• Partir d'un tableau

     

           MARIAGE BLANC

     

    Partir d'un tableau

                                                       Jules Adler, Les communiantes, 1923

     

        Ce tableau vu lors de l'expo du peintre m'a évoqué plein d'idées qui partaient dans tous les sens sur la femme et sur la religion. Ces gamines, dans leur déguisement virginal, ressemblent à des mariées. Certes il s'agit là d'un mariage virtuel ; avant, si c'était déjà comme ça à l'époque, il y aura eu la première communion et la confirmation : je parle en connaissance de cause, je suis passée par le chemin de religion enfantine ; comme si avant ce mariage fictif avaient eu lieu en quelque sorte des fiançailles. De mon temps, à la cambrousse qui plus est, on allait -pour la plupart- au catéchisme et à la messe par tradition, avec les copines, comme une continuation les jeudis matin de l'école, pourtant strictement laïque. C'était dans l'air du temps. Je prenais cela avec une certaine légèreté, je ne croyais -déjà- à rien mais obéissante et peu curieuse, je suivais le mouvement, détachée. Et comme à cette époque je commençais le latin, ça m'amusait de repérer quelques mots connus sur le missel. Ce jour-là, on parait les filles (et les garçons) pour cette livraison à la religion, et c'était comme un examen estampillé, qui se termine avec fête et cadeaux ... ça aide. Tout ça pour dire qu'à part supporter des conneries comme l'obligation de jeûner avant la messe et renforcer ma perplexité vis-à-vis d'histoires auxquelles je ne comprenais rien, je n'ai pas de souvenirs trop douloureux de cette expérience.
        Mais je ne peux m'empêcher aujourd'hui de voir, sous ces voiles des rosières ou plutôt par-dessus, d'autres filles et petites filles dont la livraison n'a rien de virtuel, des mariées au mâle, bien plus vieux qu'elles, qui pourrait être leur frère, leur père et parfois leur grand-père. Des gamines-objets qui n'ont d'alternative à une éventuelle rebellion, même silencieuse, qu'au mieux le déshonneur, au pire des mutilations (en plus de celles qui sont connues), voire la mort. J'avais vu sur ce sujet une expo photo, violente, qui m'avait fait si mal ! Le poids des fameuses traditions, du patriarcat, de la religion. D'autres religions.
        Revenons au cortège des communiantes sans plomber le regard par mes remarques noires et efforçons-nous de ne voir dans ce groupe de voilages légers entourés de cornettes que des petites filles travesties comme pour une pièce de théâtre et qui, à la fin de la représentation, ôteront leurs frusques qu'on enfermera dans la naphtaline et la fleur d'oranger, retourneront dans la vraie vie d'enfants, celle de l'époque où l'on jouait à la marelle et au cerceau.

     

     

    Partir d'un tableau
    La communion solennelle du Krop, dans une autre vie ...

     

     

     

     (sinon ici)
    ... à la fois douceur et violence ...

     

    « L'arrêt de busLe dernier trait »

  • Commentaires

    1
    Samedi 22 Février 2020 à 07:37

    ...nous sommes sans doute nombreuses à posséder ce genre de photo..obéissantes nous étions, surtout pour faire plaisir à la famille.

    Comme toi, quand je vois des femmes voilées dans certains pays...j'en frémis.

    Bises du jour

    Mireille du sablon

      • Samedi 22 Février 2020 à 10:57

        En ce qui me concerne, mon père et ma mère n'étaient pas en accord sur ce point de tradition ... mais comme je le dis dans le texte -et rétrospectivement, j'admire les rares qui ne se soumettaient pas à la chose, comme la majorité le faisait- c'était surtout pour faire comme les copines ...
        Quant aux petites filles mariées, je continue d'en être ravagée, chaque jour !
        Bises du jour itou et merci d'être passée chez moi, en commentant, qui plus est.
        Bonne fin de semaine !

    2
    Samedi 22 Février 2020 à 08:52

    Wahou back to the past !

      • Samedi 22 Février 2020 à 10:48

        ... oui ... loin ... loin ... ! :-)

    3
    Samedi 22 Février 2020 à 16:36

    jusqu'à l'âge de cette communion dite solennelle, moi, comme les autres je subissais l'ordre établi ... puis vint la révolte ... dure et forte et j'ai tenu tête ... alors tu parles quand je vois ces "choses" qui de nos jours ne devraient plus être ... combien je souffre !

    amitié .

      • Samedi 22 Février 2020 à 17:01

        Tu devines combien je te comprends !
        Amitié.

