• KroniK 62 (2023-semaine7)

     

    KroniK 62 (2023-semaine6)

     

    Lundi 13 février

        En me rendormant sur le petit matin, je ne pensais pas que mes songes seraient si lourds et si profonds dans la phase précédant l'éveil suivant. Rétrospective en deux temps.

     

    KroniK 62 (2023-semaine6)



        - J'arrive au théâtre1 et le cours est commencé. Je m'y glisse "naturellement". "Elle" m'a accueillie avec un sourire. Ce n'est qu'au bout de quelques instants que je m'aperçois qu'il est impossible qu' "elle" (Sylvie, notre ancienne metteuse en scène) soit là, puisqu'elle est morte il y a plus d'un an. En m'approchant, la substitution est frappante, même rondeur, même coupe de cheveux soignée grise ... si ce n'est, dans le visage, une légère différence, quelques rides "supplémentaires" qui froissent un peu sa joue ... Et je comprends que Didier (son mari, notre metteur en scène actuel) a installé un clone dans sa vie ! Rideau !
        - Je me retrouve, avec d'autres gens, dans un appartement HLM que j'ai habité dans la banlieue nancéenne. Je suis partie il y a deux ans et le lieu est resté inhabité depuis, accumulant poussières et détritus. L'ascenseur est pourave et déglingué. Dans le couloir palier, des haillons traînent devant ma porte. "ex-chez-moi", c'est sale, incrusté de crasse partout. J'ai honte, je ne sais comment m'excuser auprès des convives, ou que je crois tels, en train de rigoler en lisant des journaux, et bien plus à l'aise que moi. Je m'isole dans la cuisine vide, bétonnée, tout en grands angles, je lui trouve un charme industriel fou, j'inspecte "mes souvenirs" ; comme dans "Les choses", de Perec, je me dis que si j'étais restée là il y avait sûrement une jolie façon de vivre, en changeant juste quelques petites choses dans ma façon de faire. J'ouvre alors un immense placard en hauteur, et tout son contenu, sacs en vrac remplis d'objets de toutes sortes, verres, lampes, s'abat sur moi ...

     

    Mardi 14 février 

     

    KroniK 62 (2023-semaine7)

     

        Ce matin, à ma fenêtre sud, un brouillard tellement opaque ! Une vue que j'aime beaucoup. Mystère et approximation des mondes ! Songes impalpables !

    *

        Je me suis laissée aller à regarder un bout de film nunuche, parce que la tête de la comédienne me disait quelque chose. Et j'ai compris, c'est, grandie, la petite Claudia de "La vie à cinq", qui passait le samedi midi ; j'allais chercher mes filles à l'école, on rentrait et on s'installait mollement devant du poisson pané et du riz à la tomate en regardant notre feuilleton, chez nous trois, avenue de Boufflers. Curieusement, et peut-être est-ce parce que les souvenirs lumineux supplantent parfois les autres, je ne vois le salon, à ce moment-là, que baigné de lumière, et à l'abri de tous les malheurs. Ce souvenir-là m'est tendre, même si la vie, alors, était pour moi loin d'être simple. 

    *

         Je m'en fous que ce jour soit commercial, je veux quand même célébrer la fête des amoureux, comme j'aime célébrer les anniversaires, de naissance, de rencontre. Bien entendu que quand on aime, on aime tous les jours, mais pourquoi ne pas  dessiner comme un point d'orgue dans une portée, un refrain commun à une chanson qu'on aime. Alors oui, petit restau, tes yeux dans les miens, mes yeux dans les tiens.

    *

       Agréable de pouvoir aller au restau à pied. C'était plein, de tables de deux, bien sûr. Le timing fut incertain : entrées arrivant en plein apéritif (et serveuse étonnée que nous demandions le vin pour lesdites !) mais le risotto-thon-gambas était délicieux et nous avons découvert un vin blanc très sec et fruité qu'on ne connaissait pas, clair comme de l'eau, le mus cat (ouioui, en deux mots).

     

    KroniK 62 (2023-semaine7)


     

    Mercredi 15 février

       Le plaisirs des petits-déjeuners tardifs en parlant de tout ! Vive les retraites ! et tous les quatorze févriers quotidiens du monde !

    *

     

    KroniK 62 (2023-semaine7)

        J'ai eu envie, plus tard, d'un gâteau-cœur-amoureux à se partager. Il n'y avait que celui-là au chocolat et certes,il m'a tentée et je me suis laissée aller à le prendre, mais en fulminant intérieurement que le mot "love" soit utilisé plutôt que celui d' "amour" ... dans une pâtisserie française quoi !
       Il était bon, heureusement, mais quand même !

