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éKlats 25/52 un
*(Soulages)
Tombée à la télé sur La mariée était en noir, je me suis installée devant : c'était déjà commencé, je ne sais pas depuis combien de temps, mais je me rappelais l'intrigue, même si plus aucun détail ne me revenait au regard. Dans des allers-retours passé-présent, J. Moreau arborait symboliquement des tenues alternant ou mélangeant le noir et le blanc*.
C'était arte, je regarderais la suite, le début donc, plus tard : quelle importance ça avait, après tout.
Et ça m'a ramenée quelque cinquante ans en arrière, quand étudiante à Reims, je m'engouffrais parfois, à n'importe quelle heure de l'après-midi, fatiguée, déprimée, ou les deux, à l'Ac'cin, cinéma permanent de la place d'Erlon, en plein milieu d'un film. Je restais assise à la fin, pour me rabibocher avec le re-début de l'histoire, qui me faisait tout comprendre différemment, même pas toujours. Je peaufinais parfois en restant encore la séance suivante, afin de découvrir les séquences dans l'ordre. Les gens entraient et sortaient, et moi je restais là, contemplative, pensive, solitaire, à l'abri dans un autre monde, celui où l'on ne souffre pas, parce qu'il est irréel, comme un paradis artificiel, même si c'est parfois un enfer.La plupart du temps, je ne regardais même pas le titre. Je prenais le ticket comme on prend un médicament qui fait oublier la douleur, à défaut d'en éteindre le feu. Braises versus flamme.
Les six protagonistes du film étaient morts. C'est chouette le cinéma : ça rend immortel. Millefeuille glacé à l'éternité de périodes de vie à la peau fraîche, crémeuse, puis de plus en plus desséchée ... un instant l'image du sucre glace sur le gâteau évoqué m'a remis en mémoire la poudre blanche-maquillage du vieil homme amoureux de l'adolescent dans Mort à Venise ...
Sans doute aurais-je voulu être une artiste -reconnue-, moi aussi, pour pouvoir faire mon numéro. Et demeurer.
Le Tadzio du film est devenu un vieil homme abîmé qui a traversé plusieurs enfers, mais reste de lui le visage d'ange indélébile sur la pellicule.
Le film est paraît-il un hommage à Hitchcock : soit je ne me rappelle pas bien les films de l'Américain, soit Truffaut n'est pas très bon, au moins là. Un film avec intrigue policière demande que la rigueur dépasse l'invraisemblance trop forte des ellipses. Un crime, ça s'organise, et ça ne se raconte pas comme un conte (cruel certes) de fées. Si j'ai admiré le jeu des acteurs, je n'ai pas du tout marché dans la combine.
Reste que je me suis rendu compte de ma sérénité présente, face à l'ancienne, et de ma liberté de ton, de temps. Aucune culpabilité à ne rien foutre et à gribouiller mes états d'âme. J'ai pensé alors : Pourquoi appeler paresse ce qui n'est qu'un amour de la lenteur ?
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Commentaires
Je peux compter sur les doigts le nombre de fois où j' ai été au cinéma !
du coup, je peux te dire que Marcelino Pan y vino m' avait fait pleurer, que la vache et le prisonnier m' avait fait rire, et qu' avec les 10 commandements j' ai eu le mal de mer, lors de la traversée de la mer !
Passe une bonne fin de semaine
Amitié
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Samedi 22 Juin à 11:38
Zut zut ! Mauvaise manip et mon long com a disparu ... je recommence (en substance) :
Je suis beaucoup allée au cinéma, puis de moins en moins, plus du tout maintenant. J'avais ce rite avec ma fille aînée de fréquenter des salles d'art et d'essai presque vides où j'ai découvert parfois des trésors insoupçonnés. Je n'ai pas envie d'y aller seule et d'ailleurs, sauf exceptions, l'envie de sortir, au cinéma ou ailleurs, m'a quittée. D'autant que dans les grandes salles je ne supporterais pas les bavardages, le pop corn, les postures incorrectes qu'on ne devrait s'autoriser que chez soi. Alors j'y reste, chez moi, et je regarde des films à la télé : ça limite le choix mais au moins personne ne me met les nerfs à vif !
Merci.
Bonne fin de semaine.
Amitié.
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Je vois que Soulages, se soulage sur la toile du tableau... C'est d'la merde...
Très bonne journée (regarde les Iris de Van Gogues, ça sent meilleur...)
