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Plateau-télé
L'île aux centenaires
Le café-tartines du petit déjeuner, j'aime le prendre en général devant la télé, si je suis chez moi et que je ne travaille pas. Je zappe jusqu'à ce que. Et je me retrouve bien sûr devant des émissions, des reportages déjà en cours la plupart du temps.
Tombée sur un documentaire, j'ai été prise au cœur par les images vues, et les paroles entendues. Le genre de reportage qui vous remue positivement, vous remet un peu en tête, s'il en était besoin, le poids positif de la vie.Miyako est une île du Japon où les vieillards vivent très longtemps. Plus que la sans doute en partie véridique raison selon laquelle ils se nourrissent -modérément en plus, la plupart du temps- de beaucoup de légumes et de fruits, j'ai été convaincue moi, au fil des images, que c'est leur sérénité, leur sagesse, leur acceptation de la mort, leur énergie, même lente, renouvelée dans un travail constant et régulier -ils sont pauvres- qui leur offrait cette longévité-là.
Les hommes et les femmes dont il était question ont tous entre quatre-vingt-dix et cent (non, cent un en fait -le musicien-) ans... De quoi songer au mystère de la vie, quand on observe que la seule manifestation de déchéance, entre guillemets, qu'ils présentent, sont un œil et parfois une oreille un peu faibles, une lenteur dans la marche, et un visage très ridé (quoique ... le plus vieux l'est le moins). Comme ça m'arrive parfois, je me suis mise à faire la petite reportrice de salon devant la beauté, extérieure et intérieure, des personnes que je découvrais.
Comme ce vieil homme, qui vit avec sa femme dans la régularité des jours identiques, s'occupant de quelques vaches, nettoyant l'étable, coupant de l'herbe. Certes il préférerait se reposer plus, mais affirme que c'est aussi le fait de travailler qui le maintient en forme. Il ajoute que si sa vie est dure, c'est lui seul qui en décide le déroulement, et l'on devine que cette précision est primordiale, qu'elle est le baume qui adoucit la pénibilité de son travail.
Une femme, plus en particulier, m'a beaucoup touchée. Veuve, elle travaille seule depuis déjà bien longtemps. Et elle a décidé à soixante-neuf ans (!!), de se mettre à un nouveau métier, c'est le cas de le dire, puisqu'elle elle est devenue tisserande. Elle crée des tissus de luxe destinés à des kimonos hauts de gamme. Elle s'est cassé la jambe, est restée huit mois à l'hosto, en a bavé des ronds de chapeau tous azimuts mais elle a tenu bon, travaille toujours et ne veut pas s'arrêter parce dans ses élèves il y en a une douée, et qu'elle veut la former jusqu'au bout. D'une opiniâtreté incroyable, le trait majeur de son caractère, elle force le respect. Le regret de sa vie, ne pas avoir pu bénéficier d'un de ces kimonos élaborés à partir de son travail. Aussitôt que j'ai terminé une pièce, je la vends ; pour en commencer une suivante (huit mois de travail, huit mille euros).
Il y a aussi cette dame bluffante qui tient toujours un petit magasin de quartier à ... chépu quel âge...
(Cliquez sur les photos si vous voulez étirer les limites des ans...)
Il y a enfin le musicien :
Il dit : Quand je fais de la musique, ma vie se prolonge sans cesse. Affirme qu'une heure de musique jouée est une heure ôtée à la mort. Il ajoute qu'il n'en a pas peur, de la mort. Qu'il a demandé à sa famille de ne pas pleurer quand elle l'emportera. Qu'il a été heureux comme il était, avec peu de besoins, y compris d'argent. Il précise : À quoi me servirait un trésor puisque je suis heureux dans mon cœur ?
Je parlais de respect. Voilà un sentiment qui est très présent dans le reportage. Les vieux jouissent de la considération de tous et sont vécus comme des porteurs de sagesse, d'expérience et de transmission. Les images qui suivent me touchent, dans ce lien qui se noue et tisse une continuité de vie entre générations.