     

    Jeudi 16 février

        Parce que j'avais eu une douleur peu forte mais tenace une partie de la soirée sur le sternum, j'ai pris un demi-somnifère pour l'oublier et bien dormir. Le réveil était un peu plombé et mon esprit encore plein des images de songes d'une présence inouïe. Dans un parc public un concert, une chorale : Tout le monde a un truc sur la tête et de loin ça empêche de bien les voir chanter. La maîtresse de chœur doit le percevoir car elle passe dans les rangs en les ôtant tous, qui un chapeau de paille, qui un bob. Lorsque elle le fait d'un voile, la nana s'arc-boute à son morceau de chiffon et se met à gueuler comme si on l'écorchait vive. Ça dégénère et les spectateurs s'éparpillent.
        En vrac des rues pavées de vieux cœur de ville, la mer pas loin, mon errance dans les rues, des couleurs, une voiture, celle de mon père, que j'encastre mollement dans un mur de magasin de bijoux fantaisie parce que les freins ont lâché, un amour soudain et platonique pour une gamine ... plus tard, dans la foule, elle apparaîtra virtuellement sous la forme d'un masque avec une photo de son visage posé sur chaque visage.

     
    *

     

        À la boulangerie, toujours des anecdotes, en particulier, ce jour, mon agacement quand ce vieil arabe lance par deux fois, au cas peut-être où l'on n'aurait pas bien entendu, un "sale a mal écoum" à la cantonade ... dans une boulangerie française quoi ! Je l'aurais baffé !  Essayer de dire bonjour en polonais si ça se représente ... j'avoue que là, je n'en ai pas eu la présence d'esprit ... sinon, que faire d'autre, lui rentrer dans le ... lard ? !

     

    *

     
       Quand je suis passée par chez moi entre les deux cours, IL avait déposé sur la table un bouquet qui m'a surprise et tellement touchée !

     

    KroniK 62 (2023-semaine7)

     

    *

     

        Je déteste le mensonge. Que, j'avoue, je tolère par omission quand il permet un confort psychologique et ne lèse personne. C'est peut-être pour ça que j'hésitais à regarder la série "Mytho" (à la place de "mythonner", utilisé depuis quelques années, j'ai longtemps entendu "mitonner", comme si on marinait dans le mensonge), C'est avec Marina Hands, une comédienne que j'aime beaucoup (si vous avez l'heur de la voir dans "L'amant de Lady Chatterley", je vous conseille de le faire, je l'y trouve remarquable). J'ai quand même tenté le truc, et en fait ce n'est pas ça qui m'a dérangée, mais tout suite, le quota obligatoire minoritaire, car on y voit un garçon qui veut être une fille, et se comporte comme ce qu' "on" considère comme tel dans ces cas-là : cheveux longs, voix flûtée, amour de la mode, robes et que sais-je encore. À voir les productions de fiction, il semble qu'aujourd'hui la moitié de la population soit transgenre, et l'autre constituée de couples métis ou homosexuels, tant masculins que féminins ; ce guignolage me gonfle au plus haut point. Et dessert la cause juste de la liberté de chacun, qui n'a pas besoin d'être constamment imposée comme une idéologie.


    *

         Au cours de la journée, et le soir, mon humeur irascible est devenue enjouée, parce que les deux cours de théâtre ont été une véritable grâce. Des moments sombres ou lumineux, on ne sait jamais lesquels prévaudront, il faut toujours s'attendre à l'inattendu, et aux brises et bises changeant tour à tour.

     

    Vendredi 17 février
     
        J'ai rêvé de la famille : mon oncle, deux de ses enfants, mon cousin G, ma cousine B. au milieu d'un brouhaha un peu négatif, entrent dans une vaste pièce pleine de monde et me cherchent, je ne sais pourquoi.

     

        Le soir, le téléphone sonne, c'est mon cousin G., qui ne m'appelle jamais. Il m'apprend que sa mère, ma tante Suzanne, dont je parlais ici, est en train de mourir. Encore un dernier rendez-vous raté.

     

    Samedi 18 février 

        Rêves rêves RÊVES. Présences obsédantes. Un inconnu, nommé Mario, m'apprend que je plais beaucoup à Charles Trenet, je ne comprends pas en quoi ! Et puis, je ne suis pas un garçon. Cette nouvelle me met en rage contre moi-même, parce que je voudrais qu'on ne m'admire que pour une raison, parce que j'aurais écrit ... et pas seulement des articles ou un bouquin pro, comme ce fut le cas, mais "un vrai", un roman. Et publié ... La publication, c'est une chose, mais pour l'écriture, canalisée, "faite", je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.

        Après avoir écrit ça, les mots débordent de moi comme une eau que je dois circonvenir avant de faire autre chose, je me pose devant la télé avec mon plateau de petit-déjeuner; J'ouvre. Et j'entends Charles Trenet chanter "Y'a d'la joie".

