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AVEC LES YEUX (43)
A comme AUTOPORTRAIT (au reflet)
cliquer sur le reflet pour traverser le miroir
Les couleurs du ciel, à cet instant précis, me faisaient rêver et j'ai voulu fixer ce moment : j'ai pris la photo très vite, sans cadrer, sans réfléchir, à travers un écran de verre. Du coup, si on ne voit pas l'oeil du Krop, on voit celui de l'appareil, ce qui, in fine, revient au même, car c'est à celui-là qu'on "délègue" notre regard. Le flou, la posture des mains devant le visage fait du personnage un être étrange et presque monstrueux, c'est en tout cas comme ça que je le vois.
Je ne l'aime pas beaucoup parce que je n'y comprends pas grand-chose - trop intello pour moi - mais je suis amenée, ces temps-ci, à "fréquenter" Roland Barthes. Dans La Chambre claire, il écrit : " J'ai reçu un jour d'un photographe une photo de moi dont il m'était impossible, malgré mes efforts, de me rappeler où elle avait été prise. Et cependant [...] je ne pouvais nier que j'avais été là. [...] Cette distorsion entre la certitude et l'oubli me donna une sorte de vertige". Pour une fois que dans ces lignes je trouve quelque chose de ce "sentiment", je le reprends à mon compte : cette photo est très récente, mais si je sais que c'est moi, je ne parviens absolument pas à me souvenir où je l'ai prise. Tant pis ! Je ne veux en garder, au milieu du flou de mes souvenirs, dans un océan de ciel bleu, que cet instant magique d'une ligne rose à l'horizon, comme une promesse d'aurore.
Tags : autoportrait, roland barthes la chambre claire, promesse d aurore
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Commentaires
J'aime autant la photo que le texte d'accompagnement. Pas toujours très digeste, Barthes. :)