Mercredi 14 septembre 2022

    Un des jours où je pense plus spécialement à elle, et où nous l'aiderions à souffler ses quatre-vingt-quatorze bougies, si je pouvais encore la serrer dans mes bras. Je n'ai pas cette fois écrit de page spéciale sur ce blog, mais je l'ai fait sur l'autre site, à la date d'aujourd'hui (lien ici)... L'idée de morcellement m'a semblé convenir après les ruptures vécues à la mort des êtres qu'on aime.

     Les voitures, en contrebas, sans cesse en flux et en durée. Du noir. Du blanc. Du gris. Parfois du rouge. Pourquoi rarement ou jamais, en d'autres tons plus affirmés, ou plus originaux en couleurs ? Souci de discrétion ? d'élégance ? Besoin de se fondre dans la foule, de souffrir d'avoir à être remarqué(e) ... Je dis ça mais ma vieille voiture est grise (métallisée) ... je voulais trancher avec le rouge (dit "furyo") de mon ancienne petite AX à laquelle j'étais attachée et qui m'a lâchée trop tôt avec une maladie mortelle ... analogie de pensée ? Nous sommes aussi de la mécanique, des tuyaux, des circuits électriques, des flux, des connexions. Des constantes et des inconstances.

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    Un célèbre cinéaste suisse est mort. Quelques jours après le photographe William Klein, dont nous avions vu une expo à la galerie Polka (mais dont malheureusement je ne retrouve aucune trace ...). Probablement l'année prochaine à Arles W.K. sera-t-il mis à l'honneur. Deux vieilles personnes de plus de quatre-vingt-dix ans, ça commence à faire, en âge (encore que Soulages, qui avec sa peinture a dû respirer bien des saloperies, est toujours debout à cent-deux ans ! comme quoi on est vraiment inégaux même devant la mort) ... De l'autre, je dirai peu, sinon qu'il m'a beaucoup "interpellée" et donc quand même intéressée quand j'étais jeune (je veux dire vers trente ans) puis agacée, et, sur la fin, carrément dégoûtée par son impolitesse découverte lors d'un reportage... j'ai toujours du mal à revenir sur un avis tranché après la constatation d'un manque d'élégance humaine !

Mercredi 15 septembre

    Les mains (métaphoriquement) dans mon paquet de photos prises à Arles et dans le Sud autour, je suis perdue, alors je picore, je m'attarde sur l'une ou l'autre, mais je ne parviens pas à trouver de lignes cohérentes, de thèmes suivis : on en voit, on en fait des choses en douze jours ailleurs ("les douze travaux du Krop" ?). Mais pas grave, vogue la galère, au fil de l'eau. Sail on !

Et si la pêche est bonne, je vous en ferai profiter ... Pour l'instant, en ce moment, mes photos de vacances, elles seront là-bas, jour après jour, vous pouvez toujours y faire un tour.

Vendredi 16 septembre

    Rêve dense, sur l'amitié, les lieux d'habitation, le mystère de la vie. Et cette image en gros plan qui me reste, d'une marche énorme et biscornue que j'ai beaucoup de mal à franchir.

Samedi 17 septembre

    Quand je me couche tard, je me réveille tôt quand même. Mes nuits sont courtes. Est-ce que le corps avec l'âge qui s'avance de plus en plus vite, veut compenser en offrant plus d'heures à vivre dans la journée ? Mais ça tombe bien, j'aime le matin et c'est le moment où je développe le plus mon activité physique et cérébrale. J'ai envie de faire mille choses, alors je saucissonne et me donne une demi-heure pour ci, un quart d'heure pour ça, entre tâches domestiques, culturelles et rêveuses.

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    Est-ce que vous êtes comme moi qui ne fais de la cuisine qu'éphémère, "au pif", à l'envie, aux circonstances de ce que j'ai ? Ne me demandez pas de refaire quelque chose que vous avez aimé ce jour-là, j'en suis incapable : "one shot", comme i disent, certain(e)s. Encore que, depuis quelque temps, mes tartes au fromage ressemblent souvent à des flancs, en commençant -mais pas toujours, pourquoi ?- par gonfler tels des soufflés ... j'ai essayé de comprendre, blancs en neige, pas blancs en neige, tel ou tel fromage, "migaine" différente ? Aucune logique palpable.