     

     

      (Oui, j'aime les paroles des chansons de Trenet, mais jamais son interprétation)

     

        Hier, j'ai commandé un petit ouvrage à ma librairie de quartier ! Un privilège, la seule de la ville, quel dommage que, du couple de libraires, bien que compétent, on devine la préférence idéologique, et qu'il ne rie apparemment que quand il se pince ! (en plus, l'homme, quand il est là, mâchouille sans cesse un petit bout de bois, ça m'exaspère !) ... c'est fou le nombre d'expressions françaises imagées et par anti-phrases qui existent ! Le livre concerne les rêves : je sais bien que dans ce domaine il y à boire et à manger (expression commune !) mais j'ai vu à la télé la femme qui l'a écrit et la façon dont elle évoquait le sujet, prudente, raisonnable, elle a éveillé ma curiosité. Et le livre coûte huit euros, ça va ... On verra dans quelques jours ce que cette lecture apporte éventuellement à ma quête du songe expliqué pour les nuls !

     

    Dimanche 19 février 

         Des points lumineux se baladent comme autour de mes yeux, dans mon champ visuel, alors que je prépare le café ... je connais bien le phénomène : prémices de migraine ophtalmique. Troisième fois en quatre jours. Heureusement, aujourd'hui, rien ne se déclenche vraiment, et le demi-arc de petits créneaux de lumière disparaît d'un coup, ce départ soudain est aussi incompréhensible que l'immédiateté du phénomène quand il me tombe dessus, mais ouf !

     

    *

       Ma tante est morte : G. vient de me l'apprendre. Je suis triste même si, comme à chaque fois pour quelqu'un de proche sans être à proximité, je ne sais sur qui, sur quoi je pleure : elle ? moi ? un sentiment curieux d'abandon ? des présences ? des souvenirs qui immédiatement s'épanchent en même temps que les larmes ? en un mot la vie ?

      *

     

        Un livre imaginé pourrait commencer ainsi :
    "Je me souviens de tout.
    Premier mensonge.
    Je me souviens de tant de choses, eu égard au peu de choses que se rappellent tant de gens.
    Leur enfance.
    Leurs émotions passées. Leurs lueurs et leurs absences. Leurs golfes de rires ou de larmes."

     

    *

     

        On est allé à Gentilly voir l'expo d'Ergy Landau, une photographe. Déambulant dans la proche banlieue, je m'aperçois que casanière comme je suis, je connais bien peu de ma "région", ses paysages, ses boulevards et ses volumes ...

     

    KroniK 62 (2023-semaine7)

     (Femme à l'éventail de plumes, Budapest, années 20)

       

        Dehors, il y avait ces sculptures à forme de plumes, aussi ; rien à voir avec l'artiste mais le parallèle m'a fait sourire.

     

    KroniK 62 (2023-semaine7)

     

    *

     

        Toute la journée je me suis dit que j'étais en répit de la cérémonie à venir. Demain est un autre jour.

     

     

    KroniK 62 (2023-semaine7)

    (d' après une photo d'Ergy Landau, "Sans titre. Sans date")

     

    « La curiositéInterlude »

  • Commentaires

    1
    Lundi 20 Février 2023 à 07:29

    souvenirs, rêves, compréhension de tout cela ...

    des souvenirs j'en ai plein qui parfois me prennent à rêver du temps d'avant ...mais il est passé et je tente d'aller de l'avant ... tant que la vie l'emporte sur la mort je vais !

    amitié .

      • Lundi 20 Février 2023 à 12:51

        Tu vas toujours de l'avant, c'est ta force, ta force vive !
        Merci.
        Amitié.

    2
    Lundi 20 Février 2023 à 09:09

    Plus    ça    va,   et    plus    je   m'    attache  à   tout   ce    qui   a   fait    la  France   de    ma   jeunesse,  et   tu     comprends    dès  lors    l'   importance    du     rêve !

     Parce    que    lorsqu' on   est     confronté    à    la  réalité    du    grand     remplacement   nié !!!

    j'    ai    appris    un    nouveau    mot "  Kakemphaton "  et    ce    à    propos     de  Corneille,    toi   qui   aime    le  théâtre !!

    Hier   sur    "  Public  sénat "    il    y   avait    un  reportage    sur   Staline,   un    dictateur  applaudi    par   d'    autres    dirigeants,   comme   Churchill,  et      je    me    suis    dit,     mais   quyand    même,    il   ne   pouvait    agir    seul,     et    pas   un   Ravaillac   à   l'  horizon !

