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éKlats 43/52 - 2/2
(Ne jamais abandonner trop longtemps le fil d'un récit, même si le temps nous déborde. Mais voici, enfin, la suite et fin -parce qu'il faut bien se décider in fine de ce qu'on publie, même en écourtant, sisi !- de notre petite virée de vie amicale entre filles de la semaine dernière)
Vendredi : je me réjouissais à l'avance de l'expo sur le surréalisme à Beaubourg (mon endroit préféré de Paris). Mais avant, petit tour pour se régaler le stomago : pour ce dernier repas en commun, ce sera chez Dame Tartine, en face de la fontaine habitée par le souvenir artistique de Niki de Saint-Palle et Jean Tinguely.
Énorme expo en taille (là, ça les valait largeus, les sous) organisée par thèmes. Pas mal de monde à l'entrée, et puis effilochage progressif dans des salles assez grandes : bien foutu et vraiment, vraiment intéressant, qu'on aime ou pas d'ailleurs, car très diversifié ... d'autant qu'on nous a épargné l'infâme urinoir de Duchamp. Et même si la majorité des toiles (Masson, Brauner et autres très hurluberlus) n'est pas ce que je préfère, la fantaisie était au rendez-vous, l'étonnement aussi. De plus, les expos, ça me fait faire des photos ... des gens, et ça, bien sûr, c'est plusplus !
Piocher dans cette manne pour en faire cette page n'a pas été une sinécure, alors ce sera à la va-comme-je-me-pousse, au gré de séries qui me parleront plus que d'autres, de reconnaissances, d'étonnements, de découvertes étranges pour moi, d'attitudes de gens à avoir envie de fixer grâce à mon œil ... de métal.
Vous me suivez ? C'est par ici :Dorothea Tanning, Portrait of family, 1954
Que retient-on de ces expos obèses, que choisit-on de garder en tête et en images et pourquoi ? Certaines œuvres nous parlent particulièrement, de la même façon que certaines personnes privilégient ce qu'elles connaissent, quand c'est l'inconnu qui en attire d'autres. Moi, je ne suis pas (assez) curieuse je crois, et je m'attache à ce qui me constitue déjà. Ne serait-ce pas le cas de ce tableau ? ... amis de la psychanalyse, bonjour !
J'ai été étonnée de cette découverte mais j'ai retrouvé Kertesz sur un des murs ; certes, ces Distorsions (1933) ne sont pas, loin s'en faut, ce que je préfère de l'œuvre du photographe, mais voir quelques photos lors de l'exposition m'a fait plaisir. Il y avait du Brassaï aussi, mais en des photos qui pour moi n'avaient rien à voir avec le surréalisme, même s'il était dans la partie illustrant la nuit, un des thèmes du mouvement.
Des familles, des ami(e)s, des couples et des solitaires de tous âges dans cette expo. Peu de bancs, comme d'hab, mais quand même, et une certaine bonhomie, un intérêt commun qui m'ont fait plaisir à constater, à partager. Pas de hauts cris, même parmi les enfants, pas d'agressivité. Su-per !
Photo prise dans la salle "Au royaume des mères" : ça m'a amusée.
Matha, La pierre philosophale, 1942
Je ne sais pas ce qui m'a retenue dans ce tableau, mais il m'a fort intriguée ; je le trouvais à la fois abstrait et figuratif, et m'évoquait de nombreux correspondances et liens. Avec quoi ? Va savoir ! Les balbutiements de l'évolution d'une œuvre ? Ses strates ? Un rapport graphique avec des objets, des attitudes existantes ? Des mouches de pêche, un instant, dans mon interprétation ? En tout cas, pour moi, peut-être, la mouche du coche !
Curieusement, alors que c'est un jeu que j'aime bien, je n'ai pas pris de photos de cadavres exquis, avec des mots. Cette particularité ludique, j'en ai déjà parlé et je l'ai illustrée dans ce blog : si vous voulez (retourner) voir, c'est en cette page-ci, ou, avec une autre approche, décalée, en parcourant celle-là.
En revanche, j'ai photographié des dessins en principe, faits selon le même mode, mais ce que je n'avais pas remarqué et qui maintenant me frappe, c'est que ... ce n'en sont pas, en tout cas je doute fortement : pourquoi ? Hé bien :
... même en utilisant le même crayon, si l'on observe les pliures et les raccords, ça suit quand même pas mal non ? Je peux me tromper, mais quand on joue à ce genre de trucs, en principe, il n'y a pas une sorte de, comment dire, cohérence, de suivi ...
Et la même chose avec les autres :
Dans les rêves
Leonor Fini, Extrême nuit, 1977
Cette artiste peintre fut de mes amours artistiques adolescentes marquantes. J'adorais sa peinture onirique, j'avais une admiration sans borne pour cette femme forte, fantasque, rebelle, originale (même si souvent ce genre de personnes est probablement insupportable à vivre). Je crois que j'aurais voulu avoir ce talent, et ce que je supposais être LA liberté incarnée.
