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Chronik (5)
Dimanche 24
Je souffre d'une sorte de mal qui s'aggrave en vieillissant : je ne sais plus où sont les choses si je ne les vois pas. Peut-être ne serait-ce pas pareil si mon entrepôt n'était pas un capharnaüm, si je ne tentais pas de regrouper par thèmes (j'ai plusieurs trousses, mais où sont-elles toutes ? Pourquoi ai-je changé l'endroit où les "ranger" ?) Je ne sais pas si cette attitude de vie est médicalement pathologique -mais depuis le temps que je la subis elle se serait déclarée, vue si c'était le cas ... je ne sais pas- ... en tout cas ça me pourrit bien la vie alors que je lutte sans cesse pour m'améliorer, pour, non, on ne peut pas dire ranger ... pas vraiment, d'autant que le nombre de "choses" dans la maison étant plus important que le volume qui peut raisonnablement les accueillir, j'ai l'image de cet enfant qui essaie à toute force, avec son jouet de raisonnement, de tenter de faire entrer un rond dans un carré, ou l'inverse. En fait je me sentirais bien dans un espace, quel que soit son volume, pourvu de grands meubles transparents ! Rien que d'imaginer ça m'allège, dans l'idée, le ressenti. Je ne rêve pas pour autant de grandes pièces vides et stériles comme un hôpital, du moins est-ce ainsi que je le vois. Quand je vais dans des maisons où il y a beaucoup d'espaces vides, et rien sur les murs, j'éprouve un sentiment qui me trouble. Je me demande alors où les gens qui vivent ainsi se nourrissent des images qu'ils aiment. Où sont leurs nourritures spirituelles. L'art ne leur manque-t-il pas aux yeux ? Quelle proximité quotidienne en ont-ils ? Rêver un intérieur zen permet-il de l'être soi-même ? Le dépouillement n'est bon que pour ma mort ; en attendant, j'ai besoin du foisonnement des images, photos, peintures, mots, livres de tant de gens que j'aime, que j'admire, depuis longtemps ou toujours, et que je voudrais présents partout.
Le tout est dans l'équilibre, la mesure, que j'aime avec démesure.(le bureau de ©abu, médiathèque -Duduchothèque- de Châlons)
Samedi 30, soir
Partie une semaine en vacances foisonnantes d'amitié et de ressentis (merci amis du Sud pour votre générosité et votre présence) j'ai laissé serpenter, échappé, le fil me reliant à vous qui passez ici (merci à vous aussi), je le rattrape et m'y raccroche en suivant la même idée. Dans le film "L'effrontée", Claude Miller fait dire au personnage joué par Charlotte Gainsbourg que ce doit être facile de "penser", dans un endroit tel que celui où elle se trouve : une maison luxueuse très dépouillée dans sa décoration. En parallèle, l'image de Cabu ci-dessus est troublante, pas vrai ... et je n'en suis pas là, mais ce sourire au-dessus de cette montagne de papier a de quoi faire réfléchir ! Une autre façon d'être zen, ou en recul, ou détaché des choses ? Étonnant non ?
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Commentaires
j'aime que chaque chose aie sa place et chaque place, sa chose ... pourtant j'aime le bordel parce que j'aime ranger ... mes murs sont couverts des photos des miens ... qui ne m'appartiennent pas mais qui comptent pour moi, pour le paysage, il me suffit de traverser du regard les vitres (que j'aime propres) le jardin doit être maîtrisé, pas question de laisser les plantes faire du n'importe quoi ... juste m'enivrer de leur beauté, de leur "utilité" ...
en un mot j'ordonne ma vie ... n'en déplaise ...
amitié et bon retour
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Dimanche 31 Octobre 2021 à 09:58
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BonJour Nikole,
Chouette Chronik !
Un jour, j'ai essayé de ranger mon bobor astronocosmique en mettant mon mental en mode tetris. Heureusement, j'ai arrêté juste avant d'être gagné par un nervouz-brêque-dön.
