Mercredi 31 MAI

   Une autre fois, à cette même galerie Polka, j'avais déjà beaucoup aimé ses photos et particulièrement l'endroit où il les avait prises.

  J'ai trouvé le même attrait, à nouveau, pour l'œuvre de Joël Meyerowitz.

JUIN

 Jeudi 1er

   Les gens, la responsabilité, l'instinct, tout ça ...

   Je rentrais de la répète, troublée et inquiète un peu -même si finalement les comédiens me semblent aussi être des chats qui retombent sur leurs pattes- par les tergiversations ultimes mais récurrentes du metteur en scène qui transforme encore et encore, à une semaine de la représentation ... et aussi par le fait que ce même Rodrigue de ma scène-Chimène-Va-je-ne-te-hais-point, ne sache toujours pas son texte ... J'allais, sur le trottoir, et j'ai immédiatement senti une tension étrange, croiser trois personnes, deux types qui se donnaient la main, et une fille. Une image m'a traversée : celle des "Nuits fauves" et de la jalousie de la fille en souffrance. Mais ce fut très fugace. D'ailleurs les types se sont lâché la main et lui ont parlé, un peu fébriles (m'a t'il semblé). Ils se sont tus à mon approche. Quand nous nous sommes croisés, la fille était tout près de moi, et son regard vers le mien mangeait toute sa figure. Elle pleurait. J'en ai été  bouleversée. Je me demandais si elle avait honte que je la vois dans cet état, ou si elle appelait mon aide. Ils ont continué leur chemin et moi le mien, très mollement. Je me suis retournée, sur la défensive, méfiante, guettant des éclats, des gestes violents. Ce n'était pas le cas mais il y avait quand même quelque chose, je ne sais pas, des invectives à la fille, un truc négatif. Ils étaient assez loin maintenant, devant la porte d'un petit immeuble, et ne rentraient pas. Je ne bougeais pas, je les regardais. Et à un moment, un des types m'a dévisagée, et je crois même qu'il m'a dit quelque chose, pas content ... J'ai fait semblant de m'éloigner puis je suis revenue sur mes pas mais ils étaient entrés dans le bâtiment. Fallait-il que je m'en approche ? Je ne l'ai pas fait. Et c'est un endroit où il y a plusieurs appartements ... avec beaucoup de voisins ... je me suis reposée là-dessus, pas tranquille mais fallait-il que j'agisse ou pas, auparavant, devant le silence lourd de la fille, et pour faire quoi ? Cet épisode m'a laissée mal à l'aise, et j'y pense encore, me demandant où commence et finit la lâcheté et la raison. La sécurité, peut-être, en plus.

Vendredi 2 juin

    Tombée sur un reportage des îles en Suède, de la scolarité des enfants dispersés sur l'archipel, et d'une cérémonie en hommage à sainte Lucie, un manège d'images du voyage que j'y fis m'est revenu en tête avec émotion.

*

 Les gens, les enfants, l'impolitesse, la provocation débile à deux balles, tout ça.

    Sur le chemin de la clinique de Bercy, deux gamins enjoués faisaient de la trottinette sur le trottoir. Le temps que je m'étonne de l'habillement chaud d'un des deux alors qu'il faisait plein soleil, j'ai vu passer en trombe un autre garçon et les traiter de p'tits pédés, avant de partir en courant.

Samedi 3 juin

   J'ai avant-hier (dans ma résidence secondaire, là-bas), évoqué, via une photo et un peu dans les commentaires, l'art brut, et découvert aujourd'hui sur arte-tv un documentaire que je vous engage vivement à regarder, si l'art ET le cerveau vous intéressent : j'y ai en ce qui me concerne pris beaucoup d'intérêt.

Dimanche 4 juin

   Hier soir, je me suis (encore !) endormie au bout d'un quart d'heure de diffusion du policier franchouille de la trois (avec toujours le même cadre et les mêmes ficelles pour l'attacher) mais que je voulais voir parce que sommeiller ne fait rien manquer, puisqu'on peut revoir en rattrapage, et que ça se passait à Mulhouse, ville où j'ai de bons souvenirs de mon vécu Grand Est, à Nancy mais aussi assez largement autour. J'ai regardé le truc ce matin après le petit-dèj, et ai apprécié particulièrement les vues de l'usine (démantelée) de potasse qui a laissé des reliefs urbex que je trouve très graphiques. Triste que les usines de toute cette partie du pays aient péri et le travail qui va avec, avec, mais j'ai toujours la mélancolie heureuse à la vue de vieilles usines ou bâtiments industriels qui toujours ou presque, m'émeuvent beaucoup.

*

  Sortie faire quelques emplettes, j'ai marché en plein soleil sur le pont. Je me suis, pour la quatrième fois en magasin, irritée (un peu) contre l'achat forcé de packs de dix ou douze canettes de panaché alors que j'avais envie d'un seul, mais non, je ne marcherai pas dans la combine. Qu'ils gardent leur camelote. Je ne me suis pas consolée en voyant qu'ils avaient en revanche des glaces framboises-chocolat blanc comme j'aime, et j'ai résisté, héroïquement ... on verra jusque quand : c'est comme pour tout, encore un jour, encore un jour ; les petites victoires, c'en sont quand même ...
  Au retour, bien dans mes baskets nu-pieds, marchant lentement en écoutant ma paix intérieure, je mesurai la chance énorme d'être là, vivante, sans aucune douleur à ce moment donné, offert, pensant à celles et ceux que j'aime, si bien blottis dans  mon cœur et mon amour, et les espérant dans le même état d'esprit que le mien. Il ne manquait qu'une chose à mon bonheur : TA présence à mes côtés, là, en cet instant. Et je souhaitai alors que ta mère, que tu vois aujourd'hui et serreras dans tes bras pour lui souhaiter sa fête, se rende compte de la chance qu'elle a d'avoir un fils tel que TOI.

  Et moi ... j'ai de douces et limpides pensées vers la mienne, symboliquement, en ce cœur posé quelque part.