• Un monde sybillin

     

     Jours sombres

     

    Inter

     

    Assez ! Assez ! Assez ! ... Je peux plus vous supporter ! Je peux plus ! Allez-vous-en ! Je veux être seule ! Je veux dormir. (V. Thérame, Immortelle adolescence)

     

    De ces jours où tout est incompréhensible. Donc insupportable. Il n'y a que la poésie, l'art, dont on pourrait accepter de les aimer sans les comprendre. Mais cette vie, brouillonne, obscure, où tant de choses sont négatives et où on ne nous montre que celles-là, où tant de corps et tant d'âmes se font laminer par des fous, des financiers, des industriels, des religieux, des cerveaux sans cerveau rongés par le mal, l'ignorance et la haine ! De ces jours où l'on a, plus que d'autres jours, mal au monde, aux autres et à soi. Cette terre, si concrète et vécue comme si elle était virtuelle et sans devoirs où l'on a une conscience si aigüe du versant du vertige. Universel. De ces jours où la nausée de tout remonte jusqu'à votre gorge, où l'on aurait envie de crier au secours, alors que les mots restent terrés dans notre ventre. Cette sensation où, yeux ouverts ou fermés, on voit les mêmes images, de désolation, de morts, d'irrespect et d'éructations généralisés. Où même la nature qu'on aime tant, les gens qu'on aime tant, l'air, respiré, qu'on aime tant, la belle eau, fuyante, tout nous est écrasé par une sensation bien plus lourde, puissante et mortifère. De ces jours où l'on entrevoit que la seule issue possible, la survie, et on se le dit pourtant la mort dans l'âme, serait de ne plus cultiver, avant de se retirer, qu'une seule chose : l'indifférence.

    Post-scriptum accessoire en ce jour et avant les manifs jaunes : fort à parier que quoi qu'il se passe (le désespoir de la plèbe, les dérapages des fouteurs de merde, les tensions, ou pas d'ailleurs, les irrespects, ou pas, d'ailleurs) rien ne changera des décisions du roi. Hormis le "bien fondé" -warf !- de ce qu'il pense de ces décisions, il parlera, ils parleront de liberté de circulation et d'interdictions diverses, emprisonnement et amendes à l'appui, là, dans ce cas-là ; les autres cas, tous les autres cas, ils s'en tamponnent le coquillard : qu'il crève, le lumpen-prolétariat, qu'il le reste, qu'on en favorise l'ignorance et la violence ; qu'ils crèvent, les moyens, destinés, à plus ou moins long terme, à rejoindre, peu ou prou, ledit lumpen. Qu'ils me font chier !... Qu'est-ce que je disais déjà, dans mon billet ... ah, je parlais d'indifférence !

     

    « SymbolesInterlude »

  • Commentaires

    1
    Samedi 17 Novembre 2018 à 07:22

    comment expliquer cette guerre qui nous est menée sans autre arme que l'austérité qui nous tue ? hier, il y avait les gueules cassées, la puanteur des tranchées, aujourd'hui, c'est le luxe des riches vautrés dans leur aisance qui nous affame, au nom de quoi ? Tous leurs arguments sont de bonnes augures à leurs dires pour qu'au nom de leurs raisons qu'ils osent prétendre "LA raison", nous plions l'échine ... NON, nous n'en pouvons plus nous les citoyens jaunes de colère en Belgique comme en France les gilets sont de sortie !

    Amitié

      • Samedi 17 Novembre 2018 à 09:33

        Nous sommes évidemment d'accord... Merci et amitiés marie-Claude.

    2
    Samedi 17 Novembre 2018 à 08:48

    Indifférence, la pire des choses.

      • Samedi 17 Novembre 2018 à 09:31

        Dans l'idée, évidemment. Dans l'instant, l'évènement tragique, ponctuel, j'espère bien que l'indifférence, jamais, n'existe. Et tu as bien compris ce que je voulais dire. Mais dans la survie, la panique, la folie, parfois... l'indifférence, c'est le retrait, la solitude ! Ta phrase est trop lapidaire pour moi, manque de nuance. Il y a pire que l'indifférence, c'est l'assassinat. Et parfois, à force de se rendre compte de ce qui existe et parallèlement de ce qu'on ne peut pas changer, avec le temps, et la vie, l'écrasement des esprits, des cœurs, est parfois anxiogène et insupportable, et même vraiment physiquement ... alors oui, une certaine indifférence.

