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    Le stage

      À quel moment bascule-t-on de la volonté du repli à celle du besoin de se montrer ... se montrer à travers des mots, encore et toujours ... Quel est le déclic qui fait que l'on veut habiter un texte, l'incarner ?
    Est-ce parce qu'on supporte assez son corps, qu'on ne le voit pas, plus comme un ennemi, qu'on accepte d'en jouer, ou parce qu'on est devenu assez bien dans sa tête, pour que le corps puisse devenir un support simple?
    Je ne sais pas. J'ai fait du théâtre très tard, j'ai tout fait très tard dans ma vie, je suis une personne lente, ou tout au moins j'ai besoin de lenteur, de maturation, pour évoluer dans certains domaines. Il serait temps, à mon âge, certes, mais même si ce n'est pas religieux, je pense de plus en plus que tout, TOUT, a un sens ... même si, évidemment, j'ignore lequel ...
    Tout ça, je me le pensais à l'idée de faire ce stage de théâtre un week-end passé, avec le groupe de notre cours, dans son entier. Hors la ville, hors tout court. Comme une parenthèse. Une vraie. Je parviens à vivre en cases étanches dans ma vie : ça facilite le vécu de certaines situations, ça empêche la résolution d'autres ; on fait comme on peut avec ce qu'on naît, ce qu'on est, ce qu'on n'est ...

     C'était mon premier exercice du genre : impros ; travailler le corps, visage neutre ; travailler le regard, presque seulement lui, et juste quelques gestes essentiels. On s'investit, naturellement, et bien plus qu'on ne l'imagine sur le moment. Le lendemain, j'étais lessivée, et je me suis demandée si j'étais la seule... non, c'est normal... et je ne sais pourquoi ... parce que dans la vraie vie aussi, on s'investit beaucoup, et souvent. Je reste candide. Il est vrai que je ne me pose pas de questions. Je vis cette expérience du jeu et de la vérité parce que j'en ai besoin, mais je ne sais pas pourquoi ni de quoi ... oui ça m'apporte quelque chose, mais j'ignore quoi.

    On regarde. On écoute. On rit. On pleure. On sent, les yeux fermés, des présences. On transpose. On invente. On décale. On se rappelle. On joue. On ne joue pas. On est seul. On est ensemble ...

     

    Le stage

    (Vous êtes sur un quai ... un bateau part ... il emporte une personne qui compte ... vous savez que vous ne la reverrez plus jamais)

    Les sentiments, les ressentis, les exercices ... tout s'additionne ... journée en pleins et en déliés.

    Le stageLe stageLe stage

     

     

     

     

     

    En silences et en rires. Vie de groupe. Partages.

     

    Le stage

    © l'Oeil du Krop ...  photos prises à la volée ... cliquez dessus si vous voulez vous approcher...

     

     

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 22 Avril 2018 à 07:25

    Je note la seconde photo. A cause d'un détail. Des cinq personnes, une seule ne tend pas le bras, mais la pose sur sa poitrine. Un excellent rendu pour la peine éprouvée, plus intense que ces bras tendus. On sent qu'elle a le cœur serré, qu'elle étouffe. Les bras tendus ressemblent au cri "reviens", mais il s'agit là d'un geste qui refuse la réalité, comme il s'accrochait à l'espoir. En revanche, cette main exprime le désespoir le plus intérieur, le plus douloureux parce qu'elle n'a rien à quoi s'accrocher désormais. L'espoir, c'est cette petite lueur qui permet d'avancer et là il n'y en pas.

      • Mardi 24 Avril 2018 à 13:29

        Un commentaire fort judicieux. Nous avons toutes et tous fait cet exercice. Céline est la seule qui ait eu ce geste.
        (Quant à moi, je tendais les deux mains)

    2
    Dimanche 22 Avril 2018 à 07:37

    vivre son intériorité ... sans complexe ce n'est pas chose aisée ... et pourtant quand on y parvient comme on se sent bien ... 

    chaque chose prend son temps pour qui prend le temps de vivre !

    amitié .

