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Airs de famille
Nini et Zazanne
Comme souvent les dimanches après déjeuner, je me suis calée devant la télé en détaillant les replay d'arte.
Retour à l'enfance, même si je trouvais un peu ridicules ses chansons oumpapa, j'ai regardé le documentaire-hommage qu'ils proposaient sur Annie (Léonie-Nini) Cordy qui est morte il y a peu. J'ai écrit ailleurs qu'elle faisait partie de ces interprètes dont on a l'impression qu'ils appartiennent à la famille. Parce qu'on les voyait sans cesse dans les émissions de variétés quand j'étais petite. Parce qu'elle était rigolote et d'une folle énergie.
Peut-être aussi parce que j'ai toujours trouvé qu'elle et ma tante Suzanne (Zazanne, disait ma mère, sa sœur) se ressemblaient.
Non, je n'aimais pas ses chansons drôles que je ne trouvais pas drôles. Mais oui, je lui reconnaissais beaucoup de talent, de panache et de professionnalisme. Et plus tard, bien plus tard, je serais d'une admiration sans borne devant sa façon de jouer au cinéma. Et cela, dans des rôles dramatiques qui me filaient la chair de poule. Un jeu hors normes, profond, qu'à mon avis on n'aura pas assez sollicité.
Suzanne a été énergique et rigolote, aussi, en son temps ; beaucoup moins, à présent, j'imagine.
Après que le diffusion a été terminée, je suis restée pensive et troublée. J'ai songé à Suzanne et je me suis traitée de lâche. J'avais eu des nouvelles par son fils G. bien longtemps auparavant : elle était sous tutelle, présentant des signes d'Alzheimer. Hélas pour elle ! Et cette maladie, annihilait à coup sûr la dernière promesse de nous revoir elle et moi chez elle, dans la Marne. J'avais craint de tomber, en lui parlant au téléphone, sur un mauvais jour et une peur en m'entendant, de ne savoir quoi dire, d'être gênée pour moi, d'être gênée pour elle, et j'avais -un temps, pensais-je- rompu les ponts. Mais le pont s'est fait aqueduc géant et si j'ai pensé il y a peu à elle, me souvenant de son anniversaire en septembre, c'est à la suite de ce film m'ayant replongée dans le passé que je me suis décidée à prendre le téléphone, cette fois, et à l'appeler.
Le numéro n'était plus attribué et mon sang n'a fait qu'un tour. Mais elle n'aurait pas disparu sans qu'on me le dise, quand même.
Là où elle logeait, à Châlons, ça ressemblait à un théâtre. Rideaux,
fanfreluches, rouges, roses, règne d'une féminité un peu kitsch et très
émouvante, artiste, précieuse, précise ; couture ! Je me suis félicitée d'avoir
eu envie de photographier son lieu de vie et sa déco une des dernières fois
que j'avais passé un week-end chez elle. Les souvenirs émouvants que j'ai de
ces moments-là me remuent encore plus à présent.
J'ai appelé mon cousin sans l'avoir tout de suite ... l'appartement de la rue de l'Olican, près de la halle du marché, n'était plus habité par elle.
Suzanne ne reconnaissait même plus ses enfants, qui l'avaient rapprochée d'eux pour pouvoir la voir : elle habitait dans un ehpad, depuis trois ans, à ... Oléron ... Elle était la dernière personne directe qui me rattachait à ma ville d'origine. J'ai une tendre pensée pour elle : j'irai la voir quand je retournerai dans l'île.
A. Cordy, Ça ira mieux demain (sinon ICI)Les photos d'A. C. sont des captures d'écran-arte.
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Commentaires
Tu sais, j'ai été exposé à des cas d'Alz pendant une quinzaine d'années, non seulement parce que mon père en était atteint, mais parce qu'il y en avait beaucoup dans le foyer où il habitait, et où ma mère a aussi terminé ses jours. Ceci prend toutes sortes de formes, parfois bizarres, mais je ne crois pas qu'on 'souffre' de ceci. De ce fait, il y avait là un homme de près de 100 ans, mais qui était costaud, mangeait beaucoup, marchait sans cesse, sauf qu'il était Alz, mais ne donnait aucun indice de souffrance,
Pour ne pas reconnaître ses proches, les gens, c'est assurément le cas pour la majorité, dont celle de mon père. Cependant, à une reprise, alors que j'arrivais avec ma mère et ma soeur, papa m'avait regardé, puis lancé : "Ah ouais..." Il m'avait reconnu le temps de deux secondes et c'était tout. Ça n'avait rien de drôle, mais je souris quand je pense à ce "Ah ouais..."