Renseignements pris, le reportage date de deux mille six. Depuis, un typhon particulièrement dévastateur est passé et peut-être cela a t-il changé les choses. En partie au moins, car les typhons, il y est fait allusion dans le film, belles images -moins dévastatrices- à l'appui. Il est dit simplement que, cette fois-là, on s'est calfeutré en attendant que ça passe.
Je suis restée fascinée et le cœur en émoi, les bras ballants pendant que défilait le générique, les poumons gonflés d'espoir en la vie et dans les forces -physiques et psychiques- de l'être humain.
(Toutes mes photos sont des captures d'écran ©Arte, GÉO, vu le 14-08-2017)
Tags : Nicole Cholewka île Miyako, tisserande, reportrice
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Commentaires
Tu m'as donné l'envie, je viens de regarder ce documentaire très beau et très humain.
J'ai presque la moitié de leur age et je me sens en moins bonne forme ! Je crois qu'ils ont bien compris, il prennent le temps comme il vient et savent profiter de l'instant !
Merci pour ce reportage, longue vie à nous !-
Lundi 14 Août 2017 à 20:00
Hé bien je suis contente d'avoir suscité cette envie. Je ne savais pas que ça passait en replay, sans quoi j'aurais mis un lien. J'espère que tu as trouvé mon compte-rendu fidèle.
Tu as raison, une des clefs, c'est de prendre la vie comme elle vient, autant que faire se peut ; l'angoisse et le mal-être produisent de la maladie, voire de la mort, c'est en tout cas mon sentiment. Alors comme dirait l'autre ... vivons heureux en attendant ... :-) ... et tachons d'être disons ... centenaires, oui !
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J'aime bien le commentaire du musicien.
Je suis familier avec la réalité des gens de ces âges, puisque j'en rencontre chaque semaine, alors que je rends visite à ma mère, qui a 92 ans.
Il y a dans ma localité un homme étonnant. L'ancien maire de ma ville, qui a 103 ans, et qu'on peut voir presque chaque jour dans un café d'un centre commercial, où il partage des moments avec des amis.
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Lundi 14 Août 2017 à 19:55
En fait tu as regardé un peu la télé par procuration :-)
À ton inverse, ce monde m'est peu familier, en tout cas depuis que la grand-mère des filles est morte.
La force de vie, chez certains, est quelque chose d'incroyable !
J'espère que ta mère va bien et qu'elle sera centenaire. Quand la vieillesse se fait dans de bonnes conditions, c'est chouette pour l'entourage.
Le musicien, zen, est cependant le seul qui n'a pas souri, pendant le laps de temps durant lequel j'ai suivi le reportage.
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Ma mère a du mal à se déplacer. Il faut la tenir par les mains. Elle ne voit plus que d'un oeil. Par contre, elle parle avec facilité et a toujours l'esprit éveillé. Ce qui est touchant, c'est son flot d'amour, à chaque visite. Elle prend mes mains, les embrasse, répète qu'elle m'aime.
Ces visites me touchent beaucoup et, il va de soi, il en est question, dans mes romans.
Il y a un centenaire, dans son unité. Un gaillard imposant, pas très actif, mais qui a une voix surprenante : elle tonne !
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Lundi 14 Août 2017 à 21:00
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Superbe. La musique poursuit la vie, l'art en général. La musique à de cela qu'elle (lorsqu'elle est authentique) ne vieillit pas, elle traverse les âges. Ça me parle. Merci.
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Mardi 15 Août 2017 à 10:46
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Marrant cette habitude de mettre en marche la télé le matin. Je ne le fais jamais. En revanche, je visionne beaucoup de documentaires, toujours intéressants et même instructifs. Beaucoup de chaînes en proposent. Cependant, étant donné que je ne consulte jamais les programmes, je tombe par hasard sur un doc dont le poursuis la "lecture" quand mon intérêt s'éveille. Celui-là, je ne le connais pas et je le regrette. Je prends de l'âge, comme tout le monde, et constater qu'on peut vieillir en douceur comme le font ces gens-là, c'est rassurant. Peut-être devrais-je aller vivre sur une île...