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Samedi 22 Juin à 11:24
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Samedi 22 Juin à 17:06
Hi, hi, hi !
Hé oui, je suis scatolique
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Samedi 22 Juin à 17:25
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Je rapporte ici ce message reçu par alainx qui ne parvient pas à commenter chez moi : j'en suis désolée pour lui et espère que d'autres ne rencontrent pas le même problème (écrivez-le moi par mail, si vous voulez ...) ; voici :
Cela fait de nombreuses fois que ton blog me dit que commenter chez toi est impossible « pour le moment » le robot considère que je dois aussi en être un… et pourtant je jure que je suis un humain !
donc voilà :
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Soulages en photographies c'est mission impossible. Pour apprécier et être saisi tout entier il faut voir ses œuvres « en vrai ». Alors soit on reste longtemps, soit on s'enfuit. Moi je suis resté longtemps.
Tu m'as fait repenser au « cinéma permanent » d'antan. Avec une petite copine de l'époque on est resté à trois séances consécutives de West Side Story, bon d'accord, on n'a pas regardé « que » l'écran. Mais quand même c'était géant.
Ah ! Nos jeunesses ! Mais pourquoi vous foutez le camp si vite !
Mais peut-être que mes petits-enfants diront cela dans 50 ans ! Ou pas !D'accord avec toi pour Soulages : la photo des œuvres n'a vraiment rien à voir avec leur réalité.
Comme toi, je suis restée longtemps en face. Et le temps passé dans son musée extraordinaire en tous points est un des souvenirs culturels les plus forts de ma vie !
(Et même si en photo etc., je propose quand même, encore une fois, un lien :
http://loeildukrop.eklablog.com/ne-pas-broyer-du-noir-a179944188 ;-)Et merci pour ton anecdote qui m'a fait sourire ...
Oui, le bateau de la vie file de plus en plus vite. (Mes petits-enfants n'en diront rien, de cette fuite du temps : je n'en ai pas). Humons l'air marin tant qu'on est encore dans la traversée !
5patrickDimanche 23 Juin à 17:41Je me souviens aussi de ces cinés Place d'Erlon, à Reims , où j'allais aussi dans le cadre du "cinéma permanent". Film pris au milieu , puis séance d’après pour raccrocher les wagons , et voir le film entier.
c’était le bon temps , les cours de Gestion des Entreprises et des Administrations de l'IUT m’intéressaient très moyennement, mais le cinéma beaucoup plus. Ma grand-mère était ouvreuse dans un cinéma châlonnais , et mon Grand-père y était projectionniste....(Cinéma Paradiso m'a bouleversé), et je ne payais jamais pour voir un film ( un privilège , ça ...) et j'ai vu un nombre incalculable de film. Et a Reims , même en ayant à payer , le ciné l'emportait sur l'IUT...et j'ai arrêté ces "études" en avril de la 1ere année. Ce qui m'a valu un jour le magnifique qualificatif de " Bac + 2/3" de la part d'un de mes fils ....
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Dimanche 23 Juin à 17:49
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Près d'un an sans y mettre les pieds dans une salle de ciné et encore c'est parce que ce grand film le justifiait coté images et son (qui m'a d'ailleurs fait souffrir les oreilles acouphènées ...)
Soulages, on aime ou pas, inutile de chercher à convaincre les amateurs de Monet, Manet et autres impressionnistes de la beauté des Outrenoirs, eaux-fortes et autres œuvres !Ton lien en réponse à Alainx ne marche pas, voilà le bon: http://loeildukrop.eklablog.com/ne-pas-broyer-du-noir-a179944188
Promo perso ma visite au musée de Rodez: 1 et 2 et à ConquesBonne journée.
Bisous.-
Mardi 25 Juin à 08:49
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le mauvais temps nous oblige à la lenteur, maussade comme l'âge avançant, les pluies noient le ciel et la terre, nous obligeant à freiner nos élans ...
il ne serait plus possible de nos jours de rester plusieurs séances assis quand la fin du film provient ... autre temps béni que jadis ...
amitié .
Tu sais moi je suis lente quel que soit le temps (et le mauvais temps ne me rend pas spécialement maussade !)
Tu as raison, on ne peut plus faire ça maintenant ... on ne peut plus faire plein d'autres choses non plus d'ailleurs, et inversement on nous oblige à tant en supporter dont on aimerait se passer !
Merci.
Amitié.