    3
    patrick
    Samedi 17 Novembre 2018 à 09:37

    Le mépris et l'arrogance avec laquelle on nous explique, des plus petits-petits de la REM, prêts à confirmer l’expérience de Milgram*, au Chef Suprême Jupiter 2 , que c'est pour notre Bien, seraient presque dignes de notre résignation la plus ancrée chez  la populace , si, on ne nous avait pas promis une politique propre et saine , une République  et l'exercice nouveau de la politique , transparent , si on ne nous avait pas dit que TOUT allait être bien , mieux ; comme il faut , en un mot : EXEMPLAIRE ....

    au dela des taxes , et de leur déphasage chronique avec la vraie vie , celle qui a les pieds qui touchent le sol, c'est leur Trahison qui demande a être "payée" de nos jours

    Les Hollandistes l'avaient déjà durement éprouvé , les Macroniens l’expérimentent  ici .

    comme disait , avec une ferveur et une exaltation qu'on ne voit plus que dans certains couvents , un député LREM: "on vous fait une offre de 4000 € pour changer de véhicule , il vous reste a charge 1000 ou 2000 € à mettre de votre poche , de nombreux français parmi les plus fragiles pourront changer de voiture  "

    quand t'entends ça , a part des idées d'affutage de ta guillotine , quelle autre idée peut venir spontanément en tête ?

     

    * revoir la séquence de "I comme Icare" , et imaginez un député LREM à la place du questionneur et un citoyen Lambda à la place du questionné .....

      • Samedi 17 Novembre 2018 à 09:51

        ... aucune ! Tu as bien sûr raison ! C'est "marrant" que tu cites "I comme Icare" car c'est un film qui m'avait marquée au plus profond du cerveau, et des entrailles, qui avait suscité en moi révolte et compréhension de bien des choses, dès la première fois que je le vis -ça fait un bail- et j'ai coutume de le citer, en particulier pour ce que tu évoques. Quant au roi Macaron 1er, qu'il échange sa vie avec un petit, tout petit, là, au milieu d'une banlieue pauvrissime, et on verra l'étendue de sa douleur, très vite. Et je m'énerve. Le poumon, l'indifférence, vous dis-je ... Merci Patrick, du fond de ta retraite ( :-) tranquille ?) Baisers de la plèbe parisienne charentonnaise.

    4
    Samedi 17 Novembre 2018 à 09:46

    Quand ils auront tout détruit il ne leur restera que leur argent et leur or à manger, ils peuvent écraser les populations, ils plieront devant la nature

    Amicalement

    Claude

      • Samedi 17 Novembre 2018 à 09:56

        Sage remarque, Claude ! peut-être oublient-ils, parfois, dans leur royale superbe, qu'ils ont quand même un tout petit peu besoin de nous, et pas seulement pour nous faire les poches ? ... Quant à la nature, bien sûr qu'elle va se retourner contre eux et contre nous, avec tout ce qu'on ne fait pas pour elle et dont elle a besoin pour vivre, de la pollution à l'agriculture et j'en passe. D'ailleurs, elle a déjà largement commencé à se venger et pourtant rien n'est fait pour améliorer les choses, au contraire. Amicalement et merci.

    5
    Xoulec
    Samedi 17 Novembre 2018 à 17:08

    je vois que tu es un peu comme moi, comme Renaud, fatigué ...

    https://www.youtube.com/watch?v=GPbVD-lA7Fw

    Ah oui, c'est quoi le sujet ? L’indifférence...

    https://www.youtube.com/watch?v=FWsrgA9Y7TM

      • Samedi 17 Novembre 2018 à 17:15

        Oui, fatiguée ... très, même. Quant à la chanson de Bécaud, je l'ai en tête depuis que j'ai commencé à écrire ce billet. Merci du passage, X who ?!

      • Samedi 17 Novembre 2018 à 21:06

        On a trop oublié Bécaud, je ne comprends pas pourquoi, sinon une espèce de snobisme, un truc du genre il n'était pas sur la photo, la fameuse de Brel Brassens Ferré, Ferré, celui-là même qui disait "l'intelligence des femmes est dans leurs ovaires" Sombre crétin, mais je m'égare... Alors je vais m'auto-citer, je sais ça ne se fait pas mais depuis quand on doit se préoccuper de ce qui se fait? "Etre là, vivante, habiter le réel, en toute vigilance." 