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Mardi 15 Août 2017 à 12:27
Je ne fais cela que quand je suis seule, et pas systématiquement. Quand le temps s'y prête, je petit-déjeune sur la terrasse, pourtant polluée par le bruit. Quant à la télé, à part -et encore- le dimanche soir, je ne regarde pas les programmes, mais il y a de bonnes surprises (soit sur Arte, soit après avoir zappé longtemps -en proférant des insultes, souvent, devant ce que je vois une fraction de secondes, pub ou télé soi-disant réalité). Et j'avoue que bien qu'enfant de la télé (je l'ai regardé dès les années soixante, à l'époque où on voyait même des pièces tirées des auteurs grecs, mieux vaut sourire de ce décalage). Mais je m'égare. le reportage dont il est question est en replay ICI semble-t-il. Quant à ses habitant(e)s, je rêve de leur sérénité, car j'avoue que l'idée de la mort me panique parfois. SAUF, sauf précisément au bord de l'océan, quand je suis à Oléron ... t'as raison, l'idée de l'île est bonne ... mais en trouver une qui nous va, c'est une autre histoire...
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8NikoleMardi 15 Août 2017 à 20:52Je redonne (merci Jean-Luc) un lien simple pour voir encore quelques jours ce reportage si ça vous dit :
9Roger DekertMercredi 16 Août 2017 à 09:17"Le travail c'est la santé..." comme dans la chanson...
Je reconnais que j'ai hâte d'arriver à la retraite. Non pas pour arrêter le boulot qui, en ce qui me concerne, n'est pas plus fatiguant que cela et qui est intéressant, varié...
Mais j'aimerais tant avoir le temps de me consacrer à mes passions, tout simplement.
Par contre, Mario B parle de sa maman qui a 92 ans, pour ma part, mes parents ont 87 et 89 ans et même si physiquement, le poids des années se fait sentir, intellectuellement, ils sont au top...
Alors oui, on peut vieillir et rester actifs, sous quelque forme que ce soit car même si le corps nous laisse parfois tomber, les neurones peuvent carburer jusqu'à la dernière étincelle de vie...
Jolie transcription de reportage M'Dame...-
Mercredi 16 Août 2017 à 10:30
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Roger DekertMercredi 16 Août 2017 à 11:35
Je sais bien, j'ai pas ajouté la suite de la chanson exprès...
Mais j'aimerais bien consacrer plus de temps à la photo et à la mise en valeur de ces photos et apprendre la musique... Rien que ça, je serais comblé... -
Mercredi 16 Août 2017 à 11:45
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Roger DekertMercredi 16 Août 2017 à 12:14
Frétille, frétille, ça approche... Un jour, j'admirerai tes collage pendant que d'une main, je te jouerai une sonate au piano...
Enfin je dis ça mais je dis rien... Pour l'instant, même avec 2 mains, je ferai se retourner dans leur tombe tous les grands compositeurs... De Chopin à Richard Clayderman..! -
Roger DekertMercredi 16 Août 2017 à 12:15
Enfin... Pôv Clayderman, je l'ai enterré un peu vite... Mais ma Maman n'écoutait que ses disques à une époque et ça m'a saoulé grave... Mon amour du piano doit venir d'ailleurs...
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Mercredi 16 Août 2017 à 13:00
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Z'ont tout compris - pas besoin de beaucoup en matériel, le trésor est en nous.
Chaque hiver, me prend soudain le désir irrépressible de tout bazarder, garder un sac à dos, mon chien et mon appareil photo, des stylos et des cahiers, et de me barrer / ou de tout vendre et me construire une tiny house... je fomente chaque année des coups sans jamais aller au bout ! C'est généralement là que je monte des dossiers d'expatriation aussi.
Le dernier coup, je suis allée au bout : quitter mon job - et je respire !
Merci grand et beau pour ce reportage, que je note sur mes tablettes pour aller reprendre une respiration :)
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Mardi 29 Août 2017 à 00:07
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Encore ma passante anonyme... je m'interroge... quelle frustration de n'être pas sûre...
Merci, cependant ! :-)