• AVEC LE COEUR (20)

     S  comme  SOUMISSION ?

    AVEC LE COEUR (20)C'est le 8 mars et je pense à Olympe. De Gouges. Mais je pense aussi à Malala, aux femmes d'Umoja, et à des dizaines, des centaines, des milliers d'autres filles, femmes, celles qui luttent contre l'oppression et l'injustice, et celles qui sont esclaves. Je me pose souvent la question du courage: si je risquais ma peau, est-ce que je lutterais, ou est-ce que je me soumettrais ? Quelle liberté a-t-on de se rebeller ? Et quelles sont les conditions pour en avoir la force ou pas, quand on est considérée comme une chair inférieure?


    Je crois à l'éducation avant toutes autres choses, pour devenir "civilisé(e)", et si j'en veux aux hommes qui martyrisent les femmes, je veux croire qu'ici et là, parallèlement aux régressions et aux sur-place, il y a des bonnes volontés, éduquées, et cela passe par les femmes, qui avancent et font avancer les choses. Je ne suis pas candide, je ne peux juste me défaire, c'est ancré en moi, d'un peu d'espoir (Antigone disait, chez Anouilh, "le sale espoir", mais sans espoir, aussi infime soit-il, est-ce que la vie vaut d'être vécue ?...)



     

      Histoire de quelques jours d'une inconnue à ma fenêtre
    (cliquer pour voir en plus grand)

    Je n'avais jamais remarqué, avant ces jours-là, que sa présence était régulière, et qu'elle menait une vie de soumission ? d'esclavage ?
    Samedi matin : il est tôt, il fait froid. Elle attend aux feux, et fait -tente de faire- la manche auprès des automobilistes.
    AVEC LE COEUR (20)
    AVEC LE COEUR (20)

     

     

     

     

     

     


    La jeune fille est surveillée. Quand une camionnette blanche s'arrête au niveau du pont, elle se précipite. Non que j'aie passé la matinée à la fenêtre, mais je jetais un oeil à ce moment-là.

    Dimanche matin : il est très tôt et il fait très froid. Elle est là, fidèle au poste.

     AVEC LE COEUR (20)

    Elle continue de courir, comme la veille, entre les voitures, sans que, semble-t-il, jamais, personne ne lui donne rien.

    AVEC LE COEUR (20)

    AVEC LE COEUR (20)

    J'ai attrapé une bouffée de rage ; à part lui apporter un café, que pouvais-je faire ? J'ai appelé les flics et expliqué le truc. Je pouvais déposer une main courante, j'ai demandé si ça servirait à quelque chose, ils m'ont dit que non. Comme la fille faisait probablement partie d'un réseau, il ne pourrait se passer quelque chose que si elle, portait plainte, sûrement pas moi.
    Lundi matin :                                                     Mardi matin : le temps s'arrange
    AVEC LE COEUR (20)   

    AVEC LE COEUR (20)
    Mercredi matin: 
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    Jeudi matin : il fait doux, mais il commence à pleuvoir.
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    Et aujourd'hui, vendredi, elle sera encore là, et encore pour un moment sans doute. Et si ce n'est pas elle, c'en sera une autre ; et si ce n'est pas ici, ce sera ailleurs, certes. Et il y a bien pire, partout, mais quand même.

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    © Photos : L'oeil du Krop ; chanson  : Léonie Grelet-Cholewka, Working on afro.

     

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 8 Mars 2013 à 07:26

    Intéressant... Tu ne te sentais pas espionne, de la photographier ? Tu lui as donné ce café ou non ? Et des sous ?

    2
    Vendredi 8 Mars 2013 à 09:58

    La question du voyeurisme en photographie m'interpelle de plus en plus souvent, mais je me laisse guider par mon instinct. En l'occurrence, je me sens espionne de tout ce que je vois de ma fenêtre, laquelle est pratiquement panoramique sur le microcosme qui m'entoure. A force de voir cette fille, j'ai une certaine fascination de l'oeil (mon ordi, de plus, est près de la fenêtre) et un certain étonnement devant son activité incessante : elle ressemble à un lutin, et elle ne "semble pas malheureuse". Alors l' "espionnage" est-il peut-être l'écho de mon questionnement.
    J'ai préparé le café et la fille n'était plus là. Quand je suis descendue un peu plus tard, non plus. Quant à l'argent, j'en donne rarement, et non, je ne lui en ai pas donné, ne serait-ce que parce que l'idée qu'il puisse atterrir dans la poche de ceux qui l'exploitent m'insupporte. Tu me diras qu'en somme je me contente de montrer quelque chose et qu'ensuite je ne fais rien de plus : c'est vrai.

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    3
    Vendredi 8 Mars 2013 à 18:47

    Beau reportage émouvant ce jour, belle série de photos qui pourraient être amusantes si ce n'était la réalité de la situation.
    J'ai mon "Bagatelle", vous votre inconnue, le mien a l'avantage de sembler être libre, même si tous les deux sont dans une mauvaise situation.

    A la journée de la Femme célébrée ce jour (et qui sera bientôt surement récupérée commercialement...), je préférerais une journée de l'humain...

    Lorsque l'on fait de la photo de rue à tendance humaniste, on est toujours en position d'espion et il n'est pas toujours facile de savoir quoi publier...

    Bonne soirée et bravo à la musicienne qui accompagne votre article en ce jour.

    4
    Vendredi 8 Mars 2013 à 18:56
    Pastellle

    Fascinant d'avoir photographié ça... Et dur de se sentir impuissant à faire quelque chose...

     

    5
    Vendredi 8 Mars 2013 à 20:08

    Merci à vous pour ces passages et commentaires et bonne soirée.

    6
    Samedi 9 Mars 2013 à 21:31

    La mendicité est interdite en France, les policiers sont tolérants, il est préférable de voir des mendiants que des voleurs... malheureusement l'un n'empêche pas l'autre ...

    7
    Samedi 9 Mars 2013 à 21:49

    L'esclavage aussi est interdit, et l'exploitation. Ah non, pardon, l'exploitation par l'argent est autorisée, j'oubliais ...

    Merci d'être passé sur mon blog et bonne fin de soirée.

    8
    Lundi 11 Mars 2013 à 22:00

    ... aspirant ... ce genre de scènes de notre quotidien ... je n'ai aucun souci avec le fait que tu photographies et commentes, car il me semble que tu le fais avec le coeur ET la raison - et ça aspire, et inspire ...

    Cela me renvoie direct à une de mes préocupations, que j'avais exprimée ici

    9
    Lundi 11 Mars 2013 à 22:34

    Merci pour ce com'. C'est vrai que ton lien parle des mêmes choses, ou pas loin.

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