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Pneumatiques
Latex
Bien que plus attirée par les pays au nord que ceux du sud,
quoique me sentant de sang froid plutôt que chaud, au moins
concernant les températures, je suis depuis longtemps
attirée par Cuba. Encore plus peut-être depuis Buena vista
social club, mais pas que ; le film a dans doute enfoncé le
clou, si je puis dire sans sourire, dans un billet où il sera
question surtout de caoutchouc.
Compay Segundo, Chan chan
(sinon, en vidéo, ICI)Coup de mou dans la tête, état d'âme des privilégiés qui ont l'heur de pouvoir prendre le temps de se la prendre, je tombai il y a peu à point nommé sur un documentaire d'Arte la bien-nommée, précisément, qui me fit s'évaporer quelque temps mon mal-être ; le vin, puis la bière, aidant, et noyant guacamole et sauce tomate pimentée sous leur joyeuse montagne d'oubli. Le stomago est le lieu où s'étouffent les angoisses ; et la griserie, même naissante, rend la vie légère comme une bulle, enfin jusqu'à ce que pflfl, éclate la bulle de gaieté suspendue (j'ai bien peur, vieille, disais-je, jadis, de finir ma vie seule, obèse et alcoolique...)
De pneu, il en fut tout de suite question dans le reportage, avec ce pêcheur exerçant son activité grâce à une énorme chambre à air dans laquelle il s'installait pour attraper de quoi un peu manger et un peu vendre. Quoi qu'ils fassent, quoi qu'ils vivent, les Cubains n'ont jamais l'air désespéré, et surtout, surtout, ne montrent jamais de propension démesurée à la vitesse. Moi qui suis du pays de la lenteur, comment ne pas me sentir attirée par une telle attitude ?
Partir, c'est crever un pneu, Coluche ne pensait pas si bien pseudo-plaisanter quand on découvre que pendant la saison où les crabes rouges traversent les routes, histoire, en migrant, de se trouver un coin cosy peinard où forniquer et se reproduire, les voitures se font envahir par les bestiaux, qui s'y nichent et n'en décarrent pas, quand ce n'est pas tout simplement en se défendant d'une pince acerbe pfouhhh ! perçant la matière alors trop fragile des pneus du véhicule.
David Bowie, Rubber band
(sinon Youtube ICI)Ce mot, pneu, m'évoque par ailleurs une anecdote littéraire : l'écrivaine Amélie Nothomb se donne pour contrainte de le glisser dans chacun de ses romans ... l'objet arrive plus ou moins à propos dans le cours de l'histoire, mais il est toujours amusant de débusquer le trou de phrase où elle s'est amusée à le glisser sans en avoir l'air : en principe, quand on connait le truc, on repère la chose, c'est assez pneu difficile... Le roman de l'année, nous le lisons chaque vacance maritime de fin d'été : je n'ai donc pas encore trouvé le bout de caoutchouc, mais ça ne saurait tarder ... dans quelque temps, en fin de ce mois, le flux emportera mon regard vers l'horizon océan et remportera mon souffle ouvert, vaste, les pieds nus dans le sable et le bonheur à portée de main et de cœur... alors on en reparlera peu-être.
Photos ©aptures d'écran (arte) ; les deux dernières ... Oléron, par L'oeil du Krop (cliquer pour entrer dans le poème de la mer, infusé d'astres, et lactescent...)
Tags : Nicole Cholewka Pneumatiques, Bowie Rubber band, Rimbaud Le bateau ivre
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Commentaires
courir ensemble dans le vent.....tu sais cette peinture de Picasso qui illustre "femmes qui courent avec les loups"
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Jeudi 7 Septembre 2017 à 14:09
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Oui, j'ai cliqué sur "Oléron" et je suis entrée dans ce que tu définis comme "poème de la mer, infusé d'astres et lactescent" ... et c'était grisant !
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Jeudi 7 Septembre 2017 à 18:30
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J'ignorais cette histoire de mot-jeu d'Amélie; par contre la lenteur je connais (ici) et une fois qu'on s'y fait (comme attendre 10 minutes avant qu'un serveur désœuvré s'intéresse à toi), la vie s’écoule doucement , comme une vague molle arrivent au rivage. À l'aise...
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Vendredi 8 Septembre 2017 à 13:01
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BonJour Nikole,
Cela fait plusieurs minutes que j'ai lu ta page qui contient bien plus que de l'air marin d'Oléron et j'y reviens maintenant car depuis je n'arrive plus à me séparer du souvenir d'un ami. Il conservait méticuleusement les chambres à air crevées pour y découper des élastiques. C'est fou comme c'est résistant ces petits trucs là. Parfois, j'en fais autant en pensant à lui. Malheureusement, je ne fais pas assez de vélo pour user du pneu (juste pour aller à la boulangerie) et je manque un peu de matière première. D'autre part, on ne peut plus faire de gros élastiques car il n'y a plus de chambres dans les pneus des voitures, c'est bête, hein ?
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Vendredi 8 Septembre 2017 à 13:07
C'est un commentaire très touchant que tu me fais lire ; et je t'en remercie ... étrange d'imaginer less interactions ...
Oui, c'est bête :-) ... d'autant plus, que je n'étais pas au courant, pour les "chambres" !
Merci beaucoup d'être passé ici, de t'être un peu "livré", comme j'aime que le font les personnes qui se racontent (un peu) ici.
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je chercherai désormais le "pneu" d'Amélie ...
j'aime aussi assez la lenteur qui donne du sens à l'essentiel de la vie, pas toujours possible dans nos sociétés si avilissantes !
amitié .
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Vendredi 8 Septembre 2017 à 13:08
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Il y a beaucoup de choses dans ce billet, la mer les unit, la mer qui chahute les vies ou les apaise selon les moments et les endroits du globe... Je n'ai jamais lu de livre d'Amélie Nothomb, je ne sais pas pourquoi, mais si je le fais un jour, je sourirai en découvrant ce mot pneu. Beau week end Nikole, à bientôt. brigitte
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Vendredi 8 Septembre 2017 à 13:13
Il me plaît que tu trouves "beaucoup de choses" dans ce billet, et je t'en remercie.
Si jamais tu lis A. Nothomb, je te conseille, en premier, le premier ... Hygiène de l'assassin.
Au cours des années, j'ai trouvé sa littérature moins intéressante, plus légère. Mais c'est aussi cette légèreté qui fait que c'est un bon accompagnement de vacances, sans se prendre la tête. D'autant que, de toute façon, c'est toujours bien écrit. Et j'ai été fan : il m'en restera toujours un attachement.
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heu j'espère ne pas te gonfler , le pneu tubeless ça le fait pas , tu parles de chambre à air là !
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Samedi 9 Septembre 2017 à 10:00
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Dans le t'aime ou t'aime pas :
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19125305&cfilm=179625.html
Je l'ai vu c'est très curieux comme tous les films de ce réalisateur.
Hé ben je ne connaissais pas ce film, ni l'existence de son réalisateur ... alors merci pour cette découverte ... J'avoue que voir Rubber me tenterait bien, si toutefois ne s'y trouvent pas des scènes "gore" choquantes ... je n'ai pas voulu lire des choses autrement qu'en diagonale, pour qu'il reste un peu de suspense (sauf celui que je viens d'évoquer). Merci pour ce commentaire, qui plus est, on ne peut plus idoine !