers.
    (Francis Jammes)

     


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