•  

        Découcher

    Avant-propos 

        Il y a peu, j'écrivais dans l'éKlats de cette semaine 15 (il sera posté lundi matin) quelques remarques à propos des dysfonctionnements du corps. Nouvelle expérience hier soir vendredi et les heures qui suivirent.

     

    Nuit hospitalière

     

    Chapitre 1

        IL est absent mais nous nous sommes parlé par Skype. Je l'ai envoyé vite fait se coucher car il était fatigué et avait eu une migraine ophtalmique. Schnell ! Fin de la discussion ! Repos ! Une bonne nuit de sommeil.
    Je m'apprête à faire itou, quand je sens ... la même chose venir, crise annoncée, miettes de pépites qui dansent : euh, c'est quoi ce mimétisme bord.. !!!
    Une aura telle que déjà décrite ou évoquée (ici et encore ) apparaît peu à peu dans mon champ, de façon plus foutoiresque que d'hab en ses dessins. Je ne m'inquiète pas plus que ça, je suis coutumière du fait. D'autant que ça ne s'accompagne d'aucune douleur : c'est juste désagréable ! J'en ai pour un petit quart d'heure et le truc va se résorber. Effectivement, le créneau doré sort de mon champ visuel, comme d'hab !

       Sauf que pas comme d'hab, mon bras gauche s'alourdit progressivement en une gêne qui elle ne se résorbe pas. Je me masse, ça change que'tchi, ça monte même jusqu'au cou. Je sais que ce n'est pas une crise cardiaque (vu que je suis une trouillarde tachycardeuse, je me suis fait bien expliquer les symptômes par ma toubibe) oui mais là clignote dans ma tête petit AVC ? Je ne regarde surtout pas sur Internet parce que ça va être pire. Alors je marche, de long en large, de large en long, inquiète mais pas terrorisée, y compris dans le couloir de l'étage, porte ouverte, prête à sonner chez les voisins (quand même : courageuse, mais pas téméraire).
      Les minutes passent et passent interminablement : c'est pas pire, mais c'est pas mieux, c'est quoi ce truc ? Il est presque minuit et bien que me sentant coupable de le faire, j'appelle le 15 pour un conseil médical, et en fait pour me faire rassurer. Le médecin ne le fait qu'à demi, il ne voit pas, , ce que ça peut être. Il veut que je me fasse examiner. Tout de suite. Il envoie une ambulance pour Mondor.
       Comme quelques mois plus tôt pour une toute autre alerte, je me retrouve sur le trottoir, solitaire, un peu perdue, à attendre mes sauveurs, qui arrivent vite.

     

     

        J'ai du bol, à l'hosto, on me prend tout de suite. Infirmière, tension, température, ECG : tout est normal. Ok, mais alors qu'en est-il ?? (mon bras est toujours pesant, ça fourmille, bref c'est chi... quoi !). Toubib, questions : au mot migraine-aura il s'en va en me coupant la parole et téléphone ; revient : Vous allez voir un neurologue.

     

    Chapitre 2

        Ledit neurologue est souriant, attentif : il me pose mille questions sur mon passé de migraineuse sans ou avec aura, s'étonne de ma description précise "comme dans les livres !"
    - Vous êtes dans le médical ? (Je suis flattée).
    - Non mais je connais bien ce problème-là, donc ...
    Il me fait quelques tests de réflexe et d'attention, et à ma question AVC, me répond que non, car dans ce cas ce n'eût pas été progressif, mais soudain. Alors quoi ???
    Il m'apprend quelque chose que j'ignorais, et qui peut vous servir si comme moi ... : Une migraine avec aura se limite la plupart du temps à des petites saletés brillantes, MAIS PAS QUE : elle peut aussi provoquer des troubles de la parole, et/ou sensitifs, ce qui à son avis est le cas ici. Ok ! On fait quoi ? Hé bien ça va se résorber. Je suis rassurée, prête à bondir de mon brancard ... puisque je ne vais pas mourir.
    Encore une question, pose-t-il :
    - En tant que migraineuse (l'ancien et le nouveau, oh oh oh ! oh oh oh !) vous avez déjà fait un scanner ?
    - Non.

    - Je préfère que vous en fassiez un. Vous restez. Vous le passerez cette nuit.

