-
Flash
Présent crénelé
De nature migraineuse, j'ai eu de belles crises douloureuses dans ma vie. Moins fréquentes et plus rapidement domptables, la vieillesse aidant... Mais ce qui me prévient le plus souvent, à présent, c'est l'aura qui les précède.
Les personnes affectées de ce type de désagrément connaissent bien cette manifestation sans gravité mais spectaculaire à vivre et à regarder... ses prémices ... cette sensation de points brillants qui arrivent et vous cernent, puis s'enchaînent jusqu'à former un arc ou un cercle en un maillonnage doré qui dessine des petites formes dentées clignotantes. Au fil des minutes, entre cinq et quinze pour bibi, le dessin se délite en s'élargissant, jusqu'à disparaître progressivement hors du chant -de la danse plutôt- de vision, et s'éteindre. C'est une drôle d'expérience. Impression d'être sous LSD (j'imagine, je n'ai jamais essayé), hors de contrôle de soi. Il faut juste attendre, tranquillement, que ça passe, à cela près que parfois, être environné de mouches d'or virtuelles est assez anxiogène, même si on sait. J'ai lors de ces épisodes un réflexe pavlovien, je pense au poète René Char et à son présent crénelé, formule tirée d'un de ses recueils et qui me fut donné comme sujet de disserte au temps de ma jeunesse. L'expression me parle, m'a toujours parlé, pour d'autres choses hormis le dessin en créneau flottant de migraines passagères ; elle me semble être un résumé de la vie, avec tous ses contrastes : les hauts les bas, les vides les pleins, les ténèbres et les soleils.
Tags : Nicole Cholewka René Char Présent crénelé
-
Commentaires
il doit être terrible de souffrir de migraines ... quelle belle philosophie que la tienne ... se relier à un poème aimé !
amitié .
-
Samedi 23 Septembre 2017 à 12:57
-
J'aime beaucoup ton explication du titre de René Char , le présent crénelé. C'est tellement juste ! J'y penserai désormais. Moi aussi je vois les mouches d'or dont tu parles si poétiquement mais ce n'est pas à l'occasion d'une migraine, plutôt d'un rhume, d'un éternuement, de quelque chose qui secoue et seulement quelques secondes. Bizarre ! Je me demandais que j'étais la seule à les voir ! J'aimerais bien en avoir l'explication scientifique même si la tienne via le poète me plaît énormément.-
Samedi 23 Septembre 2017 à 17:15
-
5PatrickSamedi 23 Septembre 2017 à 22:20C'est un peu voir "trois cent mille chandelles"alors? Ce doit être un peu angoissant, oh oui.
Vite, passer à un autre créneau.
Ne connaissant pas ce présent crénelé de R Char, j'ai cherché et trouvé ceci: "J'habite une douleur" http://poezibao.typepad.com/poezibao/2011/08/anthologie-permanente-ren%C3%A9-char.html
Bonne soirée, merci pour ce superbe escalier.
-
Dimanche 24 Septembre 2017 à 17:17
-
Cela doit être bien difficile à vivre ! Il me semble que faire remonter ainsi les mots de René Char en toi est une délicieuse méthode pour mieux traverser l'épreuve, personnellement je le fais avec de beaux souvenirs, je les appelle et les laisse m'envahir... Bises. brigitte
-
Lundi 25 Septembre 2017 à 11:50
-
Je connais (trop) bien, 20 à 30 minutes pour Bibi, les premières fois en classe (5è) - j'ai vite parlé de Picasso, cette déconstruction de l'image. Impression aussi de voir à travers les gens, à travers ma main, tout est décalé. Le seul réflexe pavlovien développé un temps, c'est quand on me donna un médoc qui, tout en me calmant plus ou moins bien la douleur (plutôt moins, d'ailleurs), me filait des nausées épouvantables. Du coup, pendant 2 ou 3 ans encore après l'arrêt de cet anti-douleur, j'avais la nausée dès le début de l'aura - beurk.
Je crois que c'est génétique, ces trucs ; mon père a ces auras depuis toujours mais... SANS les migraines ! Whyyyyyy ??? :(
"Présent crénelé", j'aime :)-
Lundi 2 Octobre 2017 à 20:12
-
Je connais ce phénomène. Mais pas pour m'annoncer des migraines. Ce sont juste des moments de grande fatigue qui viennent zébrer mon regard. Très déplaisant (il vaut mieux ne pas conduire ou même sortir). Et même vertigineux. Je n'ai qu'une hâte : que cela se dissipe.
Présent crénelé : une image à laquelle je n'aurais pas pensé. C'est vrai que la vision est étrange quand ces trucs traversent la pupille. Bien trouvé.
-
Jeudi 5 Octobre 2017 à 15:22
-
Ajouter un commentaire
Éclaboussure de marches ensoleillées avec ou sans lsd on s'y projetterai bien de manière "fantastique". Allez si j'y arrive, je te raconte.
:-) D'accord, tu me raconteras !