Hans Bellmer, Poupée
Quand j'étais jeune (allez, post-ado), Clovis Trouille ou Hans Bellmer me plaisaient beaucoup (sans doute par un certain goût de la provocation) ... maintenant même si je trouve ça un peu glauque, je trouve ça drôle aussi, comme de l'art au second degré ... ouais, cette façon de faire m'amuse, et je ne parviens pas à prendre ça au sérieux, ce qui, somme toute, peut être le but de la chose !
Quelquefois, par hasard, les gens sont raccord-quelque chose, pour moi, avec ce qui est devant eux :
Je pourrais ajouter bien des images encore, qui ont attiré mon attention, qu'elle soit négative ou positive, mais je souhaite rendre ma copie avant qu'elle ne devienne roman-fleuve et que vous vous y noyiez, et moi avec. Alors il nous faut quitter le sixième étage, et ne pas repartir sans passer par le sous-sol et l'expo photo de Barbara Crane. Là encore, je me limiterai, car plusieurs séries ont été mises en valeur. Un(e) photographe suit souvent des thèmes personnels, fait des expériences successives : de celle de cette femme, j'en retiendrai deux, celle-ci, même un peu transformée par les reflets :
La chambre photographique a été positionnée face à l'entrée du Musée des sciences et de l'industrie de Chicago (1970-1971)
... et celle-là :
Private views, série de polaroïds mettant en regard des visiteurs de la foire de Maricopa, en Arizona (1979)
Beaubourg, c'est aussi, en plus des images intra-muros, une vue incroyable sur le paysage parisien alentour, et, en plongeant le regard sur le contrebas, la mesure de notre mesure de fourmis ou de cigales sur le plancher des vaches et les pavés disjoints du monde. Et quand on voit le monde, de haut, la vie paraît si légère ...
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Commentaires
Déjà Beaubourg je n'aime pas, et tu le sais, pas non plus le contemporain et le moderne !
J' imagine que si j' étais entraîné dans ce genre d' expo, je passerais beaucoup de temps à observer les visiteurs, un peu comme toi !
J' ai un peu de mal à croire que les artistes expriment leur onirisme, et si je me trompe, je n' aimerais pas les côtoyer !
Par contre je t' aurais volontiers accompagné chez dame Tartine !
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Samedi 2 Novembre à 11:15
Mais oui, je sais, même si je ne comprends pas bien à quel peintre ni à quelle année s'arrête ton admiration.
Regarder les gens, c'est au moins aussi intéressant que regarder l'art. Et cela, à quelque endroit que ce soit.
Je ne comprends pas pourquoi ils ne le feraient pas ! Quant à les côtoyer, c'est autre chose. J'admire bon nombre d'artistes que je ne supporterais sans doute pas en vrai.
Manger est un grand plaisir pour moi ; Dame Tartine fut un bon moment gustatif.
Et merci pour ce tableau qui me plaît : ce serait bien que tu m'en donnes le titre, l'auteur, l'année, car cet anonymat est frustrant. -
Dimanche 3 Novembre à 09:01
là il s' agit de Emile Rau, né en 1858, mais peu importe pour moi la période, ce qui m'importe c' est que le tableau soit au plus proche d' une photo retouchée
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Dimanche 3 Novembre à 09:49
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3patrickDimanche 3 Novembre à 07:13Ta dernière photo, celle d'une des visions qu'on peut avoir depuis le haut de Beaubourg, m'évoque tant et tant de souvenirs ..... Quand j'allais a Paris une fois par moi (vers 15/17 ans) j'allais a Beaubourg en premier, ensuite faire le plein de Disques à la Fnac Sébastopol, Radio Pygmalion en face . Idem quand j'y ai passé 9 mois de formation en 1986/87. Mon plaisir était de prendre ces escalators extérieurs te de regarder. très peu de visites a l'intérieur, sauf l'expo Hergé , il y a longtemps, et la partie bibliothèque en 1987. Merci de raviver ces souvenirs visuels ou se laisser porter vers le haut me faisait penser aux images des escalators de Roissy 1, qui partait vers les infinis.
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Dimanche 3 Novembre à 08:33
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Bof, bof pour moi les surréalistes, encore que, peut-être moins pire que la peinture italienne du XVIème ... :-(
Bon, bon Dame Tartine ... :-)Merci pour les photos de Barbara Crane, ça me donnerait envie s'il ne fallait pas supporter l'attente de Beaubourg ... :-(
Belle vue du haut des escalators du musée, toi qui as le vertige, tu réussis souvent de belles prises depuis ce lieu !
Bonne soirée.
Bises.-
Dimanche 3 Novembre à 20:59
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j'aime beaucoup " la pierre philosophale "... ces grandes expos: un bain de culture qui enivre
Si je te l'ai fait découvrir, tant mieux.
Je confirme, c'est enivrant.
Merci pour ce passage.