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La France sans tête
Une dent contre
Le professeur : Seuls, tombent les mots chargés de signification, alourdis par leur sens, qui finissent toujours par succomber, s’écrouler ... Mais ... qu'avez-vous ?
L'élève : J'ai mal aux dents.
Le professeur : Ça n’a pas d’importance. Nous n’allons pas nous arrêter pour si peu de chose. Continuons ...
L'élève (qui aura l'air de souffrir de plus en plus) : Oui ... (Ionesco, La leçon, 1951)©hicot(/t)er, par le KropC'est marrant, si on peut dire, comme les mots tombent sur nous parfois, avec leurs métaphores imposantes. On a la mâchoire qui pulse, et une carie sous-jacente, dans une gencive profonde, et même si les dents autour sont dévitalisées, on a mal, et on se met à penser, à voir des correspondances avec le monde alentour ; à penser à des maladies. La fièvre jaune, après tout, certains appellent ça. En voyant comment tourne ce mouvement, et comment perdure cette souffrance digne, cette action courageuse et perenne de certain(e)s, je me dis que jamais on n'aurait imaginé ça, et me remets à penser à des déclics de l'histoire : la mort d'un régnant à Sarajevo, comme ça même si ça n'a rien à voir, mais surtout, le souvenir d'un certain mai 68, centenaire décalé, oui, j'y pense. Débouter Macron ? Un(e) autre, un(e) presque pareil(lle), ni moins ni plus, sans doute, le remplacerait. Il ne s'y attendait pas, à tout ça, le fort en thème. J'imagine sa vexation en repensant aux probables converses mégalo au coin du feu follet avec sa metteuse de théâtre ... ouais, je m'imagine souvent des choses. Le roi Macron n'est que le serviteur zélé et grassement payé du lobby des banques privées dont nous ne servons qu'à offrir les intérêts, éternellement, en suivant une courbe hyperbolique. Ça s'appelle la quadrature du cercle. C'est le système économique mondial qu'il faut changer. D'autres s'y sont essayés, ils ont eu des problèmes, comme dirait l'autre. La politique suppose la vertu. Le fric est un vice quand certains en ont tellement qu'ils n'ont plus aucune idée de ce que c'est "ailleurs". De l'argent ? Bien sûr qu'il y en a, il y en a toujours eu et il y en aura toujours. Virtuel, se démultipliant lui-même, aux mains d'une poignée de sorciers. Une caste d'intouchables, mais pas d'en bas, d'en haut celle-là. Un emprunt à une banque publique, à zéro pour cent, eût été une solution possible, comme il y a plusieurs dizaines d'années. Mais on a beau pédaler, on baratte, englués qu'on est dans un système de fous où on supprime de plus en plus les emplois qu'on devrait multiplier pour l'avenir humain -bouh, le vilain mot !- de la planète, ceux liés à la santé, à l'enseignement, à la sécurité, à une agriculture raisonnable et à une écologie indispensable. Non, je n'ai pas de solution, je reste dans mon coin de femme sans tête avec son mal de dent dedans, et dehors j'ai mal aux autres et pas la force de me battre, juste celle de pleurer. Pfff et je suis là à vous parler, désabusée et fatiguée, alors que je devrais déjà dormir, débordée de boulot comme si c'était le propos en ce moment que se jouent des choses importantes, avec des gens qui mouillent la chemise, ou plutôt le gilet, dans un imbroglio de formes frelatées, d'avis mélangés, d'actes évidemment récupérés et déformés, avec au milieu les gros cons de casseurs qui discréditent, encore et encore. Je parle mais je ferais mieux de la fermer ... je ne suis plus ça que de loin, bouche bée, dépassée, mais ça, je l'ai déjà dit ... heureusement qu'il y a des hommes et des femmes qui continuent de tenir le haut du pavé ... dérisoire, cruel jeu de mots !
Musique : Patti Smith, People have the power ... c'est ici ...
Tags : Nicole Cholewka La france sans tête
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Commentaires
2patrickLundi 10 Décembre 2018 à 07:50"On ne peut pas être chef par beau temps. S'ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu'ils viennent le chercher. Et ce responsable, il répond au peuple français, au peuple souverain", a ajouté le président.
E. Macron, en juillet dernier , pendant l’Affaire Benalla
Ben voilà, c'est fait.
Le Peuple va le chercher . Avec pour signe distinctif , ce gilet fluo, rendu obligatoire par le Code de la Route ," a porter en cas de danger , véhicule a l'arrêt ".
A croire que les casseurs ont appris ce Code par cœur, car il y est même recommandé d’utiliser des " Feux de Détresse"
dont Acte ...
Sera-ce le Dernier... pour ce théâtreux en (mauvaise ) herbe ?
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Dimanche 16 Décembre 2018 à 09:03
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...difficile de rester insensible et même silencieux devant ce peuple qui se "soulève"!
Pour certains , juste assez pour survivre même en travaillant, pour d'autres, changement de vaisselle et de décoration intérieure..