    4
    Samedi 22 Février 2020 à 20:05

    Ton texte est aussi un équivalent québécois de la même époquie. Bref, le catholicisme était une habitude. Jolie, la petite Nikollette !


    Sais pas pourquoi j'ai écouté la chanson au complet, tant elle m'est familière. Au fait, les Purple avaint chipé une idée à un autre groupe, de la même manière de l'emprunt de Zep pour Stairway. Bon sujet pour un article.

      • Samedi 22 Février 2020 à 22:55

        Merci Mario   ... on m'aurait donné le bon dieu sans confession pas vrai ?! :-)
        Bah, quand une chanson est bonne, difficile de ne pas se laisser l'écouter en entier ! Merci pour la précision.

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    5
    patrick
    Dimanche 23 Février 2020 à 21:02

    je pense que parler de mariage virtuel lors de la ( les ) communion(s) des filles, place celle(s) des garçons dans un ailleurs quelque peu indéfinissable, voire ... embarrassant.........

      • Dimanche 23 Février 2020 à 21:45

        Certes ! ... Et d'ailleurs, en l'écrivant ... :-)

    6
    Lundi 24 Février 2020 à 17:01

    C'est assez paradoxal, en fait. D'un côté on voile et on habille de blanc les enfants pour célébrer pureté et virginité, de l'autre on les sexualise, en clamant qu'elles doivent se protéger du regard masculin. Le vice est des 2 côtés, en fait. Qu'on marie des fillettes ou qu'on condamne les femmes à une maternité forcée, entre autres gracieusetés, le féminin est toujours sacrifié, et comble du vice, au prétexte de le sacraliser.

    Tiens, pour rire (euphémisme évident) glané au fil du net:

    “Il faut sauver les petites filles” a lancé le Dr Aslem Lazaar Selimi :” Je suis psy à l’hôpital de Nabeul (Tunisie), et tous les jours, des médecins m’adressent des petites filles voilées, pour « troubles psychogènes »  !!! facile pour moi d’identifier l’origine de ces troubles, pas besoin d’être psy pour comprendre qu’un voile, ça voile!! ça étouffe , ça fait poser des questions…. je me trouve alors confrontée à une famille hermétique,un système éducatif imperméable que rien de ce que je dis ne peut pénétrer, et pire encore, quand je discute avec les médecins » pédiatres » ils répondent « c’est leur choix,on doit respecter » et le plus intelligent va me dire « bien sur j’ai posé la question à la fillette et elle m’a dit que personne ne l’a obligée »….

    « Visez les enfants parcequ’ils sont vulnérables et à l’âge venu, ce sont eux qui prendront la relève pour endoctriner à leur tour leurs propres enfants et à transmettre intact ces abominations et cet obscurantisme à la génération suivante. »  Rachid Ben Othman (Ligue pour la défense de la laïcité et des libertés, Tunisie)

     

     

      • Lundi 24 Février 2020 à 18:47

        Je me doutais bien que tu réagirais particulièrement à ce post. Tu le fais comme d'hab de façon pertinente. Ce que tu me fais lire me navre. Et je ne veux penser là, tout de suite, qu'à celles qui, plus tard, auront suffisamment de résilience, d'énergie, de courage, pour sortir du carcan qu'on leur a imposé !

    7
    Lundi 24 Février 2020 à 17:02

    T'es toute mimi en communiante, mais t'as quand même l'œil courroucé wink2

      • Lundi 24 Février 2020 à 18:48

        :-) ... timide et peut-être un peu sur la défensive ...

    8
    Mardi 25 Février 2020 à 08:50

    On parle du poids d'une certaine religion aujourd'hui, on oublie trop facilement que cela n'a pas été mieux dans notre pays, "fille aînée de l'église". C'est un peu moins voyant aujourd'hui, mais l'église continue d'exercer son pouvoir de manière moins visible mais tout aussi stupide, et même ridicule : la sanctification perdure et va jusqu'à décréter saints les géniteurs de Thérèse de Lisieux. Tentative en cours : la béatification de Pauline Jaricot (seconde étape après le stade vénérable, 3ème étape : la sanctification). Rien que ce parcours est d'un ridicule achevé. Je supporte de plus en plus mal le poids des traditions, surtout quand elles sont aussi factices que le sont celles de la catholicité. Si les hommes oubliaient que les religions ne sont qu'inventions humaines, ils se débarrasseraient de ces oripeaux d'un autre âge.

      • Mardi 25 Février 2020 à 08:54

        J'approuve. Bien sûr. (J'allais ajouter, en me trompant : De but en blanc ? :-) ...)

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