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Le grand écart
Vagues de souvenirs
Il faut que revienne le temps. Que se fasse le passage. Sas. Poser le pied sur l'asphalte en s'étonnant que le geste soit moins souple que dans le sable. Se forcer à entendre la mer dans le bruit lointain de la marée des villes. S'étonner encore de la différence des mondes, des paysages, des respirations, des senteurs. Se rendre compte que la peau était différente, là-bas, plus douce, plus marine ? Le vent ? L'iode ? En souriant, pourtant, je dis ça, puisque le soleil m'a brûlée d'une drôle de maladie : la lucite : joli mot : la maladie de la lumière, pour un collier écarlate et des bracelets garance : bijoux de perles multiples ! :-)
Oui, il faut que revienne le temps de s'habituer à l'absence de lenteur, à l'absence de silence. Il faut redescendre en étant reconnaissant des instants passés et s'atteler à trouver beau l'instant présent, le plus souvent possible. Moins bleu, moins turquoise, moins blanc de crêtes et d'écumes océanes. Moins porteur de légèreté. Entre deux.
La mer a été sombre. Et elle a été claire. Il fait soleil il pleut et le vent efface tout comme un buvard de pierre. Le ciel est si changeant, la lumière est si belle. Ce n'est pas pour rien que cette terre sur l'eau a nom : La lumineuse.
Je regardais les oiseaux noirs, pas de mouettes ni de goélands pour piailler et tourner. Pas d'oiseaux blancs. Et tandis qu'ils déambulaient, une ancienne récitation d'école, bêtement, me tournait dans la tête, qui me faisait rigoler : Nous avons couru côte à côte, deux beaux chevaux à un même char ! Ah les boyaux de la tête !
Ah, l'envol !
Tags : Nicole Cholewka océan
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Commentaires
Belles photos et beau texte. j'ai comme des réminiscences à te lire : j'ai vécu longtemps au bord de la mer. A travers toi, je revis ces promenades devant l'étendue bleue, mes quêtes de souvenirs anciens. Soupir... !
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Mercredi 6 Juin 2018 à 20:21
Sur quoi soupires-tu ? Sur ta jeunesse ou sur la mer ? Pour ta jeunesse, je ne puis rien de plus que ce que je fais moi-même ... et pour la mer ... y retourner se fabriquer d'autres souvenirs ... Tes soupirs nostalgiques se transformeront peut-être alors e respiration puissante et légère ... l'air marin, ça fait toujours ça ! :-) Merci pour tes mots. Je t'embrasse.
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6patrickDimanche 3 Juin 2018 à 16:24Joli texte , comme d'habitude .
merci !
tes souvenirs de récitations , me remettent en mémoire une chanson d'un poète espagnol, appris en 4e ou 3e dont le vers récurrent était :
" a galopar , a galopar , hasta enterrar los en le Mar "
galoper , galoper , jusqu'à les enterrer ( les sabots des chevaux ) dans la Mer
le sérieux de la prof pour nous lire et faire apprendre ces vers avait fait pouffer ( sous cape , à l'époque , on était sérieux en classe ) 2 lascars dont tu devineras aisément l'identité ...
A galopar , a galopar .....
tout petit déjà, la Mer ...
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Mercredi 6 Juin 2018 à 20:26
Merci à toi, cher Patrick ! Pour passer ici, et pour y laisser tes souvenirs à toi aussi. J'aime tant ça, faire se souvenir les gens de leur enfance. Tu sais que je connais des gens qui n'ont pas de souvenirs d'enfance, je ne parviens pas à m'imaginer ça, moi qui habite en même temps toute ma vie depuis le début.
Je suppose que le poème était de Lorca (de toute façon je n'en connais pas d'autre en espagnol :-) ...) Je n'ai pas eu votre choix, à mon frère et toi : juste avant vous, c'était anglais et allemand, et basta ; ça m'a attristée, mais je ne suis pas sûre que c'est une langue qui m'aurait convenu (sauf pour Lorca ! qui a écrit des choses magnifiques, mais je conçois qu'à votre âge et dans le contexte scolaire ...).
Je t'embrasse Charentais !
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Reviendrais-tu de cette grande île sablonneuse saintongeaise, voisine de celle au nom d'une note musicale? Des pins, du sable, du sel, du vent... La simplicité, l'harmonie, la liberté...
Tu as raison d'être prudente, il faut veiller à ne pas replonger dans le tournoiement hasardeux de la ville, ne pas se laisser dévorer par son rythme pressé...
Baiser paisible
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Mercredi 6 Juin 2018 à 20:30
Tout juste ! J'y reviens toujours, et tristement j'en reviens toujours, en espérant un jour m'y ancrer, un rêve qui s'en ira en mer, amer, probablement, mais en attendant, à chaque escale, mon cœur amoureux y re-bat si fort. Et si tranquillement, aussi. Car tu as raison, pour moi là-bas, c'est l'harmonie.
Merci Balade, de tes mots qui dansent. Je t'embrasse.
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quel beau texte
amitié .
Le plus grand écart qui soit, et auquel souvent je pense : deux images se superposent à l'empan immense du souvenir, celui qui tient dans une main, dans une ligne de vie : l'enfant que je fus, la vieille femme que je deviens, je parviens à me remettre dans les deux ressentis, et c'est vertigineux. L'important c'est les pieds campés sur le sol, qu'il soit doux ou dur, et la tête tout en haut, là où une sorte d'espoir empêche de sombrer. Ces mots que je viens d'écrire, c'est toi qui me les inspires par les tiens... Merci. Amitiés.