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Par la fenêtre, j'ai jeté un œil, et ai sauté sur mon appareil photo : en bas, à l'arrêt de bus, une fille lisait et je suis un peu obsédée (oxymore) par le lectorat papier, minorité, espèce (en ai-je l'impression visuelle) en voie de disparition. Certes c'était une feuille, et pas un livre, mais ça me faisait du bien quand même ... (pathologie ? ptêt bien ! m'en fous !)
Mais comme je suis décidément assez rétive à la technique, mon appareil n'a fait le point que sur le premier plan, ma vitre et les barreaux qui la cernent, floutant à mort la donzelle lisante.
Alors j'ai couru sur ma terrasse-loggia, et glissant l'objectif entre les mêmes barreaux d'icelle, au débotté :-), j'ai clic-claqué vite fait un peu au hasard, empêchée de capturer une autre image, la fille avançant vers le bus qui arrivait, me cachant à jamais la scène.
Quand j'ai regardé le résultat, j'ai constaté désappointée que dans l'intervalle de mes mamaillages, la fille avait délaissé le bout de papier pour un bout de pollution civilisationnelle, les chers téléphones portables.
Non, je ne vais pas -encore- critiquer cet outil fort utile, mais c'est comme pour tout, la sur-utilisation omniprésente que j'en vois me donne des indigestions récurrentes, c'est comme ça : chacun ses intolérances et ses adaptations ou pas auxdites.
C'est le 8 mars. Journée dédiée aux droits que devraient normalement avoir les femmes, aux mêmes titres, ni plus ni moins, que les hommes.
Parfois, je suis polémique sur le sujet, et l'affiche postée ce jour sur Aminus montre une certaine violence. Mais ici, j'aurai un discours de paix, ouioui, de paix ... exceptionnellement.
Cette fille, ado, a toute la vie devant elle. C'est le matin. La lumière baigne ses cheveux roux dorés, auréolés comme en un signe de bon augure. Elle semble calme dans une vie banale : cette banalité que je revendique pour les personnes qui la souhaitent et qui peut être aussi un signe de paix. Cette jeune n'est pas féminine au sens le plus éculé et idiot du terme (talons, maquillage ..., minauderie ? oui je sais j'exagère, disons que je plaisante). D'accord, c'est peut-être pour qu'on ne l'ennuie pas qu'elle est dans ce jogging et ces chaussures-là, mais là, maintenant, je préfère penser que ce vêtement n'est destiné qu'au confort, et ces lourdes baskets un souhait d'être rivée solidement au sol (même si la tête peut être dans les étoiles !)
De plus, de ce sol, j'ai ôté les miasmes, améliorant -peu, certes !- virtuellement son paysage, car cette image est aussi une réflexion -autre que technique- sur la photographie. Une mienne connaissance est dérangée par les retouches, les corrections qu'on peut faire sur une photo, jugeant cela malhonnête au vu de la réalité. Mais je ne touche jamais le fond si souvent je touche à la forme. Je ne mets pas en scène les photos que je prends dans la rue, j'en capture seulement le moment. Je prends au piège dans un regard. Après, c'est autre chose : il faut que ce soit beau ! En l'occurrence, j'ai poubellé les deux mégots, et les traces de cheming-gums-glu s'encrassetrant dans le trottoir : ça ne change pas la recette de la choucroute, mais en atténue les condiments mordants !Et si cette journée pouvait être tranquille et ensoleillée pour toutes les personnes de bonne volonté, ce serait tellement bien !
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