La migaine, c'est un régionalisme lorrain, un "appareil", dont la recette comprend en principe un mélange incluant œufs et crème fraîche. Quelle n'a pas été ma surprise de la voir inscrite, à Nyons, sur une liste d'ingrédients au menu d'un restaurant ! Le monsieur n'était pas du Grand Est pourtant, je le lui avais demandé, pensez bien ! ... mais il n'a pas su m'en dire plus sur ce mot alors incongru, ajoutant seulement que sa migaine à lui était une sorte de persillade, un petit "mélange" perso à sa sauce ... ah !

Lundi 19  septembre

    Je tombe, en balayant les chaînes de la lucarne ô combien grise remplies de beaucoup trop d'abruti(e)s, sur des blablateurs en boucle (c'est souvent comme ça à la télé) qui donnent comme conseils de fermer le robinet d'eau pendant qu'on se lave les dents. En parallèle illustrative -en boucle, aussi- une petite vidéo montrant des mains qu'on est en train de savonner consciencieusement, alors qu'en arrière-plan, l'eau du robinet coule, interminablement. Oxymore. Écartèlement.

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    Iranienne, elle s'appelait Masha Amini. Elle est morte -comme malheureusement plein d'autres qu'on a assassinées et qu'on assassinera encore-, pour avoir refusé de porter sur la tête un torchon pourri d'idéologie assassine. Mon cœur saigne.
Hommes iraniens, ils manifestent avec des femmes contre cette répression faite à des femmes, à la suite de ce meurtre policier d'état. Respect à eux. Une once d'espoir naît, une seconde, dans mon cœur chaviré.
Le seul type de voiles dont je peux prononcer le mot sans désenchantement ni dégoût ... le seul avec lequel j'accepte qu'on nous mène en bateau ... sail on ... :

Et donc me gêne que ce soit le même mot. Que celles qui, volontairement, par provocation et anti-république, mettent le voile ... mettent les voiles ... au diable !

Mercredi 21 septembre

    De plus en plus de mal avec la lecture. Je me satisfais de picorages dans des livres à citations, à aphorismes, ou à consultations possiblement parcellaires : Bobin ou Quignard. Plus ça va, de plus en plus d'ouvrages me tombent des mains. Pas de temps à perdre avec ce qui me déplaît, dans quelque domaine de ce soit, il est de plus en plus précieux, le temps, et s'il n'est pas plaisir, il doit être utile à ma connaissance ou à ma réflexion. Mais sans trop de chichis ou d'intellectualisme trop capillotracté pour mes neurones.
Cela dit, j'aime vraiment bien lire un peu avant de m'endormir, et je tire régulièrement quand même un livre de ma bibliothèque, pour tenter le coup.

    Récemment, un titre pour moi attirant, "Le colleur d'affiches", livre de 1959, a d'autant plus déterminé mon choix qu'il était écrit par Michel del Castillo, un auteur pour qui, jeune, j'ai eu beaucoup d'affection comme lectrice (un de mes bouquins qu'il a écrit, "Tara", est encore dans la nature, marnaise ou bien ailleurs ; on ne devrait jamais prêter les livres qu'on aime bien). Pour l'instant, dans l'intrigue, pas de colleur à l'horizon ni en première ligne ; ça se lit tout seul mais bof, ça fait un peu suranné comme style. Un chapitre par soir et je pique du nez à peu près à ce moment-là ; parfait !

Sourire et étonnement hier à la lecture de la phrase suivante : "Ils mangèrent une paella en regardant la mer trop bleue et les voiles trop blanches". Pourquoi ? Parce qu'il y a un renvoi à une note en bas de page, libellée ainsi : "Paella, plat typique espagnol à base de riz". Je mesure aussi à ce genre de détails explicatifs comme le monde a changé.

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    Ce serait bien que je me décide à poster cette page qui s'éternise ... Mes chroniques deviennent de plus en plus imprécises, effilochées. Il y a des trous partout. Faible résidu de mon cerveau en ébullition constante. Je me dis d'heure en heure que j'aimerais dire des trucs à propos de ci, que je souhaiterais montrer ça ... et ça s'accumule (là aussi), je déborde, sature,  procrastine, et évidemment tout s'envole, ou revient en se redéposant par vagues vaguelettes qui s'écrasent sur le sable mouvant de l'écriture.
Allez, demain matin je livre mes mots à la pâture de moins en moins de gens, apparemment ; ça veut sûrement dire quelque chose ...