      • Mardi 24 Avril 2018 à 13:30

        Tout demande du temps  (enfin, quand on n'est pas en situation urgente vitale...)! Amitiés.

    3
    Dimanche 22 Avril 2018 à 09:26

    Ravi de savoir que tu ais fait ce voyage. Le masque neutre c'est quelque chose.

      • Mardi 24 Avril 2018 à 13:31

        Et tu sais de quoi tu parles, comédien !

    4
    Dimanche 22 Avril 2018 à 21:36

    Ai-jamais eu des problèmes avec mon corps ? Je ne sais pas.Quand j'étais jeune, je ne crois pas. J'ai alors fait partie d'une troupe de clowns (je jouais l'Auguste qui se prend tout le temps des coups de pied au cul) et j'ai un moment fait du théâtre. Et puis le boulot est arrivé, je me suis marié et j'ai abandonné tout ça. Recommencerais-je aujourd'hui ? Je ne crois pas. Le trac ? Sans doute pas. Le manque d'envie, je pense. Et l'âge ... A plus. Florentin

      • Mardi 24 Avril 2018 à 13:32

        L'envie est bien sur l'élément essentiel. L'âge ? Pour moi, c'est l'inverse, ça n'ôte rien ... au théâtre ! :-)

    5
    Lundi 23 Avril 2018 à 05:16

    Un autre aspect de la chose. Pourquoi pas ? Jamais trop tard. Vieillir, c'est ne plus découvrir.

      • Mardi 24 Avril 2018 à 13:33

        Sage vérité Mario !

    6
    Lundi 23 Avril 2018 à 08:54

    Par l'intermédiaire d'un blog, le partage d'une expérience... Emouvant, parce que des mots (en confidence) tellement sincères... Merci Nikole. 

      • Mardi 24 Avril 2018 à 13:35

        Je retiens le mot "partage". Positif. Là ?
        Maintenant, je me pose régulièrement la question de la limite de l'intime dans les blogs, de la pudeur, de... de bien des choses :-)

    7
    Lundi 23 Avril 2018 à 13:07

    Formidable cette idée du masque blanc pour mobiliser en soi SA vérité profonde, je comprends que ça demande beaucoup d'énergie, il t'a fallu faire un ménage intérieur pour balayer des conditionnements et le ménage, c'est fatigant ! Tu vas être riche de ce nouveau, c'est formidable, la saison le demande... Bises.  brigitte

      • Mardi 24 Avril 2018 à 13:36

        Joli commentaire, Plume... Ce type d'exercice est très particulier, et riche, comme tu dis. De soi, et des autres. Bises.

    8
    Mardi 24 Avril 2018 à 08:13

    Au fond c'est peut-être ça vivre, vivre vraiment, jouer, comme des enfants, naïfs et concentrés, appliqués à faire au mieux, pas pressés de voir arriver la récré, jouer à si c'était, jouer à tu serais... je serais... Rêver plus haut que le quotidien qui nous est présenté et vivre mille vies en une... S'ouvrir au monde, à l'autre, aux émotions, sans rien en craindre... Oser jouer, oser ses désirs et ses rêves secrets, ses émotions intimes, ses élans tendres... Alors bien sûr, c'est épuisant, mais l'énergie a quelque chose de magique, tu verras, plus on l'utilise pour se faire du bien, plus elle croît, plus on la redistribue aux autres, et plus ils nous en renvoient...

    Baiser heureux pour toi :-)

      • Mardi 24 Avril 2018 à 14:22

        C'est drôle, ce que tu écris, parce que figure-toi que quand j'étais gamine, je détestais ça, les "on serait", en tout cas en le verbalisant. Je ne voulais pas de "mise en scène". Et quand on "jouait" à quelque chose, je disais qu'on "jouait à la vraie vie" ... De l'impro, en somme.
        Et ... oui, l'énergie a quelque chose de magique, et l'épuisement aussi, qui témoigne de l'intensité du vécu antérieur à lui :-)
        Merci. Je t'embrasse.

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