• éKlats 26/52 - 1/3

         

     

        Avant qu'un clac ne prive d'électricité tout mon quartier pendant une bonne -ou plutôt une mauvaise- heure, je regardais à la télé un bout d' "Un homme et une femme". Un dialogue entre les protagonistes m'a troublée par la résonance que j'y ai sentie avec ce que j'écrivais de mes années de jeunesse et ma tentative alors de dissoudre ma tristesse dans les salles noires des écrans de cinéma :

    L'homme : Dans la vie quand une chose n'est pas sérieuse on dit "c'est du cinéma". Pourquoi ? Vous pensez qu'on ne prend pas le cinéma au sérieux ?
    La femme : Je ne sais pas moi. Peut-être parce qu'on y va quand tout va bien.
    L'homme : Alors vous pensez qu'on devrait y aller quand tout va mal ?
    la femme : Pourquoi pas ?

     

       Une paire d'heures avant, c'était l'avant-dernier cours de Pilates et nous n'étions que trois. Autant dire qu'elle nous a bien fait souffrir, enfin bosser, enfin les deux.

     

    éKlats 26/52


       Crevée affamée je me suis arrêtée ensuite chez Beata manger des pierogis, une façon goûteuse et tendre de me replonger dans les souvenirs culinaires de ma Bronislawa de mère en allée.
       Dans ce petit restau de quartier, une fille parlait de sa mère, justement, racontant qu'elle rentrait d'Italie, où elle avait passé quelques jours avec elle. J'ai senti alors monter en moi des larmes de culpabilité, que j'ai essuyées d'un brusque revers de main. Les regrets ne servent à rien. Bien sûr j'aurais aimé lui faire revoir son village polonais d'origine, mais je n'ai en fait jamais aimé voyager, en tout cas en organisant ce genre de choses dont je suis parfaitement incapable. Alors j'espère qu'elle ne m'en veut pas, si quelque chose d'elle existe quelque part, une perception inexplicable et inexpliquée, quelle qu'elle soit.

     

        J'aimerais savoir ce qu'est le courage. Le mot vient de cœur : je ne trouve pas que les deux expressions, avoir du courage, avoir du cœur, soient synonymiques. Comment a-t-on dérivé d'un sentiment certes compatissant à un comportement parfois extrême dans certaines situations. Ai-je manqué de courage dans ma vie ? D'engagement ? Est-ce que n'avoir pas montré assez d'amour à ma mère, ne l'avoir pas assez défendue contre l'adversité, toutes, y compris contre elle-même, fait que j'ai manqué de courage ? Je ne m'apitoie pas sur mon sort en écrivant cela, je m'interroge, c'est tout. C'est tellement curieux la façon dont on analyse le passé perdu à la lumière de notre esprit présent d'adulte avec son stock d'histoires vécues, son tombereau de vies ; on en habite tellement, des vies successives ...

     

    éKlats 26/52

     

        il y a ce thème lancinant, encore, dans le film évoqué, et que j'aurais voulu trouver, ce qui n'a pas été le cas ; s'y joint dans mon souvenir l'image d'un bateau lent glissant le long d'un quai, mélancolique et sans but visible, un peu comme le sont ces lignes.

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 26 Juin à 09:29

    J'    ai    souvent    un    sentiment    de    trouble,        de   malaise   en  regardant       un     film !

    J'    ai    du   mal      à     comprendre    ces   acteurs      jouant     un     rôle,   le    rôle    qu'on    leur    demande !

    Jamais      ne     ne   pourrais   leur   faire    confiance !

    Né   dans   une    petite      ville   près     d'   Hambourg,    Ma   mère   moi,   et   plus   tard      mes    soeurs     y  retournions   tous    les   ans    pour  les   vacances,     et    j'   ai   encore    en   tête    ces   longs   voyages  en  train     à  vapeur,   avec     une    formidable      locomotive !

    Puis  nos  grands   parents    sont  venus  habiter      chez   nous,    dans   les    corons !!

    Comme     tu     vois,    on  ne   décide   pas    toujours    du   présent    et    de    l'   avenir !

