• Film d'auteur

    Prémices

     

    Se faire des films

     

     

     

    Au milieu du monde. Exactement. Au centre du silence, voilà où il était. Cette phrase d'ailleurs, le milieu du monde, lui évoquait un titre de film dont il ne se rappelait pas un traitre mot, mais une image -une seule- celle d'un visage de femme aux cheveux longs, debout sur une terre continentale déserte, et dont la mimique dans son souvenir, était celle d'une triste perplexité.

    Il était parti sans prévenir, et avec le bagage minimum, un bagage semainier en quelque sorte : sept sous-vêtements, sept polos, deux jeans, brosse à dents-pâte dentifrice, savon, mais pas de rasoir -il se laisserait exceptionnellement pousser la barbe-, quatre grands cahiers à grands carreaux, un paquet de stylos fluides.

    Ça l'avait saisi d'un coup, et il comprit ce qui se passait dans la tête de ceux qui faisaient comme lui. Fuir là-bas fuir. Là-bas ? Pas besoin. L'ailleurs, c'est bien connu, commence au coin de la rue. Non, il suffisait de s'éloigner à peine, de gagner une ville proche,  de moyenne importance, et d'y déposer pour un temps son abandon de la vie trépidante, tropidante, trop speedante. D'être -enfin !- seul avec soi, en égoïste qu'il n'osait pas être dans la proximité obligée des êtres et des jours ... mais comme le solitaire qu'il était au fond de lui.

    La chambre de l'hôtel était propice à ce qu'il cherchait, propre, claire, mais donnant sur la cour : gage de silence ; petite -presque monacale-, isolée : promesse de concentration ; conditions idéales. Les prétextes d'immobilité étaient tombés les uns après les autres. Il n'avait plus qu'une chose à faire : l'écrire, ce foutu roman !

     

     

    Photo et texte : Le Krop

    « Reportage contractuel ...Là-bas »

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  • Commentaires

    1
    Lundi 17 Juillet 2017 à 07:32

    Un beau texte ! Mais si tu y tiens, je te signalerai une faute que les éditeurs à qui je me suis frotté m'ont recommandé d'éviter.

      • Mardi 18 Juillet 2017 à 12:39

        Merci. Mais oui, dis voir, je suis curieuse de te lire !

    2
    Lundi 17 Juillet 2017 à 08:36
    julie

    Des prémices prometteuses d'un f(o)utur roman... bravo La Krop ;)

    Bonne semaine Nikole.

      • Mardi 18 Juillet 2017 à 12:38

        Jeu de mots-valise rigolo. Et merci♥ Julie !

    3
    Lundi 17 Juillet 2017 à 08:46

    On a tous un roman en nous !

      • Mardi 18 Juillet 2017 à 12:38

        En nous, je veux bien te/le croire.

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    4
    Lundi 17 Juillet 2017 à 17:49

    Lisant ton texte, je me disais "Tiens, voilà un excellent début pour quelque chose qui serait une nouvelle ou un roman".  Je n'étais pas encore tombé sur la chute de ton texte. Mais, je n'en pense pas moins,. Alors, au boulot, ma belle !

      • Mardi 18 Juillet 2017 à 12:37

        Merci♥...

    5
    Mardi 18 Juillet 2017 à 18:58

    On attend la suite, les 4 cahiers remplis !
    Et ta photo en couverture du roman, elle est bien cette graphique passerelle de la BNF (?), tournage d'un épisode de "Boulevard du Palais" peut-être ?

      • Mardi 18 Juillet 2017 à 22:54

        :-) Je crains que tu n'attendes longtemps...
        Oui, Bnf ... et je pense comme toi que peut-être c'est "Boulevard du palais" : tant d'épisodes ont une séquence qui a lieu à cet endroit !

    6
    Mardi 18 Juillet 2017 à 22:35

    Nikole, il s'agit d'une faute informelle que les éditeurs notent. A chaque fois que j'ai eu un livre publié, on m'a signalé des trucs semblables. Il s'agit d'une répétition, dans la même phrase, de deux mots ayant des sonorités  voisines.


    Donc. dernier paragraphe, première phrase : Propice, Propre. Un éditeur te demanderait de trouver un synonyme pour un des mots.

      • Mardi 18 Juillet 2017 à 22:52

        Ah ok, merci ! En principe je fais attention à ce genre de choses (sauf les cas où on peut le faire exprès par jeu) mais là ça m'avait échappé !

    7
    Samedi 29 Juillet 2017 à 21:45

    On dirait que cet individu que tu évoques ne t'es pas inconnu et surtout pas étranger. j'apprécie la description de ce départ, de cette chambre d'hôtel : j'y suis. Chapeau, tu as su rendre quelque chose de très ponctuel en peu de mots, en phrases sans fioritures, en instants dégagés de leur gangue où ils semblaient comme emprisonnés.

      • Samedi 29 Juillet 2017 à 21:58

        Comme cela est bellement dit ; je suis moi aussi admirative. Merci♥.

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