     Passe   une    bonne    semaine

     Amitié

      • Lundi 20 Février 2023 à 12:56

        Oui, je comprends !
        Moi non plus je en connaissais pas le nom de cette manifestation orale (certes tout ce qui commence par caco, c'est "mauvais" mais le terme m'a jusque là été inconnu : merci pour la découverte.
        C'est l'acceptation des petits qui permet la dictature des grands, avec plein de guillemets  en plus de mes italiques.
        Merci.
        Bonne semaine à toi aussi.

         

         

    3
    Lundi 20 Février 2023 à 09:29

    BonJour Nikole,

    "Les guignolades", c'est tout à fait ça !

    Et quant à C.Trenet, j'aime quand c'est Brassens qui chante ses chansons.

    Etincelles dans les yeux, je réduis mes phases ordi.

     

      • Lundi 20 Février 2023 à 12:58

        Ben oui, le ridicule n'a plus de limites, et en plus je crains qu'il ne devienne de plus en plus dangereux.
        Mouais, moi j'ai du mal aussi avec Brassens, quand il chante ...
        Des étincelles, pas douloureuses j'espère.
        Merci.

    4
    Lundi 20 Février 2023 à 15:47

    Il m'arrive même de rêver éveillée quand mes pensées divaguent 

    Merci à toi pour ce carnet de bord 

    Bonne journée :)

     

      • Lundi 20 Février 2023 à 18:00

        Tu es forte ! ... moi ça m'arrive entre deux sommeils mais vraiment éveillée, non ... enfin, de manière figurée.
        Merci à toi.
        Bonne fin de journée.

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    5
    Lundi 20 Février 2023 à 19:26

    Je ne rêve plus en ce moment ou tout au moins,je ne m'en rappelle plus...

    Je viens de me fâcher 2 X en peu de temps: contre une blogueuse qui se permettait de faire un article plein de haine sur Palmade  et qui râlait contre la justice  déjà trop laxiste d'après elle et ce matin, contre une employée qui jetait de la nourriture  en vrac dans un congélateur  "prix bas". Je n'ai pas pu m'empêcher de lui demander de respecter les différents paquets, après, on accuse le client de tout déranger.

    Bonne soirée!

    Bises de Mireille du sablon

      • Lundi 20 Février 2023 à 23:01

        Chacun ses colères. De mon côté, elles se multiplient au quotidien.
        Merci.
        Bonne nuit.
        Bises.

    6
    Mardi 21 Février 2023 à 16:58
    zalandeau

    Songes d'une nuit d'hiver...

      • Mardi 21 Février 2023 à 18:14

        ;-) ...
        Merci.

    7
    Mardi 21 Février 2023 à 18:40

    "À voir les productions de fiction, il semble qu'aujourd'hui que la moitié de la population soit transgenre, et l'autre constituée de couples métis ou homosexuels, tant masculins que féminins ; ce guignolage me gonfle au plus haut point. Et dessert la cause juste de la liberté de chacun, qui n'a pas besoin d'être constamment imposée comme une idéologie."

    ah ! je suis ravie de lire ça ! Je pense la même chose !

    J'admire chez toi la facilité à raconter tes rêves d'une façon claire. Moi, je me souviens rarement des miens, et même quand je me souviens, je ne sais pas les raconter...

     

      • Mardi 21 Février 2023 à 18:59

        Ravie de ce partage de pensées ...
        En fait, mes rêves sont plus confus que ce que j'en raconte, mais je parviens souvent à en dégager un fil assez clair, ou alors peut-être que des mots importants s'en dégagent directement, je ne sais pas.
        Merci.

    8
    Mercredi 22 Février 2023 à 10:50

    Démêler ses rêves. Faut-il ? Expression de notre inconscient, il peuvent, dit-on, nous gratifier, mais aussi nous révéler des côtés moins sympathiques de notre personnalité profonde. Les rêvasseries du matin me semblent plus anodines (quoique), mémoire de soucis plus quotidiens. Je pense.  

      • Mercredi 22 Février 2023 à 11:18

        Moi j'aimerais bien en connaître la signification profonde, dussent-ils m'en révéler mon côté sombre.
        Merci.

    9
    Mercredi 22 Février 2023 à 11:48
    daniel

    La vie avec ses hauts et ses bas et des instants de bonheur.......

      • Mercredi 22 Février 2023 à 12:12

        C'est ça.
        Merci.

    10
    Mercredi 22 Février 2023 à 17:24
    Une belle expo chez Doisneau, ton autoportrait va bien avec le type d'expériences photographiques à la mode de ces années. J'aime beaucoup ta photo de brouillard, où on devine des animations dans le fond, il y a de la vie dans la brume ;-)
      • Mercredi 22 Février 2023 à 23:03

        Merci pour ce commentaire original et bienveillant.
        Bonne nuit !

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