•            

                    France (1947-2018)

     

    TristeS janvierS

     

      Qu'ont besoin les porteurs de terreur planétaire de faire mourir les gens ? La Nature s'en charge qu'on abîme tant que, malade, les pores de sa peau terrestre ne peuvent éviter des cataclysmes climatiques où sont entraînés tant d'innocents et charriées tant de vies en enfer. Qu'a-t-on besoin de moyen artificiels de pourrir la vie des êtres quand s'en chargent si souvent, bien trop tôt, bien trop fort, toutes sortes de maladies plus pourraves les unes que les autres, dont cet immonde crabe omniprésent dévoreur, à petit feu ou à grandes dents, de chair humaine. France Gall est morte hier matin d'un cancer, cochant sur le calendrier ce jour rouge noir de Charlie, et se mêlant à la triste ronde d'autres chanteurs morts en janvier comme Bowie ou Delpech. Y'a comme un goût amer en nous.

    TristeS janvierSTristeS janvierS

     

     

     

     

     

     

     

     

    France Gall est morte et j'ai du chagrin. Une fois encore, j'ai pris la nouvelle de plein fouet et n'ai pu retenir des larmes. Probablement sur moi. N'écoute pas les idoles. Justement ! J'aimais chez elle le non-ostentatoire qu'on ne rencontra pas chez d'autres, sa discrétion, ce que je pense être une vraie pudeur. Mais je pleure sans doute les chemins de ma jeunesse jonchés des nombreuses mélodies qui en fleurissent une partie. Des bornes. Des repères. Les artistes nous chantent.

     TristeS janvierSTristeS janvierS

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

      Je me souviens particulièrement ... années soixante : L'Eurovision, qu'à l'époque on regardait en famille à la télé ... Plus tard, un jour à Châlons, que faisais-je donc au mariage de cette fille-là, dans un restaurant près du grand Jard ? Je crois que j'étais seule, mais les souvenirs, hein ! Fin de repas et brouhaha. Un certain vague, des enfants qui jouent dehors. Des adultes qui papotent un peu éméchés. Une salle à moitié vide, et moi, m'installant dans le coin du tourne-disque délaissé par tous, fourrageant dans les galettes et écoutant en boucle Bébé requin ... Années quatre-vingt, ère d'or Berger, il y a toujours un homme dans la vie qui vous exhausse/exauce ... Duo avec Elton  John, deux faces qui alors me parlaient. Et puis Bébé comme la vie, que j'aimais bien écouter quand mes filles étaient petites, qui m'était douceur et comptine, et que j'associe à leur enfance.

     TristeS janvierS

     Enfin, au milieu de tant d'autres encore, ce souvenir, prégnant, à la fois nocturne et lumineux, lié à la mort de son amour Berger : quelque temps avant, ils avaient enregistré ensemble une chanson qui me sembla très douce : Laissez passer les rêves, si bien porteuse diaphane de son titre, et par le texte partagé, et par la superbe vidéo hors réel qui la sublimait. Je me souviens que quelques jours après, un soir, tard, je marchais dans une rue vide de Paris, qu'une fenêtre d'immeuble était ouverte, à la lueur brillante, et que s'en échappa, vers moi, dans le silence, cette mélodie-là. Je me rappelle mon émotion d'alors, l'atmosphère précise de cet instant magique.

     

      TristeS janvierS

     Cette femme a souffert des chagrins immenses, inconsolables : perdre son amour, puis sa fille, mais me semble être restée digne et avoir su vivre pleinement chaque instant, ce qui est un bonheur en soi. Elle a partagé avec d'autres cette joie et cette force, pour le peu que j'en sais. Est-ce que ce sont les maladies qui payent le tribut des chagrins ? Est-ce qu'un corps montre ainsi ses limites, selon la force de résistance de chaque être ? On parlera peut-être peu d'elle, parce qu'elle n'avait pas besoin de l'étalage médiatique pour exister. Je tenais moi, à lui rendre hommage, en souvenir du bon vieux temps, et pour continuer de laisser passer ses rêves ...

     

     

    Première image : mes 45 tours (la pochette de droite est tournée du mauvais côté, le recto indiquant la face A : Hong-Kong star) ; les autres photos sont des captures d'écran or©hestrées par le Krop.

     

     


    20 commentaires