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Loin
Sérénité
Seulement ça, un petit matin tranquille où la seule inquiétude de vie serait le temps qui passe dans le silence troublé par une seule chose : le bruit de l'eau, ou, parfois, le chant d'un oiseau. Nostalgie, à défaut d'espoir.
Cli© pour voir s'ouvrir en grand ce silence-là, celui de la vie calme ; Alvik (Suède) © L'Oeil du Krop
On n'oublie rien de rien
On n'oublie rien du tout
On n'oublie rien de rien
On s'habitue c'est tout ...
(Jacques Brel)Non, on ne s'habitue pas, pas à l'horreur, pas à l'absurde, mais, curieusement, on (moi en tout cas) s'habitue à vivre avec l'idée d'un danger imminent potentiel, de la vie qui bascule en une fraction de seconde (et il vaudrait mieux que ce soit la vie, là, d'un coup, plutôt que d'horribles mutilations du corps et de l'âme). On prend l'habitude (moi en tout cas) de ne plus se prendre la tête pour ce qui paraît tout à coup futile et bien plus léger qu'on ne le pensait avant. Ça ne veut pas dire faire n'importe quoi, ça ne veut pas dire se laisser aller, vivre comme avant, au contraire, c'est ça qu'on (moi en tout cas) se dit, mais avec des limites, une appréciation différente des choses. De la résignation ? Si c'est se résigner à se rendre compte qu'on mourra un jour, peut-être plus tôt qu'on ne le pensait, alors oui. La seule chose vraiment insupportable dans notre vie à nous (la mienne) en songeant aux attentats (et ça n'empêche -évidemment- pas la compassion extrême avec les autres, et pas seulement ceux qui souffrent à cause de ces évènements-là, mais à cause de toutes les infinies cruautés humaines vitales) c'est d'imaginer que ceux qu'on aime infiniment ne sont pas plus que nous à l'abri de cette folie-là.
Tags : Alvik
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Commentaires
Tu ne t'habitue pas, simplement tu prend inconsciemment en compte ce risque, somme tout minime si on analyse froidement les statistiques, d'être victime directement de l'horreur d'un attentat. De même que tu prend inconsciemment en compte le danger d'accident si tu prend le volant ou traverse la rue... Tu sais que cela peux arriver, mais tu n'y pense pas constamment, tu fais abstraction, sinon la vie serais infernal. Bref tu vis...
Perso, je continue d'aller bosser en vélo ou en métro en fonction du temps, je continue à aller à des spectacle, concert cinéma... Je n'ai rien changer à ma manière de vivre, si ce n'est d'éviter de prendre un gros sac quand je vais à des manifestation publique, histoire de passer les contrôles vites...
Et sinon j'aime beaucoup ta photo :-)
Et Brel aussi !
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Dimanche 27 Mars 2016 à 11:36
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Bonjour Nikole.
Je ne sais pas si ces immeubles sont beaux dans la réalité, mais l’œil de la photographe les a magnifiés dans cet écrin de blanc et de gris.
La chanson de Brel est belle, nous nous habituons peut être aux petits bobos de la vie mais pas à l'horreur. Je dis "nous" pour les êtres humains qui ont encore un peu de la compassion dans le cœur.
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Dimanche 27 Mars 2016 à 11:39
Merci beaucoup Pierre. Franchement, quand je suis retombée sur cette photo, je l'avais complètement oubliée, et le paysage avec. Mais elle rend exactement compte de la journée où elle fut prise, pendant une très longue balade grise dans un silence bienfaisant et une sensation de quiétude, de paix immenses. Des sensations que je souhaiterais voir ressentir à LA race humaine, dans son ensemble.
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4Sergio BroVendredi 25 Mars 2016 à 18:22Il ne faut surtout pas s'habituer et surtout éviter de ce dire que cela risque de devenir notre quotidien. Difficile d'être positif dans de tels moments mais il faut se pousser à profiter de chaque moment passé et à venir. Et se serrer les coudes.
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Dimanche 27 Mars 2016 à 11:42
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Personne n'accepte ni ne se résoud à l'Horreur,mais tout le monde doit relever la tete et ouvrir les Yeux ....
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Dimanche 27 Mars 2016 à 11:44
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Je suis dans le même état d'esprit. Avec cette excuse (si s'en est une) d'être à un âge où partir n'appartient plus à un avenir lointain et où se fait à l'idée qu'il faut commencer à faire sa valise. Ceci étant, je n'ai pas envie de donner à ces abrutis la mortelle occasion de se réjouir et de penser qu'ils ont enfoncé un peu plus le coin dans notre démocratie. Mais, bon, je raisonne dans le vide. Je suis tellement loin de leur champ de bataille que je pense qu'il ne m'arrivera rien. De toute façon qui vivra verra ...
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Dimanche 27 Mars 2016 à 11:47
Comme toi, je suis à un âge où je pense de plus en plus à la mort. Le problème, c'est qu'aujourd'hui, même ceux qui sont loin d'être à l'âge de mourir, on les force à y penser. Ces abrutis, comme tu dis, nous mettent dans la situation paradoxale de penser sans cesse à la mort, et de profiter plus fort de la vie. L'existence se dédouble, c'est en tout cas ainsi que je la vis.
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c'est bien rangé sur la photo.... mais trop d'immeubles de noir et de fil..je me barre..... bon dimanche
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Dimanche 27 Mars 2016 à 11:49
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Se résigner, c'est déjà mourir un peu...et la peur n'évite pas le danger. C'est ce que j'essaie d'expliquer à mes enfants de 6 et 10 ans...tout en les préservant aux mieux des horreurs du monde dans lequel nous vivons.
D'ailleurs, on va faire des crêpes pour le goûter, ensuite on ira étrenner le nouveau cerf volant... L'amour et la joie, voilà les "armes" que je veux mettre dans leurs mains pour...plus tard.
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Lundi 28 Mars 2016 à 15:49
Tu as (bien sûr) raison. Je ne parlais de résignation que vis-à-vis de la mort, de façon générale. C'est ce que disait régulièrement ma maman: La peur n'évite pas le danger ... je le dis aussi ... :-)
Du cerf-volant ! Je me souviens de mercredis avec mes deux filles, sur un plateau en haut de Nancy, où on n'arrivait pas à manœuvrer correctement ces putains d'engins : ce sont néanmoins de beaux souvenirs ...
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Non on ne s'habitue pas on n'accepte pas et on refuse de faire avec. Faire contre est-ce continuer à vivre et à dire ce que l'on pense et à penser ce que l'on dit ? On dirait que cela pose de plus en plus de problèmes. Tnat pis alors.
Quelquefois le silence est d'or, même s'il endort. Dans certains contextes je ferme ma gueule, mais je n'en pense pas moins. Même quand on n'est pas extrême, il y a parfois tant de nuances dans notre cerveau, et l'être humain n'est pas un bloc monolithique, certains mots font tilt sans discussion, c'est d'ailleurs ce qui pourrit bien des choses, alors oui, je me tais, je me tais d'autant plus que ceux qui nous gouvernent ne connaissent que ça, les mots, les mots vides.