        Les Gilets jaunes, c'est sans moi. Je veux bien militer pour des véhicules non polluants, pour la gratuité des transports en commun, pour l'arrêt de la construction de véhicules roulant au diesel, je veux bien défiler, signer des pétitions, certainement pas entraver la liberté de circuler de qui que ce soit, mettre des entreprises à l'arrêt, me promener aux côtés des extrêmistes qui n'ont d'autre but qu'eux-mêmes, de gens qui veulent que les choses changent à condition que le changement ne passe pas par eux. 

        Bref, je le dis sans crainte ni regret ni remords, fatiguée ce n'est pas pour moi, indifférente encore moins. Peut-être, sans doute parce que j'ai tout près et loin de moi des gens qui ont besoin de moi, et parce que les inconnus ne me sont pas indifférents, à commencer par tous ceux qui n'ont pas même la maigre chance d'avoir un toit, une auto, des proches pour se soucier d'eux...

        Et pourtant je comprends. Et je t'embrasse, ma Nikole si tendrement vulnérable♥

         

      • Dimanche 18 Novembre 2018 à 00:03

        Comme je le disais en demi-teintes, il ne s'agit pas vraiment d'indifférence, et moi  aussi je comprends ce que tu dis, et moi non plus je n'étais pas dans la rue aujourd'hui  ; cela dit le sujet n'est que l'épiphénomène d'un mal-être qui se généralise. Quant à Bécaud, je le redécouvre et ça me parle vraiment. Et quant à toi, continue de me dire tout ce qui te tient à cœur : j'aime te lire et ça m'apporte toujours quelque chose. Je t'embrasse tendrement.

    6
    Dimanche 18 Novembre 2018 à 07:03

    J'aurais aimé pratiquer l'indifférence. Hélas, il n'en jamais rien été.  J'ai toujours été un cœur d'artichaut qui s’émouvait devant la misère, devant des enfants décharnés, face aux guerres ici et là. L’indifférence ? C'est de l'insensibilité, c'est l'égoïsme qui nie tout ce qui n'est pas lui. L'indifférence, c'est le regard qu'on détourne, le déni du droit à la différence, le besoin absolu de n'exister que pour soi.

    Quant à la seconde partie de ton article, c'était avec le désespoir au cœur que les gens ont défilé, avec le sentiment d'être méprisés sans qu'ils sachent pourquoi. Quel avenir quand on constate que tout se referme et rend invisible l'avenir ? Il y avait de la dignité dans ce mouvement populaire, une dignité qu'on aimerait voir plus fréquemment au lieu de cette morgue avec laquelle les technocrates nous traitent. Ras-le-bol, oui. Mais également un appel à la raison : les arguments sont que la vie n'est pas une taxe éternelle et qu'à force de comprimer le devenir, l'exaspération ne peut que croître. On aimerait comprendre ce qu'il se passe, le pourquoi de ces injonctions dont on nous remâche que c'est nécessaire et même indispensable sans qu'une explication soit énoncée. Finalement, on nous prend pour des imbéciles qui n'ont pas leur mot à dire puisqu'ils ne sont pas informés. Cela devient plus que pesant. Et là, l'indifférence n'a pas lieu d'être.

      • Dimanche 18 Novembre 2018 à 12:37

        Je savais que ce mot égoïste lâché un soir de désespoir me reviendrait en pleine gueule. Soit ! Mais sans doute ceux qui passent ici me connaissent-ils assez pour deviner un peu cette sensation : avoir envie de hurler assez ! en se mettant les mains sur les oreilles, et en fermant les yeux pour ne plus, un temps, un petit temps, voir, entendre les horreurs du monde qui nous assaillent, elles, eux, de toutes parts, avec une hypocrisie généralisée des rois du monde : pouvoirargentpolitique ! Bien sûr que je ne suis pas indifférente au monde qui m'entoure, mais le temps, l'âge avançant, je n'aspire plus qu'à une lutte proche et quotidienne, sans injonctions, sans médias. Tout le monde ment et j'ai envie d'un retrait, d'une retraite, d'une soustraite. Le monde m'est devenu trop complexe et la vision -ou pas, d'ailleurs, tant de choses quotidiennes horribles nous sont cachées, qu'on découvre "par hasard"- je me sens souvent physiquement (cerveau à vide, corps fébrile) trop fragile pour supporter tout ça. Normalement, on devrait tous devenir fous dans ce contexte ... petite nature en vieillissant ? ... peut-être ... alors oui j'ai sans doute des éclairs d'égoïsme/de désespoir, et de ce que j'appelle, d'indifférence.

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