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     Depuis des jours, même si la fenêtre était ouverte, les volets restaient fermés. Je ne voulais pas voir ce qui s'amoncelait, là-bas, au bout du lit en perdition de cap, comme un navire prêt à s'échouer. Les vêtements propres séchés au soleil pas rangés s'entassaient, les papiers jour après jour s'accumulaient au bord des portes de l'armoire, des livres commencés vaquaient retournés ouverts, des sacs attendaient posés là vite, en instance : lieu de perdition, sans chemin ; les bornes, les limites ... quand je ne contrôle plus une situation, une somme d'objets ou d'évènements, je lâche, je ne peux lutter, le débordement me gagne ... ou plutôt me perd. Ce fut l'ombre. La grotte sans sortie. J'étais la nocturne habitante d'un lieu égaré.
      Et puis il y a toujours, à un moment, un ressort, d'énergie, de honte ou d'amour propre. J'ouvris au crépuscule et j'élaguai, par morceaux. Le lit reprit une virginité : parure-marinière, draps neufs aplatis d'une main douce.
     Je redonnai une chance à la clarté de la nuit et au ventre doux des oiseaux chanteurs. Mais je n'attendais rien.
     Je m'éveillai en sursaut à six heures et mon cœur se mit à battre devant le ciel offert, rose et bleu, surnaturel, qui accueillit mon regard. C'était comme un merci ou un pardon. Peut-être les deux. Une re-connaissance.


    Renouveau

                                                                                                                                de la ©hambre du Krop


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