A l'approche du 1er novembre je pense que de toute façon, un de ces quatre, je laisserai tout, je n'emporterai rien.
Et Cabu, j'adore !
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Dimanche 31 Octobre 2021 à 14:35
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C'est une tendance que je subis également... Je ne retrouve rien alors j'essaye de tout laisser en vue...
Il y a des choses que j'ai et dont j'ai oublié que je les avais... C'est très gênant !
Très bon dimanche
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Dimanche 31 Octobre 2021 à 15:01
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6patrickDimanche 31 Octobre 2021 à 20:10jJ'aime beaucoup le bureau de Cabu. Déjà , parce que c'est Cabu, et surtout parce qu'à un poil près , il ressemble au mien. J'ai eu , pour mes fonctions, un bureau personnel à l'Hôpital, où s'accumulaient des piles et des piles de papiers , courriers , notes de Service ....à trier. En fait, le tri se faisait au maximum 2 fois par an, et je prenais une matinée à prendre toutes ces piles une par une, en commençant par le soubassement et je jetais , je jetais , au motif simple que si je n'avais pas eu a en avoir besoin pendant tout ce temps ,depuis le dernier tri, c'est que c'etait inutile. Je n'ai jamais eu à regretter d'avoir jeté le moindre papier , car je n'en ai jamais eu besoin par la suite . Quand on sait que j'ai fonctionné comme ça pendant 20 ans, on imagine ce que la paperasserie coute en temps , en papier, et en " illusion d’être utile" pour celui qui diffuse tout ça . Mais attention , c'était un bordel organisé, avec des piles distinctes , dans lesquelles je savais pertinemment où se trouvait tel ou tel document ( tout n’était , heureusement, pas à jeter ) , et à quelle hauteur, approximativement dans les Strates du " urgent" , "moyennement urgent", "très important" ....."a voir " etc ....
Vive Cabu , sa Mémoire , le Grand Duduche et le Beauf, patron de l'Alsacienne.....
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Lundi 1er Novembre 2021 à 11:28
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Moi je ne garde pas grand chose. J'évite d'entasser. ça m'étouffe, ça m'oppresse. J'ai besoin d'espace pour bien respirer. J'oscille soivent entre un petit bordel organisé et le dépouillement......En vieillissant je vais vers le dépouillement, le détachement........Finalement rien n'est important !!
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Lundi 1er Novembre 2021 à 11:27
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" Quand je vais dans des maisons où il y a beaucoup d'espaces vides, et rien sur les murs, j'éprouve un sentiment qui me trouble. Je me demande alors où les gens qui vivent ainsi se nourrissent des images qu'ils aiment. Où sont leurs nourritures spirituelles. L'art ne leur manque-t-il pas aux yeux. Quelle proximité quotidienne en ont-ils ? "
Quand je vais dans des maisons comme celles que tu décris là, je me dis que les occupants eux aussi sont vides à l'intérieur d'eux-mêmes... Parce que les intérieurs de maisons sont toujours le reflets de la personnalité de ceux qui les habitent. Et je ne saurais pas non plus habiter dans un endroit sans livres, sans musique, sans tableaux, sans photos, sans souvenirs, sans objets qui me viennent de loin...
Et je cherche tout ! (mais j'ai la grande chance de vivre avec quelqu'un qui sait toujours où les choses se cachent... même les choses que j'ai rangées (ou perdues moi-même)
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Samedi 6 Novembre 2021 à 16:37
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J'aime cette photo de Cabu dans ce fouillis même si un peu trop exagéré, tout au moins pour moi.
Ayant travaillé à l'hôpital où tout doit être "nickel", je serais incapable de vivre dans un univers où rien ne traîne, où rien ne semble "bouger", pas une miette de vie...ah non, vraiment pas pour moi!
Bises du jour
Mireille du sablon
On a toutes, tous une appréciation personnelle de nos contextes et lieux de vie, et c'est très bien comme ça. Chez moi, c'est exagéré, et j'en souffre, parfois ... mais peut-on lutter contre sa nature profonde.
Bises du jour.