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Missive
Chers passants, chères passantes,
À cette heure vous me lisez, mais je suis partie déjà. Et loin -pour moi-, je vous fais des signes de main par là-bas, dans le Sud. Inter-ludes, inter-valles, inter-mittences. Avez-vous remarqué comme la vie jamais n’est linéaire ? et comme, c’est en tout cas comme ça pour moi, elle se marque et prend présence entre deux points, deux bornes.
Le problème est qu’il n’y en a plus, de bornes, qu’on les a dépassées, et qu’aux repères d’antan, familiaux, professionnels, on a substitué … rien. Plus de repères pour personne, et bien sûr ce qu’on vit aujourd’hui d’une pandémie mondiale est à mes yeux, et sur le plan symbolique, bien plus grave qu’on ne veut bien nous le dire, puisqu’elle englobe tout de l’humain et du non-humain.
Plus de repères, mais des repaires, négatifs, foyers d’infection virale non seulement stricto sensu, mais surtout dus aux mensonges, au fric, à la violence, à la dissimulation, à l’arrogance. Début de siècle parfois si proche d'une fin de civilisation. Planète moribonde. Repaire positif, se claquemurer chez soi dans une retraite sans doute exagérée, écouter pousser les plantes et filtrer les infos extra-muros. Surplomber en quelque sorte la vie du haut de son carré de luzerne symbolique et attendre.
Mais l’herbe est verte aussi ailleurs, et, levant la tête du sol vers le ciel, j’ai quitté quelque temps et pour sans doute trop peu de temps les ombres protectrices de ma terrasse en clair-obscur pour ouvrir mes oreilles, mes poumons et mon cœur à d’autres lieux, d’autres soleils. À mes amies aimantes aimées et, en acmé, avant de rentrer, à mon île amante.
Nous sommes partis, main dans la main, oxygéner notre vie recluse, avec ce sourire pervers que j’arbore à l’idée de prendre le large quand tout un chacun rejoint ses foyers pour la nouvelle année-scolarité oblige. Pause. Abandon. Relatif. Je vous lirai sans aucun doute, moins souvent. Et attentive à ne pas perdre ce lien ténu. Mais je ne retrouverai mon ordi, sa bannière et sa réalité -Nulla dies sine linea- qu’à la quasi mi-septembre, et ce sera fort bien ainsi.
La France sera belle sur ses chemins buissonniers. Je rêve de rires tonitruants, de douces étreintes, d’heure absente, de sol qui crisse sous les pas multipliés des balades nonchalantes, de senteurs d’arbres et de chants d’oiseaux. De tablées où l’on boit et discute en oubliant à chaque minute le monde qu’on a refait l’instant d’avant. De nuits sans cauchemars. D’instants magiques puisque inventés après l’avant et avant l’après. Juste au milieu. Là. Maintenant.Portez-vous bien.
Je vous embrasse.
Nikole.
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Commentaires
4patrickJeudi 3 Septembre 2020 à 17:42Je viens de lire ce texte où je retrouve mon commentaire précédent. Tu fais bien de te poser ailleurs, de profiter du moment qui passe, passera, sera passé. Après la réclusion forcée, l'escapade sans contrainte, du moins pas celles que l'on nous a imposées comme des évidences. Après avoir répondu en silence aux injonctions de cet état prisonnier d'un virus, quel soulagement si l'on peut s'évader. Profite de chaque instant, remplis tes yeux de ces souvenirs qui enfin te libèrent du poids de l'enfermement.
Je te dis à bientôt. Amicalement
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Dimanche 13 Septembre 2020 à 15:41
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que tous tes rêves soient exhaussés, que tes balades t'emportent au fil de l'eau, que le Sud t'accueille bras ouverts et t'enlace au bonheur de vivre !
RESPIRE
amitié .
Oh, combien oui j'ai respiré, merci ! Et comme je trouve joli ce lapsus (je suppose) des rêves exhaussés/exaucés.
Jolis aussi tes autres mots enlaçants.
Amitié.
c'est "une faute" j'avoue mais si tu lui trouves un effet littéraire ... j'en accepte le fait :)
désolée, je n'ai pas d'excuse ...
amitié et bonne rentrée .
J'ai bien aimé : exhausser ses rêves, c'est bien, aussi ... :-)♥
Merci.