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                        Dare-dare

     

    Propos de Salon

     

    L'essentiel étant de participer, dit-on, j'y participe... Salon annuel municipal d'art où quelque trois cents amateurs férus de peinture, de sculpture, de gravure et de photographie, apportent qui son mastodonte de métal, qui sa croûte enchantée. Deux cents échappent à l'humiliation de se voir rejeter l'œuvre chérie, et viennent recueillir le précieux verdict, et accessoirement une coupe de mauvais crémant, histoire de n'être pas venus seulement se faire piétiner au milieu des veaux, vaches, cochons et couvée traînés par les proches des artistes et les sommités de la mairie. 
    Cette année, encore plus que d'hab, je (nous ... merci JL pour toute l'aide technique et logistique, et ta participation) m'y suis prise au dernier moment, ai pioché dans mes stocks et fait tirer vite vite une image que j'aime bien.

     

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    Véritable docu sociologique que celui des gens présents à cette manifestation (moi y compris). Grimace en arrivant juste à l'heure prévue et en constatant un flux humain par endroits comme une tempête sourde, quête de l'endroit qui a été choisi, bien, mal, pour montrer l'épreuve de votre génie (je me souviens de ma déception la première fois, quand ma photo, déjà pas bien grande, et peu contrastée, avait été placée en hauteur), observation (de ma part) des attitudes (ah l'ego de l'artiste qui reste planté à côté de sa production et qui intervient : Vous aimez ? Ah ben ça me fait plaisir parce que c'est de moi ! Pitoyable !) Prise d'air comme après étouffement, et re-plongée, histoire de voir quelques trucs. Ruser pour se mettre là où il y a un passage. Pour voir ça ? Ah, non ! Bon, c'est vrai, j'exagère, il y eut des moments de répit, quelques sentiers déserts quelques secondes, où je me faufilai alors. Et puis un grand retard, d'au moins une demi-heure, ce qui fait que j'ai quand même pu, de ci de là, cahin-caha, cheminer, trottiner, et capt(ur)er quelques images... il eût fallu plus de temps et d'espace pour le faire plus et mieux mais cette volée me suffira (et vous aussi j'espère) car je n'aurai sans doute pas l'heur d'y retourner, quoique...

    Chaque année, il y a un.e invité.e-phare, ce qui est en l'occurrence le cas de le dire de cette Malouine, "peintre officielle de la Marine" (Marie Détrée-Hourrière). J'aime les bords de mer industriels -graphiquement-, les appareillages portuaires toussa toussa. J'ai plutôt bien aimé son style de peinture, dont voici un échantillon :

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    Si je veux schématiser à la serpette, il y a selon moi l'art de la main, et celui de l'œil : si la photo relève de ce dernier, les autres arts présentés ici relèvent du premier. Voici les coups de main qui ont attiré mon œil :

            La ligne graphique de très beaux nus (à gauche, de Florence Desserin, à droite de Rini Fehri).   

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      Des techniques délicates : aquarelle (Vincent Duboëlle), crayons (Jeanne-Marie Veron) :

       

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    Il y avait aussi cette drôle de jolie chose (de Cho Nan-  Young ; titre : Regard) : peinture acrylique, avec des fils et des cheveux intégrés dans la toile ; ça ne manquait pas de charme ...

     

     

     

    Du mystère intéressant, j'en vis dans un tableau (Marie-Pierre Didrich, Voyage au bout de la nuit) qui me rappela l'univers de Delvaux :

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    Les représentations de Venise m'intriguent toujours ; j'ai accroché avec celle-ci (de Marcel Lecluse, nom qui me fit sourire).

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     C'était le secteur aquatique, on aurait dit ... j'y ai rencontré une sorte de Micheline Jackson ...

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    La main-la technique, certes, c'est un atout loin d'être négligeable en photo, mais outre le fait qu'on peut rattraper des manquements au traitement quand on n'a pas su ou eu le temps de faire en amont, la photographie, pour moi, reste ce moment où le regard a saisi le moment ; la photo est un contact avec l'œil, et un réflexe de rapidité : clic de l'œil, clac de l'appareil, si possible en fluidité, en discrétion, dans un mouvement (presque) naturel, œil de métal au bout de la main...

     

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     Cette huile, puisqu'il s'agit ici d'un tableau (Annie Pernel, Désertion Montana) pourrait presque en être une, de photo, de ces photos de grands espaces états-uniens où sont englués ça et là au fil de routes qui n'en finissent pas et de sols arides qui s'étendent si loin, motels et cafés qui nous (me) font rêver via ce qu'on a vu dans les films, entendu dans les chansons ou lu dans les livres ... et surtout ce qu'on s'en est imaginé dans nos (ma) tête(s). La Route 66 -et les autres- m'auront toujours fait rêver...

     

     

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    ... Cuba (photo, cette fois -de D.Djebbour-) aussi. Aussi loin de moi que me paraisse ce pays, curieusement, il m'attire ... probablement le syndrome "Buena Vista Social Club"... voire !

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    Si c'était moi qui avais décerné le prix photo, c'est cette photographie/collage (de Magali Tisserand, C'était un 8 mars à Paris) qui aurait été mis en vedette, parce que c'est ce que j'ai préféré. J'aime beaucoup ce type de création.

     Propos de SalonNon, c'est cette photo, à gauche, Bercy (Françoise Martin), qui a remporté les suffrages. Et si elle est miniature sur ce billet, c'est dans un souci d'équilibre de la page (n'oubliez pas que vous pouvez toujours voir les images dans un plus grand format en cliquant dessus.) D'autant que, j'avoue, je l'ai tronquée, cette photo : elle était encore plus grande verticalement, mais les reliefs de scories des loupiotes de la salle l'enlaidissaient, alors j'ai coupé le ciel ... j'ai coupé le ciel, c'est rigolo comme formule ! de presqu'autant qu'il est là ... eh ben vous savez quoi ? C'est peut-être un sacrilège mais au final je la préfère ainsi, cette photographie ; elle accentue pour moi le décalage ombre qui marche/espace codifié et personnages en liberté/ciel fermé ... enfin quelque chose, pour moi, de cet ordre. Je la trouve belle, aussi, cette photo gagnante.

     

     

    De tout cela, je ne veux garder en images finales que celle de cette gamine (une variante ce jour sur l'autre site journalier), comme d'un autre âge, que sans doute on traîna là, derrière sa cage de verre comme un miroir sans tain, à l'abri dehors, et dont on ne devine pas les pensées devant cette agitation humaine autour de tant d'images fixes.

     

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    Et puis ce bateau qui m'en rappelle un autre dont je regardais chaque jour l'image au-dessus des cartes de géographie, dans une des classes de l'école communale, un bateau que j'ai cherché chez bien des peintres, et que je n'ai jamais retrouvé. Il était bleu foncé, échoué et pourtant il m'emportait loin, chaque fois. Ce tableau-là (de Jean Gorin, Solitude) est gris et c'est la couleur des souvenirs. Mais pour moi ce n'est pas la couleur de la tristesse, non, c'est celle du flou, du passé, des sentiments. La couleur du parfois, la couleur du pourquoi. Et me revient aussi, cette chanson-là. Les souvenirs sont tellement à notre image à nous que quand bien même je le retrouverais, là, sur une toile, devant moi, ce bateau de ma mémoire, est-ce que je le reconnaîtrais?

     


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