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       Quelque chose a changé

     

     

    MelancholiaQuelque chose comme une griffure opaque. Le sentiment de ne voir plus qu'a travers un rideau épais. Celui du doute aux jours les plus fastes. Celui de la désespérance aux jours les plus noirs. Un coup du soleil qui assomme ? Des années qui rongent le corps et saturent le cerveau ? Le refus de plus en plus appuyé, lourd, du monde tel qu'il est ? Servile. Asservi. Laid. Malade. Étouffant. Quand certains souffrent de la solitude dans leur âme, la souffrance récurrente de ne pouvoir être seule, apaisée, dans un endroit silencieux, loin de tout. Loin de tous. Bien sûr qu'il y a les zébrures de lueurs, de sourires, de mains tendues. Pourquoi, parfois, cela ne suffit-il pas ? Pourquoi cette sensation de chute qui jamais ne cessera. Et pourquoi cette impudeur triste dans une vie privilégiée ? Privilégiée, oui, de voir les injustices du monde, si enlaidi dans ses formes et dans ses fonds -abîmes- de son fauteuil, de se sentir engluée dans ses contradictions, de se voir, dédoublée, illogique, fatiguée, critique, désabusée trop souvent, et assez animée pour se plaindre mais trop statique pour faire quelque chose. Et même malgré ces fulgurances réclamées, les visions de beauté rêvée, d'humains à aimer, à être aimée aussi, le déni, asseoir la beauté sur ses genoux, et la trouver amère, et l'injurier, parce que cette sensation écrasante que tout est foutu, irrémédiablement. La vie de la terre. Et sa vie à soi. N'avoir même plus le courage de la vraie colère, vive, mais qui peut soulever. Non, juste le rictus de dégoût au coin des lèvres. Ce sentiment indigne, vous savez, qui précède celui de la résignation. Et qui se loge, là, au centre de votre plexus solaire. Soleil noir.

     

     


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