P    comme    P L A N S  (successifs)

 Et même si au zénith automnal le soleil sature de lumière, et que l'après-midi les nuages ont la délicatesse d'une aurore aux doigts de rose, la lumière tombe très vite et la nuit règne partout.

Aller au cinéma, voir un ancien film d'une cinéaste qu'on aime, vieille dame digne, créative, fantasque, vivante, poétique, intelligente, réfléchie, marginale, et se réjouir à l'idée qu'on sait qu'elle sera là.

 Deux films pour le prix d'un, d'abord un doc de commande : Ô saisons, ô châteaux. Quelle âme est sans défaut ? aurait ajouté Rimbaud, et ce pourrait être un autre titre pour Le Bonheur, fausse bluette présentée par la cinéaste aux cheveux bicolores, racontant les conditions dans lesquelles a été fait le film, pourquoi ces acteurs-là, le mythique Thierry la Fronde, Jean-Claude Drouot, sa femme et ses enfants de la vraie vie ; comment le film a été reçu, encensé ou dénigré ...
Agnès Varda, elle fait ce qu'elle veut, elle étonne toujours son monde : c'est une marmite de trouvailles. C'est un cadeau.

 Sur le chemin du retour, j'ai eu droit à mon premier flagrant délit de lacération : devant moi, une jeune fille arrachait une affiche pour voir ce qu'il y avait en-dessous.

Je n'ai pas eu le temps de fixer la seconde où ça aurait été beau, et je suis montée dans la rame. De façon étonnante, un vieillard y chantait Imagine avec une voix de jeune homme.

Et puis, pour terminer, parce que c'est dans une salle de cinéma, encore, en attendant un film, que j'ai découvert cette chanson, je vous l'offre pour la nuit :