     Passe  une   bonne     journée

     Amitié

      • Mercredi 26 Juin à 23:47

        C'est inattendu ce que tu racontes des acteurs... C'est vrai que parfois de quelqu'un, dans la vie, quand il ment, on dit ; "Quel comédien !" Mais en réalité, le métier ne change rien à la personnalité/au comportement dans la vie. Et puis il y a aussi une école selon laquelle  dans une pièce il faut être soi (et parler comme si on disait ça, dans les mêmes circonstances, dans la vraie vie). Il y a un live de Diderot (je crois) qui titre : Le paradoxe du comédien ... depuis le temps que je me dis que je vais le lire ...
        Moi aussi j'avais de la famille émigrée e  Pologne dans les corons (à Libercourt) : je les ai perdus de vue il y a bien longtemps hélas.
        Il y a effectivement des tas de choses qu'on ne décide pas ...
        Bonne nuit.
        Amitié.

    2
    Mercredi 26 Juin à 11:12

    Que ne sommes nous pas allés en Australie plutôt que de rentrer en France ? Quand on a quitté Saïgon...

    Peut-être que le travail aurait payé...

      • Mercredi 26 Juin à 23:48

        C'eût été sans doute une bonne idée ...

    3
    patrick
    Mercredi 26 Juin à 16:58

    Je me demande si la notion de courage  et son origine de Cœur, ne tient pas plus du côté "Cardio" de la chose ?

    Des expressions comme Y mettre tout son cœur, mettre du cœur à l'ouvrage ... renvoient , à mon sens , plus à la notion d'énergie , d'augmentation du rythme....etc, etc ... que de notion d'un amour ? On peut sans doute mettre tout son cœur , à travers un sac de frappe, a la destruction symbolique de quelque chose qu'on déteste, voire de quelqu'un .

      • Mercredi 26 Juin à 23:50

        Ce paragraphe que j'ai écrit est un peu confus pour moi-même, et c'était une queue de comète de fin de page qui a surgi sous ma plume virtuelle et que j'ai conservé, mais je ne suis pas sûre que j'aie écrit là quelque chose de fort intéressant, car confus ; merci pour ton commentaire.

    4
    Mercredi 26 Juin à 17:49

    Le courage, c'est quelque chose qui se prend à deux mains. Il est d'ailleurs de notoriété que les manchots n'ont pas de courage, parce qu'ils le laissent tomber. Alors il est évidemment absurde de leur souhaiter bon courage.

     

    Bon, trêve de bêtises. En dehors du moment où il est découragé pour diverses raisons, l'être humain ne manque pas de courage à chaque instant de l'existence. Avoir la force de vivre tout simplement. Le courage n'est pas une valeur morale, c'est juste une ressource dont on dispose à chaque instant.

      • Mercredi 26 Juin à 23:52

        ;-) ... parfois je t'imagine, façon  british, à dire ce genre d'histoire avec un masque très placide (du museau, warf !)

        C'est vrai que vivre, déjà ... !

    5
    AniLouve
    Mercredi 26 Juin à 20:22

    Que serait le courage sans le coeur ? Quelle raison aurait-il d'être ?

      • Mercredi 26 Juin à 23:53

        Certes ! Ce serait virtuel, ou une sorte de machinerie ...

    6
    Vendredi 28 Juin à 11:48

    J'aime beaucoup cette photo de la Marne, traitée en sépia vaporeux, un côté photo d'aventure et de "colonies" telles qu'on pu en rapporter les explorateurs du banquier Albert Kahn !

    On ne peut pas tout recommencer, le temps est compté, reste les regrets (tant que ce n'est pas des remords) qu'il n'est pas bon de trop faire remonter à la surface du courant de notre petite rivière personnelle !

    Bonne journée.
    Bizzz.

      • Lundi 1er Juillet à 19:24

        En fait c'est la Seine à cet endroit. Mais j'aime ce que tu en dis.
        Je pense que j'ai des regrets et des remords !
        Merci pour ton joli commentaire.
        Bonne soirée.
        Baisers.

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