• AVEC LA PLUME (19)

    Marquages

     

    La première tâche, le lundi matin, consistait, comme le font tous les ouvriers, à préparer nos outils.
    À peine touché le petit bouchon caoutchouté des encriers en faïence, nos ongles se liseraient de violet.

     

    Militairement, de la rangée du certificat d’études à celles du cours moyen, le maître, blouse grise, distribuait, recueilli, le sureau, lèvre pendante et attentive, d’une bouteille sombre à bec verseur, dans les petits réceptacles blancs que les pupitres emboîtaient.

     

    En lutte constante avec mon porte-plume, je perdais de longs moments et de piètres bagarres contre les fuites, les gouttes, les filures et les « pâtés » mauves éclaboussant mes mots, qui se dérobaient.

     

    Mon acharnement n’y faisait rien ; immuablement, le maître jetait devant moi, méprisant, le cahier du jour à couverture bleue. Autour des cernes de mon écriture déteinte, tracées par le doigt divin du maître, s’étalaient de grandes auréoles rouges où éclatait, comme une malédiction définitive, le mot : SALE.

     

     

    AVEC LA PLUME (19)

                                            ©ahier : Le Krop

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 4 Septembre 2013 à 23:30
    Pastellle

    Le "sale" ne m'a jamais quitté en fait. Sais pas comment je me débrouille. Trente secondes après la sortie du bain, hop, la malédiction s'abat. C'est fou tout ça... 

    2
    Jeudi 5 Septembre 2013 à 13:38

    Très beau texte à la plume et à l'encre violette !
    J'ai connu les encriers peu de temps mais je n'étais pas beaucoup plus doué avec un stylo plume/bille...

    Bonne journée.

    3
    Jeudi 5 Septembre 2013 à 21:51

    J'en faisais partout, des pâtés, et mes mains étaient pleine d'encre ...

    4
    Vendredi 6 Septembre 2013 à 20:46

    Merci pour vos micro-témoignages ... je me sens moins seule ...

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    5
    Samedi 7 Septembre 2013 à 00:48

    je me rappelle que déjà à la maternelle, j'en avais toujours plein les doigts, ainsi que sur mes cahiers, ça m'a poursuivit pendant toute ma scolarité (je suis passée après au stylo plume, mais c('était kif-kif).

    6
    Samedi 7 Septembre 2013 à 07:09

    Vrai que voilà un beau texte.


    Au fait, je crois que des plumes, entre les mains d'enfants, donnaient toujours ce même résultat. Je suis plutôt de la génération de monsieur Bic ! Je n'ai écrit à la plume que très brièvement et n'en garde pas un bon souvenir.

    7
    Samedi 7 Septembre 2013 à 10:21

    Joliment triste :)

    Ach, je suis de celles et ceux qui n'avaient pas ce genre de soucis ... quel que fût le stylo (mais ... je n'ai jamais écrit à la plume, la vraie!)

    8
    Samedi 7 Septembre 2013 à 20:52

    Je me sens vieille, tout à coup ... Bah ! Ça manque pas d'originalité, après tout, d'être un(e) dinosaure(tte)...

    Bonne soiré à tous et merci.

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