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    Tisser

     

    LA TÊTE (25), LES MAINS (4)

     

    Ce tableau n'a pas d'auteur. Plus exactement, je ne saurais vous le dire, parce que je ne l'ai pas noté. Cela m'arrive rarement, je note toujours, en principe, ce genre de chose, là, ça m'a échappé, allez savoir pourquoi, le trouble sans doute, l'agacement que j'ai ressenti alors, juste avant, quand sont cautionnées dans les musées des expositions temporaires qui me déplaisent parce que c'est une démarche qu'on fait voir, et non de belles oeuvres, ni même des oeuvres tout court, la beauté je le sais étant subjective, mais jamais à moi on ne me fera croire qu'un amas de sac de ciments est une oeuvre ... sisi, la preuve en image ...

    LA TÊTE (25), LES MAINS (4)

    ... ni un tapis fait avec des savons une autre oeuvre (et pourtant si vous saviez comme j'aime les savons !) Bref, là n'est pas la question à développer, en tout cas pas aujourd'hui, enfin si, puisqu'il s'agit, moins de tisser, comme le titre l'annonçait, que plus généralement, de créer, donc de bâtir. Pour alléger le propos susdit, pause musicale :

     

    (Jean-Louis Aubert'n'Ko, Plâtre et ciment)

     

    Et pour en revenir au tableau coloré du début, je me suis approchée pour voir les détails, et j'ai été étonnée, car ce n'en est pas un, de tableau : tout cela est brodé, et je trouve ça fascinant ! En art, l'accumulation de détails, le travail de fourmi, la constance, la persévérance me sont fascinantes. Je sais bien que ce n'est pas ça, forcément, qui fait qu'une oeuvre est belle, mais je reconnais que la somme artisane de travail apporté, quel qu'en soit le résultat, m'est une chose troublante et me fait réfléchir.

    Ça me rappelle une anecdote que je m'en vais vous narrer sur le champ. La phrase de Soulages qui décore la bannière de ce blog est un de mes mantras mais j'en ai bien d'autres, dont celui-ci : "Celui qui a déplacé les montagnes, il a commencé par ôter les petites pierres" : c'est une phrase qui me parle et qui m'aide, parfois en tout cas, et que sûrement je cite de temps en temps. Un jour je me suis extasiée de l'excellent travail phénoménal et de fourmi fait par un jeune homme qui comparait en reprenant ligne à ligne un dictionnaire deux années consécutives. Il m'a cité alors cette phrase, que paraît-il je lui avais écrite dans un mail, et qui lui donnait de l'énergie. Je sais bien que ce n'était pas déterminant bien sûr, mais c'était un plus, un plus positif. Pourquoi je vous raconte ça ? Peut-être que je mélange tout, mais pour moi ça a à voir directement avec le propos précédent : avancer, caillou après caillou, point après point, que ce soit pour faire, défaire ou transformer, donne, dans mon esprit, une valeur positive à ce qui va être fait, quel que soit le résultat. Certes, je ne donne pas d'autre exemple que cette tapisserie-là, isolée. Est-ce que c'est le nombre, l'effort, qui fait la/"une" valeur ? Et n'est-ce pas, au contraire de ce que je critiquais  au début de ce billet, la démarche que je privilégie là, et non pas le résultat ?

     


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