Vivre Noël

Ces derniers jours autour de moi, les gens que je côtoie ne savent plus que penser de cette fête. Fête de famille, oui, est-ce parce que les familles sont déchirées, ou espacées, que l'énergie n'y est plus ? Est-ce parce qu'il n'y a plus de neige comme jadis, quand, petits, nous étions inquiets d'entendre les adultes avoir peur de prendre la voiture "par un temps pareil", mais qu'en même temps la neige, pour jouer, le jour, pour tourner dans les réverbères, la nuit, nous emplissait les yeux de tant de magie qu'aujourd'hui encore, nos souvenirs sont intacts.

Je n'imagine pas un Noël sans sapin. Et je déteste les faux sapins, ceux qu'on range dans l'armoire pour les ressortir un an plus tard, comme un mort de son sarcophage. Bon, les sapins qu'on achète ne sont plus les mêmes, ils ne sentent plus rien, ils sont d'une autre race, ils tiennent plus longtemps (pas tant que ça en fait, ils tombent quand même et se dessèchent, vite.)
J'aime beaucoup les grands sapins, ceux qui vont jusqu'au plafond, comme dans les films américains. Ceux qu'on n'achète jamais parce qu'ils sont trop chers et qu'ils ont du mal à trouver leur place ... quand on n'a pas la place.
Quand j'étais gosse, j'étais fascinée par le sapin qu'il y avait chez ma tante Suzanne. Dans mes souvenirs, il y allait, jusqu'au plafond, son sapin, et je me revois encore avec la banane en le contemplant. C'est un beau souvenir.          

Ce que je n'aime pas, ce sont les magasins, la fébrilité. J'aime bien faire des cadeaux, mais je considère que la plus jolie chose qu'on puisse donner, c'est de son temps et de soi-même. J'aime bien offrir des petits gâteaux faits maison, signifier que j'ai pris un peu de temps à penser à ceux que je vais voir ; clouter de girofle des oranges décorées qui brilleront et sentiront bon toute l'année à venir. Et j'aime emballer en prenant mon temps les petits cadeaux pas forcément de prix mais choisis pas à la va-vite. J'aime le papier, les petits rubans, le bolduc que le chat essaie d'attraper chaque fois que je le déroule, les paillettes, les petites fanfreluches. Moi qui ne suis pas une fille à fanfreluches, qui déteste faire les magasins de fringues, j'aime ces petites fanfreluches-là.
Noël fait penser à ceux qu'on aime et qui ne sont pas là, ou qui ne sont plus là. Noël ravive les souvenirs, les absences. C'est peut-être pour ça qu'il mélancolise un peu, parfois. Quelle bavarde je fais aujourd'hui ! Je vous souhaite, à vous qui passerez ici, de vivre des moments au goût de pain d'épice et de cannelle, et de savourer quelques moments pétillants et cordiaux, une coupe de champagne à la main. Et je vous laisse sur une chanson déjà fredonnée ici, mais qui est celle que pour ce jour-là, je préfère. Bon Noël à vous !

 Dean Martin, Let it snow ; photos of course by Le Krop.