     

    Chapitre 3

        On m'installe dans le box 8 (j'aime bien ce chiffre, vous savez, l'infini debout !) et commence alors l'histoire d'une nuit dans un hôpital. Celle, en particulier, de l'attente. Et celle des lumières, des frôlements de couloirs, des sons.
    Le toubib du 15 m'avait conseillé de prendre un livre ("on attend beaucoup, aux urgences") : je le bénis rétrospectivement ! Je lis. Je relis, relis, relis. Chaque phrase. J'ai du mal à me concentrer.

     

    Nuit hospitalière

     

      Une femme entre, me donne une chose en papier informe que je suis censée porter (bien sûr je la mets à l'envers, elle rigole). Elle me propose des couches !!! Mais pourquoi ? ... Au cas où je m'oublierais ! M'enfin, je viens pour ma tête, un continent (ah ! ah !) pas pour incontinence !! Est-ce que j'ai une gueule d'incontinente ! Je suis vexée là. Pi la chose en papier bleu ne me servira à rien non plus, d'autant que je mettrai ma chemise par-dessus, pour cacher et paske j'aurai un peu froid !
      Je commence à fatiguer : je m'étends, je somnole de temps à autre, malgré la lumière crue et les biiiiiiiiiiips récurrents et longs de Nono le petit robot qu'ils ont laissé dans le box, probablement pour me faire de la compagnie (bavard, le Nono !) De temps en temps entrent des gens : une femme fait le ménage, un homme me dit qu'il va venir me faire une prise de sang. Je somnole encore. Quelqu'un, pas très loin, multiplie à gorge déployée des salope et fils de pute alternant avec des s'il vous plaît pas ça madame. Mystère. Plusieurs fois ça reviendra, je l'entendrai. Il y aura des mouvements, des voix, puis des silences.

     

    Nuit hospitalière

    Nono (l'était pas à la bonne heure)

     
      Longtemps après, mais je perds la notion du temps, l'homme me fait une prise de sang et installe un cathéter. Je ne regarde pas. J'aime pas. Ça pince.
    - Mon collègue va venir et il vous conduira au scanner ...
    Je patiente encore, Nono et néons au-dessus et près de moi. Somnole à nouveau. Et mondor m'endors, pour de vrai. Assez profondément pour faire des rêves.

     

    Chapitre 4

       Quand je me réveille, le silence est absolu. Combien de temps ai-je dormi ? Il est six heures ... SIX HEURES !!! Pas possible, j'ai donc fait une nuit ! Ils m'ont oubliée ou quoi ??? Nan, vient-on me dire, mais il y a eu une urgence AVC et la fille est toute seule. On va vous le faire bientôt, l'examen.
    Dont acte. Longue déambulation brancardière dans des couloirs pas choupinous (on a l'impression de descendre en enfer) et scanner. Chaleur de l'iode. Clichés. Rapide. Simple. Efficace. Retour brancard. Attente des résultats !
       C'est quand même dingue un cerveau ! Soulagée d'avoir enfin passé ce scanner et prête à partir, c'est là que je me mets à flipper dans les grandes largeurs. Elles sont longues les minutes quand on commence à se faire des films (d'horreur). Et si j'avais un truc ? LE truc ? Je pense à ma mère et à sa tumeur au cerveau, je compte sur mes doigts l'âge qu'elle avait quand ça lui est arrivé. Ben ... le mien ! Non, le destin s'amuserait pas à ça ! Je me prononce intérieurement des phrases ridicules comme : Ce n'est pas de passer un scanner qui provoque une maladie, et d'autres tout aussi étranges. Le temps est infini. Je respire lentement. Je le fais beaucoup (merci Mathilde- orthophoniste qui m'apprend ça aussi !).
        Le toubib du début arrive avec le compte rendu et un visage pas inquiet : Il n'y a rien d'anormal, ni à la prise de sang, ni au scanner. Je souris. Je respire. Je remercie ! Cela dit, on préfère, vous irez (où vous voulez) passer un IRM : on vous l'a prescrit !

     

    Épilogue

    Nuit hospitalière


    - C'est bon, vous pouvez partir. Je salue. Je remercie. Je sors.
    Il est tôt et Créteil est encore endormi. J'ai envie d'ouvrir les bras et de dire merci. L'air est frais et doux et le monde est encore une fois offert. Je trouve beau cet endroit laid. Fonds de reconnaissance devant le système français qui m'a soignée gratuitement, et la présence d'un hosto pas loin de chez moi. J'ai conscience, une fois de plus, d'être privilégiée.
    Et de devoir à chaque instant célébrer la vie !

     


    26 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique