SANS ENTRAIN (8)

Rouvrir Cayenne

Pendant que placidement, on regarde dans le ciel des feux qui ne nous font même plus rêver, sur terre continuent de courir, invisibles tant qu'ils n'éclatent pas en plein vol, les miasmes diaboliques de la terreur et de la folie. Inutile d'avoir peur, car il faudrait avoir peur à chaque endroit et à chaque instant, alors à quoi bon, ou à quoi mauvais ? Petit manque d'entrain et je finirai par casser la télé et vivre en ermite. Ne pas se laisser gâter l'esprit par toutes ces paroles entendues, et sur lesquelles on finit toujours par tomber même quand on les évite, par les nouvelles en boucle, où les "journalistes-animateurs" se gargarisent avec des formules récurrentes, répétant avec gourmandise des mots comme décapitation, et s'étonnant sur un ton sucré, calmement, CALMEMENT, de l'âge de déjà criminels et terroristes en puissance de seize ans, alors que moi j'ai envie de hurler. Mais qu'ils ferment donc leur gueule, une bonne fois, partout, comme s'il ne se passait rien, tiens, et surtout sans nous faire croire qu'ils vont faire quelque chose. Les paroles n'ont jamais changé le mouvement des marées. Qu'ils ferment leur gueule. Que la nuit soit noire et le silence épais. Demain un autre jour, et l'espoir qui peut-être renaît. REPOS ! Fermons les yeux un instant, et que ce soit pour autre chose que mourir.

 Le crève-©oeur du Krop