• Avant *

     AVEC LE TEMPS (20)

                           ar©hives du Krop

     * c'est toujours différent

     

    Il y a quelque temps, ici et , j'ai évoqué l'atmosphère des classes d'antan, en tout cas les miennes, dans les années soixante. J'ai lu il y a peu un livre dont quelques lignes font allusion à cette souveraineté du corps enseignant, - et plutôt, dans le texte, du savoir à la mode ancienne - et à la passivité, pour ne pas dire la soumission, des écoliers d'alors, en tout cas ceux que j'ai cotoyés ; je vous en retranscris quelques lignes ici :

    Oreilles et museau plongés dans le porte-voix, le chien, assis, fasciné par l'écoute, ne bouge. Sages comme des images depuis l'âge tendre, nous commencions, enfants, une carrière longue de corps sur leur séant, immobiles, en silence et en rangs. Notre nom de jadis, le voici : Petits Transis. Les poches vides, nous obéissions, non seulement soumis aux maîtres, mais surtout au savoir, auquel les maîtres eux-mêmes, humblement, se soumettaient. Eux et nous le considérions comme souverain et magistral. Nul n'aurait osé rédiger un traité d'obéissance volontaire au savoir. Certains se trouvaient même terrorisés par lui, empêchés ainsi d'apprendre. Pas sots, mais épouvantés. Il faut tenter de saisir ce paradoxe : pour ne pas comprendre le savoir et le refuser, alors qu'il se voulait reçu et compris, il fallait bien qu'il terrifiât. (Michel Serres, Petite Poucette, 2013). 

    Je cite, mais je ne suis pas polémique. Comme je l'ai dit déjà, j'aimais l'école. Et nous ne connaissions que ce modèle-là ; imaginions-nous, d'ailleurs, que l'école, le monde adulte, pouvaient se présenter autrement qu'autoritaires ? Dans quelle mesure, dans l'esprit des plus "confiants" d'entre nous (les "rebelles" étaient considérés comme tels quand ils étaient "cancres", je ne dis pas que c'est mieux, mais ça change la donne, même si ça abîme autant) ce trait ne s'est pas imprimé assez profondément en eux pour en faire de la chair à travailler obéissant à la hiérachie ? Une fois de plus j'ai l'air de critiquer, ce qui n'est pas le cas. La méthode a été un peu raide, mais c'est bien la "rigueur", en l'occurrence, qui fait que quand nous entrions en sixième, nous savions bien lire, écrire avec une bonne orthographe, et compter sans calculette.

     


    Alice Cooper, School's out

     


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