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      Souvent je suis habitée de songes. Légers ou lourds, dans la réalité, fugaces, ou le sommeil, profonds. Ici ou là, proches ou lointains, ils s'accrochent à moi comme une défroque perenne que j'ôte et remets sans cesse, en me racontant des histoires ou construisant des décors que les lendemains voient un peu différents, un peu ailleurs, un peu transposés ou un peu espérés, abandonnés, revécus, transformés.
      Souvent m'habitent les rencontres d'anciennes amours, d'anciennes vies, d'anciennes personnes revenues un temps me rencontrer à peine, comme un signe d'un passé ou d'un au-delà impossibles.
    Quand je rêve de gens de ce monde et qui, de quelque façon que ce soit, me furent proches, je leur écris, demande de leurs nouvelles, car pourquoi aurais-je rêvé d'eux si ce n'était parce qu'ils m'ont fait un impalpable signe ?

      La science des rêves, la réelle, la rêvée, me fascine depuis toujours. "Fascine" n'est d'ailleurs sans doute pas stricto sensu le terme idoine, puisqu'au contraire elle me meut et m'émeut, sans me pétrifier dans une attitude étonnée et stérile. Les rêves avancent, ils m'avancent. Songez donc à tout ce matériau qu'on a travaillé au cours de notre vie, à cette hotte emplie de souvenirs, de regards, d'étreintes, de désespoirs, d'admirations, de connaissances, de regrets, de sourires, de tensions, de réflexions, de mots lus, de paroles entendues, d'images traversées, de papiers déchirés, de cris, de révélations, de chagrins, de déclarations et de silences, de tant et tant de moments de vie dont peut-être on se déleste, ainsi, quelque temps, quelques secondes, pour que d'autres respirent ...

      Souvent je suis habillée de mes songes. Transparents ou épais, ils sont la mode, le mode de vie qui efface la proximité de la douleur et des espoirs qui peu à peu s'enterrent. Ils sont un autre monde les pieds ici et la tête ailleurs. Des étoiles dans les yeux et la démarche ailée. Réelle mais allégée. Présente mais protégée.

     

     Madame rêve

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

                                                                                                                                les ©himères du Krop

     

    L'illustration sonore qui s'impose est celle-ci, vous y auriez songé ...

     (Et le hasard de mes publications fait que des rêves, éveillés ou endormis, sont ce jour là-bas aussi)


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