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Les feux de la rampe
Extinction
Je ne saurais parler à leur juste valeur des choses fortes qui se vivent lorsqu'on joue ensemble. Je ne comprends pas la boule au ventre avant, constante, énorme. Et si absente à l'instant où on met le pied dans la lumière. Il faut croire à la magie de la scène, m'écrivait Christine, l'autre jour. Une scène où, face au public, hier, on ne voyait que ça, la lumière. Et où on devient, réellement, quelqu'un d'autre. Quand je sors, je ne sais pas ce que j'ai fait, je ne m'imagine pas, je ne me représente pas mon image. La réalité lévite, les mots sortent sans moi, je ne réfléchis pas, c'est léger. Juste à cet instant-là : la représentation. Les répétitions, la préparation n'ont rien à voir, c'est autre chose : tout est (pour moi) dans la réflexion, les questions. Mais dans le jeu sur scène, la soirée opère comme un engrenage fluide du temps, même si rien en fait n'est fluide : le corps, les mouvements, les tenues, les changements, tout se mêle, les pas, l'attente, les mots à dire, les silences à danser, on est à la fois attentif et flou, dans une rigueur imaginée et une attente en vrac. Puzzle et engrenage.
Surmontant tout cela, la collégialité, obligatoire. On ne joue pas sans les autres. Le théâtre est une machine humaine, et l'autre est si présent, si important, si organique, que c'en est émouvant : quelle expérience !
Après le jeu, mélange étrange -comment se sentent les autres ?- d'apaisement et de fièvre, encore, comme si ce qui avait battu en moi s'échouait lentement... mer ... grève ...Dans une des scènes, je suis une touriste à qui un guide montre des lieux que je photographie. J'ai réellement photographié, à l'aveugle, quand tous alors nous étions pris dans un bain de lumière, comme un soleil en face. Et l'idée que ces images existent réellement mais comme issues d'une virtualité, me trouble beaucoup.
Limelight (Les feux de la rampe ; Chaplin)
© L'oeil du Krop
Tags : Cami Obaldia Camibaldia, Nicole Cholewka Les feux de la rampe
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Commentaires
Très beau compte-rendu Nikole ! ça donne envie de "faire du théâtre"... tout comme les interview de cantatrice donnent envie de chanter... les interviews de musiciens donnent envie de jouer d'un instrument...
J'ai toujours eu plein d'envies qui ont avorté par manque de persévérance...
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Jeudi 9 Juin 2016 à 23:02
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Belle analyse de ce que l'on ressent lorsqu'on est joue une pièce de théâtre. La seule fois où je suis mnté sur scène pour cela, c'était pour jouer le rôle du diable dans une pièce amusante. C'était un diable tout de suite agité et je n'avais pas le temps d'avoir la trac. Mais, bon, je faisais par ailleurs partie d'une troupe de clowns J'étais le Pepino qui prenait tout le temps des coups de pied au cul. Ca aide ! En réponse à ton com : Mon livre de chevet actuel ? "La pyramide de glace"de Jean-François Parot (une enquête du commissaire Nicolas Le Floch, au temps de Louis XVI). C'est écrit dans la langue de l'époque. Délicieux. Bonne soirée. Florentin
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Jeudi 9 Juin 2016 à 23:03
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En te lisant, je me suis rappelée que j'aimerais bien du théâtre un jour... Mon mec dit que je suis une excellente comédienne... ;)
En écoutant "Limelight" un certain nombre de fois, je me suis rappelée que j'aimerais apprendre à jouer du piano un autre jour...
Un jour, j'ai eu envie de savoir jouer "Smile" les yeux fermés au ukulélé... Je sais.
Le moment viendra, puisque tout arrive...
J’espère quand même que j'aurais réussi à venir t'applaudir sur scène avant que je t'envoie mon invit' pour ma première représentation théâtrale!!! ;)
Bonne soirée Nikole!
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Jeudi 9 Juin 2016 à 23:05
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Très belle description de l'artiste. On a l'impression d'y être un peu... Et on comprend mieux la passion qui anime les acteurs.
Et après, on se sent comment ? Je veux dire le lendemain, quand il n'y a plus de répétitions, plus de théâtre ?
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Jeudi 9 Juin 2016 à 23:07
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Quelle magnifique description intérieure de ce que tu as vécu ! Bravo !
Merci, c'est très gentil !