Colère récupérée par les uns ou les autres, peu ou pas entendue par le haut du pavé...jusqu'où cela ira-t-il? nous devrions le savoir bientôt...
Bon rétablissement, je sais oh combien cela fait mal...
Bises du jour
Mireille du sablon
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Dimanche 16 Décembre 2018 à 08:53
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j'ai honte à le dire, honte due à la souffrance des hommes en ce septantième anniversaire de la Charte des Droits de l'Homme, il y a tant de souffrance humaine ... MAIS je BOIS tes mots qui sont l'expression de mon ressenti ...En Belgique, notre gouvernement s'est "remanié", ce soir votre Jupiter va s'exprimer publiquement ... auraient-ils enfin compris et craindraient-ils enfin cette SAGESSE POPULAIRE ?
amitié .
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Dimanche 16 Décembre 2018 à 08:49
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Bravo Nicole pour ce ressenti si bien exprimé. Tu uses de mots comme d'autres du poignard dans le dos. Toi, au moins, tu restes qui tu es, sensible, proche de la souffrance des autres. Je crains que tes mots n'atteignent pas le sommet de l'état : c'est une citadelle imprenable. Et pourtant, il faudrait un peu plus de mansuétude de la part des gouvernants.
Les gilets jaunes n'ont pas l'intention de démordre de leurs prétentions. Et ils ont raison. Ils ont un courage que je n'ai pas. Comme toi, je me contente d'écrire, je ne peux pas faire mieux. L'âge peut-être... Je me contente de les accompagner en pensée. A force de constater que rien ne bouge vraiment du côté du pouvoir, je ressens une lassitude intense : pourquoi faire la sourde oreille aux demandes de gens qui n'en peuvent plus, parce qu'ils vivent de plus en plus mal ? Être obtus à ce point, ce n'est plus du mépris, plus de l'arrogance. Je n'ai pas de mots qui transcriraient le fond de ma pensée tant ce que je constate est aberrant, impensable, ignoble.
J'ai trouvé un article (de gauche ,évidemment) par hasard. Je l'ai mis en ligne (du moins le lien). Si c'est vrai, c'est un sacré merdier. Je crains que ce qui est dit ne soit le reflet d'une réalité bien commune, à savoir que les gouvernements quels qu'ils soient sont de fâcheux fachos.
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Dimanche 16 Décembre 2018 à 09:14
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Je crois qu'on part sur un mauvais constat. Quand les émotions prennent le pas sur la raison, les pires excès se trouvent légitimés. N'importe quelle information lancée par n'importe qui devient une vérité.
Raison garder, tête froide. S'informer, croiser, recouper, réfléchir. Lire par exemple cette analyse, qui n'écarte rien mais dit bien les dangers de la situation actuelle, et ce vers quoi la colère jusqu'au-boutiste risque de nous
Et avant qu'on m'accuse de ne pas manifester suffisamment d'empathie, je précise que mes fins de mois se font dans le rouge. Je n'empêche personne d'aller bosser pour autant.
Je n'oublie pas que depuis le 1er jour, parmi tous ceux qui se montrent, ceux que j'entends, que j'écoute, pas sur les plateaux télé mais dans mon entourage, et je vois, j'entends des complotistes, des extrêmistes, des racistes, des homophobes, des antisémites, non éduqués, inciviques, qui entraînent dans leur sillage des désespérés. Une minorité qui use du discours victimaire pour justifier sa violence.
Ici un lien bien instructif : https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/point-de-vue-gilets-jaunes-peut-on-encore-gouverner-a-lheure-des-reseaux-sociaux_3092425.html?fbclid=IwAR2GPsg30VqQmCmKupVNJ9-BTRqaSph39lWsJ16Eu4ndnkKwGa4FAJZiViE
Bise navrée
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Dimanche 16 Décembre 2018 à 09:22
Ne sois pas navrée, en tout cas si c'est parce que tu penses que nous ne sommes pas d'accord sur ce qu'on "voit" des faits. Qui d'ailleurs ont évolué, ou pas, depuis que j'ai écrit ce billet déjà lointain. Je me suis éloignée de tout cela, noyée que j'ai été par d'autres évènements plus personnels (même si bien sûr ceux-là le sont évidemment aussi, pour moi) mais je reste viscéralement attachée au mouvement primaire, j'allais écrire primal, celui du sentiment d'injustice du monde, et quelles qu'en soient les dérives de tous bords, je ne peux en démordre. Merci pour le lien vers l'article, et merci pour notre lien à nous, qui m'est cher, quoi qu'on puisse se dire. Bise perenne.
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Les textes de Ionesco vont très loin. Suis un fan de la leçon. Un jour peut-être... Qui sait ?
Oui il faut du courage pour tenir le pavé.
Pour moi, lui comme bien d'autres, à chaque lecture nouvelle, m'apportent un supplément de réflexion sur les sentiments essentiels de la vie. Merci à toi