Je me souviens avoir vu Annie Cordy au cinéma, mais ce fut une chanteuse peu présente sur les ondes radiophoniques du Québec, sauf dans le cas de la chanson Tu m'as voulue (1964).
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Vendredi 25 Septembre 2020 à 09:23
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4patrickVendredi 25 Septembre 2020 à 10:54Etre confronté(e) à cette saloperie de maladie est un calvaire.
j'ose penser , j'espère tres fort , que la personne atteinte n'en souffre pas trop, pas trop longtemps.
quand ma grand-mère ne reconnaissait plus mon plus jeune fils en tant que son arriere-petit fils , mais en tant que son propre fils ( un air de famille certain y aidait beaucoup, certes ), j’étais proche de l'effondrement.
j'ai un pote qui , a la veille de sa retraite , tu sais , quand tu as fait 39 kms sur 42 au Marathon, a vu sa compagne sombrer dans cette maladie et a été obligé de la placer en maison "spécialisée" comme on dit pudiquement ... Tristesse , désarroi, sentiment d'effondrement et de gâchis..
enfin pour essayer de penser a ça en souriant, citons cette vieille dame qui demandait a la personne qui lui rendait visite :
" Madeleine , rappelle moi donc le nom de ce sublime garçon allemand , qui était médecin .. celui qui m'a fait perdre la tête ?
- Alzheimer, maman, ...Alzheimer ...."
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Vendredi 25 Septembre 2020 à 11:02
Je connaissais l'histoire finale, mais sous une autre narration, que j'ai ... oubliée :-),
préfère rester sur ce sourire que sur l'idée des regards hagards et vides que j'imagine en entendant parler de cette maladie. Quand mon cousin me raconte que Suzanne, sa mère, lui dit "bonjour monsieur !" le moins qu'on puisse dire est que c'est glaçant.
Je ne savais pas ou ne me rappelais pas que ton père souffrait de ça.
Merci pour ton récit.
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5patrickVendredi 25 Septembre 2020 à 13:13merci Nikole.
ce n'est pas mon père , mais ma grand mere paternelle
elle prenait Kevin pour son fils , donc mon pere ......malaise général . et elle prenait son fils pour son mari ....
intenable .
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Vendredi 25 Septembre 2020 à 16:46
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En 2013 j'avais écrit ce poème , pensant à ma mère qui vivait en Ehpad, entourée de personnes atteintes de cette maladie.
Ils ont le temps tout chamboulé
Et font un joli pied de nez
A notre normalité.
Leur présent s’est égaré
Dans des regards perdus
Et des propos confus.
Ce sont les gens d’Alzheimer
Les gens d’un autre monde
Qui voyagent et vagabondent
Entre les trous de leur mémoire.
Une vie fantôme aux souvenirs oubliés,
Effacés dans la nuit noire
Mémoire lézardée, un mur dressé
Entre eux et les autres.
Ils ne sont plus des nôtres.
Immobiles et silencieux
Ou bien agités et miséreux
Ils sont devenus des ombres
A l’avenir bien sombre.
Les gens d’Alzheimer nous quittent,
L’esprit en chiffon,
Trois petits tours et puis s’en vont,
S’en vont dans leurs chimères
Et volent dans l’imaginaire
De leurs délires sans suite.-
Vendredi 25 Septembre 2020 à 16:48
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J'ai regardé aussi ce reportage sur Arte, c'était instructif, enfin, il me semble. Et puis, je suis tombé sur un article , sur le canard enchainé, où j'ai appris qu'elle avait chanté une chanson sur la rafle du vel d'hiv, et que cette chanson fut censurée en Europe. Il n'y avait pas que tata yoyo, Frida Oum papa et la bonne du curé.
https://www.youtube.com/watch?v=6WKGX2ae2Ik
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Vendredi 25 Septembre 2020 à 22:58
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Annie Cordy, une comédienne qui savait faire rire. Mais qui était-elle vraiment ? Elle me fait penser au clown qui disait que derrière le maquillage outré, il existait un individu triste.
Une saloperie innommable que cette maladie. Un membre de ma famille en est atteint. Je sais que je ne ferai pas le déplacement pour la voir : trop douloureux.
J'ai lu le poème de Daniel : il a su exprimer ce que nous ressentons face à ce "coup du sort".
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Mercredi 30 Septembre 2020 à 11:16
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fichue maladie que celle-là, et qui gagne du terrain et qui fait si mal à ceux qui l'encadrent, les proches deviennent des étrangers petit à petit, c'est dur de les voir dépérir sans pouvoir les aider ...
amitié .
Des situations qui rendent triste et désemparé. Je me demande toujours moi ce qui se passe dans leur tête à elles, les personnes atteintes ! Merci. Amitié.